Mohammed ben Salmane, qui est le dirigeant de facto du royaume, a été nommé "Premier ministre", a indiqué un décret du roi Salmane, son père, publié par l'agence de presse officielle Spa.
En Arabie saoudite, le roi est chef d'Etat et président du Conseil des ministres.
"Son Altesse royale, le prince Mohammed ben Salmane sera le Premier ministre, par exception à la disposition de l'article (56) de la loi fondamentale sur la gouvernance et aux dispositions pertinentes contenues dans la loi du Conseil des ministres", a écrit l'agence SPA.
Avec cette nomination, celui qu'on surnomme MBS consolide son pouvoir après un retour sur le devant de la scène internationale du royaume saoudien isolé diplomatiquement pendant des années à cause de l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul.
Mohammed ben Salmane était auparavant vice-Premier ministre sous son père, le roi Salmane, ainsi que ministre de la Défense.
Il est remplacé au poste de ministre de la Défense par son frère cadet, Khaled ben Salmane, qui était auparavant vice-ministre de la Défense, d'après la même source.
Les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de l'Energie, n'ont pas été touchés par le remaniement gouvernemental, selon le décret royal.
Le prince Mohammed, qui a eu 37 ans le mois dernier, est en première ligne pour succéder à son père à la tête de la première économie du monde arabe.
Il devrait devenir de loin le plus jeune de la dynastie saoudienne à accéder au trône après la mort de son père, âgé et affaibli.
Ces dernières années, des rumeurs croissantes ont circulé sur l'état de santé du roi, 86 ans, qui a été hospitalisé deux fois cette année, le plus récemment en mai, selon des informations de presse.
Interlocuteur incontournable
Depuis sa nomination prince héritier en 2017, MBS dirige de facto cette puissance régionale pétrolière.
Il a bousculé une Arabie saoudite atone avec des réformes tous azimuts tout en réprimant brutalement l'opposition. Mais il reste un interlocuteur incontournable à l'international.
Avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février dernier, le royaume saoudien -et le prince héritier en particulier- cherchaient à surmonter l'isolement diplomatique imposé par la plupart des pays occidentaux après l'assassinat de Jamal Khashoggi, un critique du pouvoir saoudien.
Après son élection, le président américain Joe Biden avait même déclassifié un rapport concluant que "MBS" avait "validé" cet assassinat, ce que les autorités saoudiennes ont toujours démenti.
Mais depuis l'invasion russe et l'envolée des prix de l'énergie, M. Biden, l'ex-Premier ministre britannique Boris Johnson ainsi que d'autres dirigeants occidentaux se sont rendus dans le royaume, l'un des premiers exportateurs de pétrole au monde, pour tenter de convaincre Ryad de pomper davantage de brut.
"Valider son autorité"
L'annonce saoudienne est en outre intervenue après une médiation de MBS dans la libération par la Russie et le transfert le 21 septembre en Arabie saoudite de dix prisonniers de guerre dont cinq Britanniques et deux Américains.
Nommer le prince héritier Premier ministre est une décision inhabituelle, mais pas inédite. Dans les années 1950, le prince héritier Fayçal est devenu Premier ministre, ce qui a finalement conduit à une lutte de pouvoir ayant abouti plusieurs années plus tard à l'abdication du roi Saoud de l'époque.
Ce scénario est différent, car il s'agit là "d'officialiser une situation de fait", a déclaré Ali Shihabi, un analyste saoudien proche du gouvernement. "Cela a même pris du temps (...)."
Pour Umar Karim, un expert en politique saoudienne à l'Université de Birmingham, MBS "a déjà passé la phase de lutte pour le pouvoir et l'a remportée. Ce qui arrive maintenant est plus une manière de valider son autorité".
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