"Pas sans nous." C'est en substance le message que délivre Fatima El Khili, adjointe au maire de Rouen en charge de l'urbanisme, aux constructeurs et aux promoteurs pour les projets qui pourraient voir le jour à Rouen et dans la Métropole. La fin d'une sorte de "libéralisme", selon l'élue écologiste, qui tient à ce que chaque projet structurant soit conduit avec la collectivité. "Ce qui s'impose, c'est l'adaptation du territoire au réchauffement climatique", poursuit-elle avec, en grands principes, de lutter contre les îlots de chaleur et d'atteindre zéro artificialisation nette des sols. Le foncier se gère donc avec parcimonie.
Un foncier de plus en plus rare
Et il devient même compliqué à trouver sur la rive droite de Rouen, à l'exception de quelques projets à la marge ou de grands chantiers déjà existants, comme Luciline (lire par ailleurs). "Le législateur nous pousse à ne plus consommer de terres vierges, donc il faut densifier les centres urbains", décrit Guillaume Basile, président de l'Observatoire du logement neuf en Normandie (Olonn). Mais les promoteurs se confrontent alors à des problèmes d'acceptabilité de la population, pas toujours prête à voir un immeuble de logements collectifs pousser à côté de chez elle. Les demandes de recours sont fréquentes et ralentissent les projets. Certaines zones ont même été gelées, comme le quartier Pasteur à l'ouest de Rouen, le temps de penser de manière globale l'urbanisation de la zone. "C'était devenu incontrôlé avec seulement 2 % d'espaces verts quand il en faudrait 40 à 45 % pour une ville durable", justifie Fatima El Khili. L'écologiste s'attache donc à échanger avec les promoteurs et constructeurs. "Chacun est prêt à faire des efforts du moment qu'ils ont tous la même règle du jeu", développe-t-elle. Une charte, construite en commun, est d'ailleurs en cours d'écriture pour détailler les bonnes pratiques au-delà de ce que propose le Plan local d'urbanisme intercommunal ou le programme local de l'habitat. "Il y a un changement de méthode, note l'élue. Maintenant, les promoteurs savent et viennent souvent nous montrer leur projet, que l'on peut retravailler."
"On construit des logements neufs parce qu'il y a des besoins", rappelle de son côté Guillaume Basile, pressé de reconstituer des stocks. Une remarque que Fatima El Khili invite à tempérer. "Il faut aussi travailler sur l'ancien, sur la restauration et sur les bâtiments en friches. Les opérateurs doivent raisonner autrement", insiste-t-elle. Selon, elle, il y a 17 % de vacance des logements à Rouen, essentiellement sur de la petite surface.
Ls grands projets à venir dans l'agglo de Rouen
• Le quartier Flaubert, la locomotive
Déjà bien avancé, le projet l'Éveil de Flaubert, avenue Jean-Rondeaux doit fournir à terme 400 logements. - Az architecture
Il est certainement le plus important, le plus visible, le plus structurant et le plus médiatique des projets d'aménagement en cours dans la Métropole de Rouen. Sur la rive gauche, en bord de Seine, le quartier Flaubert sort petit à petit de terre. Certains des marqueurs qui le composent, en bord de Seine direct, sont d'ailleurs déjà là : le 108, nouveau siège de la Métropole, le 107 avec ses restaurants et ses bureaux, le 106 et sa salle de concert ou encore le 105, hôtel, restaurants et commerces, qui voit le jour petit à petit. Le quartier comptera à terme 2 500 à 2 700 logements et 250 000 m2 de bureau pour 15 000 à 20 000 usagers et habitants. Cinq cents de ces logements, 30 000 m2 de bureaux et 10 000 m2 de commerces et de service sont actuellement en construction. Après l'accident de Lubrizol, terrible pour l'image du quartier, sa partie la plus à l'ouest a dû être repensée pour laisser la place à une grande forêt urbaine, sorte de tampon entre le quartier et les activités industrielles qui le bordent. "Les investisseurs restent très intéressés", assure Rouen Normandie aménagement, qui s'occupe de la mise à disposition du foncier. Parmi les projets du moment, l'Éveil de Flaubert, le long de l'avenue Jean-Rondeaux, qui doit, à terme, permettre de livrer 400 logements, dont des logements sociaux d'ici 2025, ou encore Gaïa, cour Camille-Claudel avec 102 logements, 11 000 m2 de bureau et six commerces d'ici 2024.
• Les pépinières, quartier Saint-Clément
Le projet prévoit une grande place pour la verdure. - DR
Le nouveau projet remplace les verre et acier de Rouen habitat. Il doit accueillir des logements en accession et des logements sociaux. Les immeubles de Rouen habitat sont vidés depuis 2018. Un comité de pilotage a été rapidement créé pour associer la Ville de Rouen au nouveau projet, porté par Cogedim et Rouen habitat. Il prévoit la création de 600 logements en accession libre, dont 20 % à coût maîtrisé, et de 175 logements sociaux. "L'idée est d'avoir un quartier très végétal, avec un parc central d'un hectare", précise Fatima El Khili, adjointe en charge de l'urbanisme. La démolition est en cours et les travaux doivent se poursuivre jusqu'en 2027-2028.
• Petit-Quevilly village
La résidence Green Part comporte 42 logements, dont 21 maisons. - Eiffage Immobilier
Ce quartier s'étend le long des rues Jacquard et des Frères-Delattre. Il propose du logement collectif et des maisons individuelles. Les travaux sont toujours en cours dans le quartier. 150 logements ont déjà été livrés. Il y en aura à terme 425, dont 50 maisons individuelles. Le nouveau quartier doit proposer de grands espaces de verdure avec 8 000 m2 de parcs paysagers et un square de 2 000 m2. Parmi les chantiers en cours, celui de la Résidence Green park (illustration) d'Eiffage immobilier, qui propose 42 logements, dont 21 maisons, ou encore celui du Village de Diane, par Edouard Denis, qui propose 69 logements, dont 24 maisons.
• Cléon/Saint-Aubin, Arts Fleurs Feugrais
L'ambition du quartier est de répondre à un enjeu de lien social. - BplusB architecture
Il s'agit d'un projet de réhabilitation complète du quartier. Des logements doivent être détruits, d'autres rénovés, et d'autres construits. Le projet est d'ampleur sur les deux communes et a pour objectif de répondre à un enjeu de lien social tout en créant une nouvelle attractivité résidentielle. La rue de Tourville, colonne vertébrale du projet, doit être entièrement requalifiée pour être sécurisée, comporter des pistes cyclables et être végétalisée. 446 logements vont être démolis, 390 réhabilités et 131 nouveaux construits. Le complexe sportif doit être élargi en parc des sports, incluant le bois. Une aire de jeux de 1 500 m2 pour les 3-11 ans doit y voir le jour.
• Luciline sort toujours de terre
Reflets Luciline II comporte 35 logements et un commerce et doit être livré en 2023. - At'ome
Déjà bien entamées, les constructions de Luciline se poursuivent. Encore 400 logements doivent être livrés ainsi que 25 000 m2 de bureaux. Le quartier Luciline, sur la rive droite de Rouen en bord de Seine, est toujours en cours d'aménagement. Six cents logements et 25 000 m2 de bureaux et de commerces sont déjà prêts. Le quartier comptera à terme 1 000 logements et 50 000 m2 de bureaux et de commerces. Des projets sont en cours à l'est du quartier et à son extrémité nord-ouest, comme Reflets Luciline II (illustration), un immeuble qui doit accueillir 35 logements et un commerce au rez-de-chaussée. La livraison est prévue en 2023.
L'immobilier neuf en chiffres
Le marché de l'immobilier neuf reste très dynamique dans la Métropole Rouen Normandie.
Des ventes en légère baisse
L'immobilier neuf se vend bien sur le territoire de la Métropole Rouen Normandie. Selon l'Observatoire du logement neuf en Normandie (Olonn), 622 ventes nettes ont été réalisées au premier semestre de 2022, un chiffre en baisse de 16 % par rapport au premier semestre de 2021, année exceptionnelle, mais qui reste en hausse par rapport aux années précédentes de référence.
Des prix en hausse
Les prix de l'immobilier neuf continuent de progresser à Rouen et dans toute la métropole, particulièrement entre 2021 et 2022. Ils oscillent entre 2 773 € du mètre carré à Cléon et 6 653 € du mètre carré dans le quartier de la cathédrale à Rouen pour du logement collectif. Le prix moyen de vente dans la métropole est de 3 801 euros du mètre carré, en hausse de 7 % sur un an.
Des achats sur plan
Au premier semestre 2022, toujours selon l'Olonn, 89,83 % du stock de logements neufs disponibles l'étaient uniquement sur plan, 9,85 % en chantier et seulement 0,32 % livré. 1 133 logements neufs étaient disponibles à la vente dans la Métropole Rouen Normandie. Les ventes se font essentiellement à des investisseurs, pour 58 % d'entre elles, le reste à des accédants.
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