L'atelier de restauration du musée de la Marine c'est d'abord une odeur. Celle du bois qui vous chatouille le nez dès que vous passez la porte. C'est ensuite la vue de toutes ces coques, en plus ou moins bon état, attendant dans ce hangar qui jouxte le musée maritime de Rouen qu'on s'occupe d'elles. Il y a les vieux loups des mers qui ont essuyé plus d'une vagues, les bateaux que les ans ont meurtris et qui viennent se refaire ici une santé. Pour superviser ce vaste hôpital pour bateaux : Patrice Mabire, charpentier de marine, et son équipe. Quatre personnes qui s'affairent avec amour autour de ces coques dont un apprenti et deux bénévoles.
Un travail de haute précision
L'atelier est né en 2004, de la volonté du musée de la marine d'avoir la possibilité de restaurer des bateaux de sa collection. En parallèle, Patrice Mabire travaille également sur des commandes privées. Mais ici, on s'occupe uniquement des bateaux en bois, que ce soit en construction classique, faite de planche de bois, ou moderne où il utilise du contreplaqué marine.
Les blessures sont souvent importantes. " En général les bateaux qui m'arrivent sont au bout du rouleau : au minimum il demande une restauration à 40% mais le plus souvent 70 voire 80% du bateau est à refaire. " Et c'est comme neuf que des bateaux arrivés à l'état de squelette parfois, repartent de ce hangar situé en bord de Seine. Ils viennent d'un peu partout comme le Yatch Club d'Ile de France qui fut celui de Toulouse-Lautrec et de Renoir entre autre. A côté d'embarcations plus récentes on ne peut manquer la Marie-Madeleine, une vaquelotte, bateau de pêche utilisé dans le Cotentin, datant de 1919. Sous les mains de Patrice Mabire elle retrouve une seconde jeunesse.
Les chantiers réputés sont relativement peu nombreux en France. Et pour cause, former un charpentier de marine demande du temps et de la passion, " Pour avoir un bon charpentier de marine il faut 6 ans d'étude environ. Ce n'est pas parce que c'est un travail manuel qu'au bout de 6 mois, le tour est joué ! Il faut compter en moyenne 3 voire 4 ans pour tout apprendre." Et à voir la beauté de ces bateaux, ce constat ne paraît pas exagéré. " On ne fait pas de maquillage : lorsqu'une pièce est abîmée, même si elle ne se voit pas, nous la changeons. C'est très important pour avoir un bateau qui tienne le coup."
Il arrive parfois que des bateaux naissent ici. L'un d'entre eux est en cours de finition. L'autre n'est pour l'instant qu'au stade de la maquette : il s'agit d'une réplique à l'échelle ¼ de la Dauphine, ce bateau avec lequel Verrazzano a découvert la baie de New-York en 1524. La réplique du célèbre navire sera à découvrir lors de la prochaine Armada. Derrière les hautes portes de ce chantier naval, le passé revit à travers ces silhouettes de bois.
(Photo : Patrice Mabire restaure complètement le Marie-Madeleine, une vaquelotte du Cotentin, construite en 1919.)
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