Le pari est un peu fou. "L'école en bateau", est un projet d'envergure lancé par le Campus des Transitions, antenne caennaise de Sciences Po Rennes. Pour fêter ses dix ans d'existence, l'école a eu l'idée d'emmener une promotion entière, soit 40 élèves, ainsi que les professeurs et le personnel administratif, à Samsø, une île danoise. Mais c'est surtout la manière qui est originale. Tous doivent se retrouver au Danemark en empruntant un moyen de mobilité doux.
Et quoi de mieux que le bateau pour réduire son empreinte carbone ? Samedi 22 octobre, huit étudiants embarqueront à bord de l'Aztec Lady, un voilier long de 21 mètres habitué à naviguer dans les eaux arctiques ou en Europe du Nord. Le skipper Ernesto Izzo ambitionne neuf jours de trajet à l'aller, et douze au retour, en fonction des courants et de la météo. "Ce sera de la navigation participative, explique-t-il. Les étudiants sont tous novices mais on va les former. Il faudra aussi apprendre à bien vivre en communauté." De quoi faire un peu peur à Flora Kaufman-Courtas, étudiante qui "apprécie ses moments seule". D'ailleurs, elle n'est pas rassurée non plus par un éventuel mal de mer, et s'est déjà fait prescrire des patchs pour adoucir son trajet.
Niveau intimité, on a fait mieux.
Sur le bateau, les étudiants auront tous des projets à impact à réaliser. François Savaton fera par exemple des prélèvements de l'eau pour en étudier sa composition, Mathilde Bourdon expérimentera certaines low-tech à bord. En opposition avec le high-tech, ce sont des techniques simples, accessibles et utiles. Romane Boissay et Flora Kaufman-Courtas réaliseront du mobilier ou des œuvres d'art à partir de déchets récoltés en mer. "J'espère ne pas trouver trop de déchets quand même, souffle cette dernière. D'ailleurs on m'a dit de faire attention à ce que l'on pêche, surtout dans les eaux normandes car il y a encore des bombes datant de la Seconde Guerre mondiale !" D'autres étudiants auront aussi des missions plus artistiques. Tanguy Le Borgne réalisera un journal de bord en croquis et Sophie Le Deley se penchera sur la musique et les chants marins.
Il faudra cuisiner ici pour la douzaine de bouches à nourrir.
Les missions confiées aux étudiants
La Grande Boucle
Et quand certains navigueront sur la mer Baltique, pour le meilleur et pour le pire, d'autres se lanceront dans un Tour de France revisité. Jean Pechereau et quelques camarades rejoindront Samsø en pédalant. Pour ne pas s'infliger un rythme digne de professionnels, ils feront étape à Lille et prendront le bus jusqu'à Brême. De quoi faire 900 kilomètres sur la selle, tout de même ! "On considère le trajet comme aller d'un point A à un point B, on ne prend même plus le temps de profiter", explique-t-il. Son trajet est aussi un hommage au Tour de France, qui s'était élancé de Copenhague au Danemark cette année et avait été remporté par Jonas Vingegaard, coureur danois, vous l'aurez deviné.
Mais au fait, pourquoi aller à Samsø en particulier ? Car c'est une ville qui a entrepris une transition écologique et citoyenne exceptionnelle. "C'est une sorte de laboratoire de la transmission. L'agriculture est bio, l'énergie est renouvelable, avec un important parc éolien offshore notamment", explique Nicolas Escach, directeur du Campus des Transitions. Tâche maintenant aux 40 étudiants faisant partie du voyage de revenir dans quelques semaines avec une multitude d'idées pour nous emmener vers un mode de vie plus responsable. Mais aussi de revenir avec des souvenirs plein la tête.
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