Le rendez-vous téléphonique est fixé sur les coups de 11 heures. Cédric Renouard décroche depuis Genève, en Suisse. "Je décolle ensuite pour l'Allemagne, déposer des clients à l'ouest de Munich, sûrement pour passer quelques jours à la fête de la bière", imagine le trentenaire. Habitant la région caennaise depuis sa tendre enfance - même s'il se revendique breton - Cédric Renouard est pilote de jet privé. Pour aller au travail, il quitte Carpiquet direction le Luxembourg par les airs, puis embarque pour une semaine sans répit dans les cieux. Le pilote écume les aéroports européens pour transporter des passagers fortunés, mais ce ne sont pas ses uniques attributions. "Pendant la Covid, on rapprochait les soignants des lignes de fronts, explique-t-il dans un langage militaire. On a aussi livré des millions de masques dans des zones reculées d'Italie." Il insiste, l'aviation d'affaire ne doit pas être associée exclusivement au luxe, même s'il sait que son métier a mauvaise presse. "La polémique récente ressort plus du populisme et de gens qui parlent sans savoir. Les jets représentent 2 % de la pollution de toute l'aviation mondiale", affirme-t-il. Sa passion pour les airs, Cédric Renouard la doit à son père, en poste dans l'aéronaval à Brest. Il commence à se former, alors qu'il est encore au lycée, à l'aéro-club de Caen. Le Breton poursuit ses études, puis pose ses valises en Allemagne pour travailler à Airbus en tant qu'ingénieur. Il passe ses diplômes en parallèle et concrétise son rêve en 2017.
Cédric Renouard découvre chaque mois "au moins trois ou quatre nouveaux aéroports", qui parfois ne sont pas bien grands.
Cyclisme et dauphins
Lors de son premier job, il réalise quelques missions originales, comme travailler au-dessus du peloton du Tour de France pour faire transiter le signal. "En 2018, j'ai survolé les eaux grecques pendant six semaines avec quatre chercheurs qui comptaient les baleines et les dauphins", conte-t-il. N'essayez pas de lui tirer les noms de ses passagers les plus célèbres, il ne vous donnera rien. Seulement qu'il côtoie parfois des clients ayant un patrimoine "à plus de neuf chiffres". Mais il l'assure, ce sont des gens comme nous, avec qui il se permet de discuter pendant le vol. À bord de son petit avion, il peut se poser dans plus de 3 000 aéroports européens, dont ceux de Caen, Falaise et Deauville. Derrière son métier "à l'aspect carte postale", le pilote voit aussi l'envers du décor. "Je travaille pendant sept jours avec des horaires très denses, puis j'ai une pause de cinq jours pour rentrer à Caen", explique-t-il. Son train de vie ne lui permet parfois même pas de passer plus de 10 minutes au téléphone avec ses proches. Cédric Renouard ambitionne de devenir prochainement instructeur à Caen, "pour créer des vocations".
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