À l'école de police de Rouen-Oissel, on ne plaisante pas avec l'emploi du temps. Réveil à 6 heures du matin. Les élèves se préparent pour aller prendre leur petit-déjeuner dans le réfectoire dans la foulée. "À 7 h 30 précises, on se rejoint tous devant une salle de classe avant le lever des couleurs, prévues à 7 h 45 tapantes. Le drapeau tricolore est alors hissé en haut du mât, sur la place d'arme", explique Charles, futur gardien de la paix, dont vous ne connaîtrez que le prénom, comme presque tous les interlocuteurs de ce reportage, pour des raisons de sécurité.
"Jamais personne ne
se retrouvera seul pour manger"
Les cours débutent à 8 heures, jusqu'à midi. L'heure du repas varie selon l'emploi du temps du jour. 12 heures pour certains, 12 h 06, 12 h 20 et 12 h 26 pour d'autres. L'après-midi, les cours reprennent à 13 h 20 et se terminent entre 17 heures et 17 h 20. Le soir, les élèves peuvent dîner à partir de 18 h 30. "Je suis en formation pour devenir gardien de la paix. Quand je suis arrivée, j'ai été surprise de façon positive", raconte Melycendre, en évoquant la parité des effectifs. La jeune femme de 21 ans l'affirme : "Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de filles. Dans notre section, nous sommes 9 sur 30. Et si un garçon fait une remarque sexiste, il doit faire des pompes !" Là-bas, la cohésion de groupe est essentielle. "Jamais personne ne se retrouvera seul pour manger ou pour se mettre en groupe." Charles, 23 ans, vient aussi d'arriver cette année, dans la même formation. "On constate que tout ce qui est montré dans les films est très éloigné de la réalité."
Une alternance entre théorie et pratique
Toute la journée, les cours théoriques s'alternent avec les cours pratiques. Cela peut être du sport, du tir et des simulations. Le mardi matin par exemple, "on fait du crossfit, des squats, et des Russian twists pour travailler les abdos", précise Melycendre. L'après-midi est consacré aux tirs. Les élèves apprennent à tenir une arme et à viser la cible. Pour la plupart, c'est une découverte. Au début de la séance, la perplexité et l'appréhension se font sentir. Après avoir mis leur casque antibruit et leurs lunettes de protections, les nouvelles recrues prennent chacune un pistolet factice. Ils doivent s'agenouiller, avancer, reculer, dégainer leur arme, la ranger. La séance se poursuit avec les tirs sur les cibles avec de vraies armes. Beaucoup sont surpris de la puissance des balles réelles utilisées. Chaque séance se termine par un bref discours des encadrants pour un bilan de ce qu'il s'est passé.
En images
La plupart des élèves de l'école de police de Oissel sont internes. Cela signifie qu'ils dorment sur place. Certains, qui habitent près de l'établissement de formation, font eux-mêmes le choix de rester la semaine à l'internat. Cela permet de créer une cohésion de groupe.
Un internat pour les élèves.
Avant d'apprendre à tirer, élèves, encadrants et psychologues doivent obligatoirement porter des lunettes et un casque de protection. Les consignes sont strictes car, lors des tirs, des projections sont possibles. Une fois le matériel distribué à chacun, les élèves ne commencent pas tout de suite à tirer.
Pour la séance de tir, il faut s'équiper.
Pour chaque séance de tir, des "rapporteurs" sont nommés. Tous les élèves remplissent une fiche nominative avant de tirer. Pendant leur formation, la partie administrative est tout aussi importante que la partie pratique. Deux élèves vérifient les fiches de leurs camarades pendant qu'un autre range les balles.
Rédaction d'un rapport après les tirs.
Les formateurs transmettent leur expérience
Grâce à leur expérience sur le terrain, les formateurs conseillent les élèves. Lors des exercices, des simulations sont mises en place.
À l'école de police, la partie théorique est toujours associée à un volet pratique, technique et psychologique. Pour chaque cours, trois types d'encadrants travaillent ensemble. Pour devenir policier, la connaissance de la loi est indispensable. Les formateurs généralistes délivrent les cours théoriques. "Je forme les élèves à la connaissance du droit, à son application et plus globalement à la connaissance de l'institution police. Je leur parle aussi des valeurs de la police, ses directions, ses services et la déontologie", relate Marc, formateur généraliste. Pour comprendre comment fonctionnent les lois et dans quelle mesure intervenir, les formateurs FTSI sont aussi sollicités. "Ce sigle signifie Formateur en technique de sécurité et d'intervention", souffle son collègue Stéphane. "Nous formons les élèves au tir et aux techniques de défense et d'intervention. Nous leur apprenons à menotter des individus, quand et comment le faire."
Une gestion du stress à appréhender
Dans ce métier, l'aspect psychologique est aussi essentiel. "Nous proposons des cours sur plusieurs thématiques, comme la gestion du stress, la coordination des équipes ou encore la prise en charge des victimes", indique Anaïs, psychologue. "L'objectif est d'outiller les élèves pour qu'ils se connaissent mieux. Nous leur apprenons comment prendre en charge la population, les victimes, les auteurs." Dans la police, "on parle souvent de l'effet tunnel. Lorsqu'un enjeu est trop important, cela génère du stress. Plus ils en prennent conscience, plus leurs stratégies seront efficaces une fois sur le terrain."
Des mises en situation concrètes
Qu'ils soient là pour un an comme les gardiens de la paix et les cadets de la République ou quatre mois comme les policiers adjoints, chacun d'eux apprend les bases du métier. "L'idée, c'est de leur apprendre à intervenir sur le terrain, savoir dans quel cadre légal ils interviendront, s'ils sont en mesure d'interpeller ou d'utiliser leurs armes", explique Marc. "Les simulations leur permettent de mettre en application ce qu'ils ont appris", ajoute Anaïs. Le but, c'est aussi de les confronter à la réalité du métier. "Grâce à elles, nous voyons quel mode d'intervention ils ont choisi. Nous déterminons avec eux si c'était le bon choix, comment l'améliorer ou s'ils ont fait fausse route, ce qui peut arriver lors des premières simulations", poursuit Marc. Pour ce qui est de la notation, les élèves sont évalués sur la connaissance de la procédure, le tir, la course à pied et ce qui se passe pendant les simulations. "En théorie, il ne faut pas de 0 ni de notes éliminatoires. On fait un total des notes puis, selon leurs classements, les élèves choisiront leurs postes", conclut Marc.
L'école nationale de police Oissel-Rouen en détails
À Oissel, les futurs policiers sont encadrés par de nombreux professionnels. Le lieu de 61 hectares est comme un petit village permettant aux élèves d'être en complète immersion dans l'univers de la police.
Une superficie importante
Avec ses 61 hectares, l'école nationale de police Rouen-Oissel accueille près de 550 élèves. Le lieu est si grand qu'il est parfois nécessaire de s'y déplacer en voiture.
Deux types de formations
L'établissement propose trois formations initiales : les cadets de la République, les gardiens de la paix et les policiers adjoints. Il dispose aussi d'une formation continue pour les fonctionnaires de police. Cela peut porter sur les violences urbaines, sexistes ou sexuelles, ainsi que les procédures pénales.
Un métier encore masculin
"Nous avons presque la même proportion de femmes à l'école que dans la police : entre 28 et 30 % et, dans la police, c'est 29 %", indique le directeur, Olivier Enault.
Trois rentrées par an
Cette année, il y a eu une rentrée en septembre. Les prochaines auront lieu en novembre et en décembre. Les dates diffèrent selon les effectifs et la formation.
De nombreux encadrants
180 personnes encadrent les élèves. L'école en compte 100 pour la partie pédagogique et 80 aux ressources.
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