Derrière la magnifique façade de l’Hôtel d’Arras (1633), en plein cœur de l’établissement, poussez une porte, puis deux, et voilà que se dévoile l’imposant escalier de pierre s’engouffrant sous terre. Au bout d’un tunnel, une grande salle. C’est là. Il s’agit d’une casemate, un abri défensif du XVe siècle. A cette époque, il se trouvait en plein air et permettait aux soldats de surveiller l’imposante muraille de Rouen dont une partie est visible sous le collège. Mais avec le temps, les douves se sont comblées et la casemate s’est retrouvée sous terre, six mètres sous le boulevard de la Marne. L’eau, d’une source proche, l’a ensuite noyée. Il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour qu’elle soit vidée et 1926 pour que soit installée une pompe électrique permanente. Aujourd’hui, les glou-glous rappellent qu’un petit ruisseau traverse encore l’abri et le couloir qui y mène. Dans cette source vit d’ailleurs un animal étrange : la Niphargus, microscopique crevette blanche et aveugle, nourrie au bois pourri.
Tout cela, c’est Annie Chabrerie, l’intendante de Barbey d’Aurevilly, qui nous l’apprend, lampe torche en main. Notre guide d’un jour connaît le lieu comme sa poche. Et pour cause : elle a vu le jour dans le collège, autrefois lycée Jeanne d’Arc, où sa mère travaillait et vivait. Elle en connaît tous les secrets. Lors de sa restauration, dans les années 1990, elle a exhumé des dizaines de poteries gallo-romaines et des boulets du Moyen-Age.
Dans quelques semaines, pourtant, elle devra rendre les clés de ce qui a été, pour elle, sa maison. L’heure de la retraite aura sonné. Les trésors de Barbey d’Aurevilly perdront sûrement leur plus grande défenseuse.
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