Il y a quelques années, Vincent Faudemer, la trentaine, vendait des mini-scooters, dans un petit local tout près du Zénith de Caen. Il a ensuite déménagé son atelier à Douvres-la-Délivrande, où vit sa famille, et c'est là, après avoir fait la promotion des mobylettes new-look et avoir vendu un temps des matelas pour des sites marchands sur Internet, qu'une tout autre histoire a démarré. Celle-là sur les chapeaux de roues.
En un rien de temps, quelques années seulement, elle l'a rendu célèbre : le jeune Caennais s'affiche désormais aux bras des starlettes, fait copain-copain avec quelques grands noms du showbiz très bling-bling et roule carrosse au volant de très belles voitures de luxe. Il partage sa vie entre Dubaï, Doha et… Douvres-la-Délivrande, où il revient de temps en temps entre deux événements et trois expositions, qui font tourner à plein régime sa petite entreprise. Certains l'ont baptisé le "petit prince de l'art contemporain". Son succès s'affiche en grand. Plus rien à voir avec les petites mobylettes et les matelas : Vincent Faudemer vit aujourd'hui dans un autre monde. Ingénieux et débrouillard, il a trouvé le filon !
Son Babar de luxe vendu à Brigitte Macron
Sa recette ? Avoir revisité la fameuse effigie de Babar en transformant le personnage de notre enfance - et de la sienne - en objet luxueux chromé, il en fait des statuettes associées à des grandes marques, baptisées Babolex, contraction de Babar et Rolex. Ça s'appelle avoir du flair : son premier prototype présenté sur les réseaux sociaux a fait mouche avant même d'avoir été fabriqué. En un rien de temps, plein d'exemplaires lui avaient été commandés, dont un, affirme-t-il, par la famille Kardashian en personne. Il en a vendu à toute la jet-set et même, dit-il, à Brigitte Macron. Sur sa page Facebook, on voit le Babolex rutilant photographié dans la cour de l'Élysée !
"Le fisc me réclame 380 000 €"
Très présent sur les réseaux sociaux et branché sur les transactions financières virtuelles autour de l'art contemporain, il a aussi créé un jeu de sept familles autour de son personnage.
Bonne pioche : ça s'est vendu comme des petits pains. Jamais à court d'idées, il vient d'annoncer le lancement d'un parc d'attractions virtuel, une sorte de Disneyland pour les internautes. Comme il l'a fait pour Babar, il songe aussi à commercialiser de nouveaux personnages célèbres, dont il projette d'acquérir les droits d'exploitation.
L'histoire pourrait être belle, si elle ne connaissait pas ces derniers temps un léger raté. Pour ne pas avoir régularisé sa situation fiscale au temps où il vendait des matelas, le jeune golden-boy se retrouve convoqué au tribunal. Le fisc lui réclame, dit-il, 380 000 €. Les faits qui lui sont reprochés, dont certains qualifiés de fraude, courent sur la période de 2014 à 2020.
L'audience programmée mardi dernier devait officialiser la saisie de ses comptes pour le montant réclamé. L'intéressé ne conteste pas la procédure : il nous l'a confirmé de vive voix, depuis Dubaï, où il séjournait. Son avocat, Maître Sibout envisageait de demander un report d'audience. C'est ce qu'il nous a confié quand nous l'avons appelé. Vincent Faudemer ne peut se déplacer à Caen, car il prépare ses "chantiers" en prévision de la Coupe du monde de foot : il doit présenter au Qatar des sculptures géantes de son Babar chromé. Vincent Faudemer ne se fait pas une montagne de son redressement fiscal. "J'avais dû mettre ma société en veille en raison de deux impayés et j'ai commis l'erreur ne pas avoir fait les déclarations nécessaires auprès de l'administration."
Le Caennais dit engranger aujourd'hui un chiffre d'affaires annuel de 24 millions d'euros et dit payer ses impôts en France. Il est loin le temps des mobylettes vendues au pied du Zénith. "À l'époque, je gagnais à peine 80 € sur chaque scooter vendu." Babar est plus rentable.
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