L'augmentation des prix de l'énergie est une réelle problématique pour les collectivités. Les infrastructures les plus coûteuses et énergivores pour elles, ce sont les piscines. Pour contrer cette situation, certaines villes réfléchissent à des alternatives plus économiques et écologiques. À Malaunay, ce sujet n'est pas nouveau. La Ville est engagée dans cette démarche depuis près d'une dizaine d'années. "Pour le moment, nous sommes un peu préservés", indique Guillaume Coutey, maire de la commune. La piscine municipale malaunaysienne a été construite en 1976, sur le modèle des piscines tournesols. Elle faisait partie du plan "1 000 piscines", dont l'objectif était de rendre accessible à tous l'apprentissage de la natation. Récemment, elle était considérée comme une passoire énergétique car mal isolée. D'importants travaux ont été réalisés en 2019 et le bâtiment répond désormais aux nouvelles normes en termes de consommation énergétique. Dans cette même optique, une chaufferie centrale avec une chaudière biomasse a été installée deux ans plus tôt.
"Notre production d'électricité
représente 30 % de
notre consommation"
En cas de problème, une chaudière à gaz de secours prend le relais. "La piscine est raccordée à notre réseau de chaleur. Nous avons trois chaufferies communales qui fonctionnent au bois." La plus importante alimente en partie la piscine, deux écoles, le gymnase municipal et le centre socioculturel. "C'est une réelle économie pour la collectivité. Auparavant, nous fonctionnions à 100 % au gaz. Depuis, nous avons mis en place l'autoconsommation collective", ajoute le maire. Plus d'une dizaine de bâtiments municipaux sont couverts de toitures solaires. Cette énergie renouvelable permet à Malaunay de réduire les coûts de sa facture énergétique et son empreinte carbone. "Depuis dix ans, nous serions passés de 280 000 euros à plus de 500 000 euros", relate le maire. "Notre production d'électricité représente 30 % de notre consommation." Malgré l'utilisation d'énergies renouvelables, la commune est elle aussi concernée par l'explosion des prix de l'énergie. Une piscine est l'un des équipements qui coûte le plus cher en entretien. "Il faut chauffer l'eau toute l'année et traiter l'air. On est d'autant plus contents d'avoir fait ces investissements il y a quelques années pour ne pas être contraints, comme d'autres, à devoir fermer les portes."
Malaunay n'échappe pas à la règle. Comme toutes les collectivités, elle doit faire face à des obligations réglementaires pour l'accueil de scolaires ou de bébés nageurs dans la piscine municipale. "Peut-être qu'on supprimera ces activités, mais ce n'est pas l'idée pour le moment", affirme l'élu malauneysien. Pour l'heure, la Ville travaille sur l'élaboration d'un plan de sobriété énergétique "pour aller encore plus loin que ce que l'on fait aujourd'hui", insiste le maire. Afin de diminuer le prix de sa facture d'énergie, la municipalité réfléchit à des solutions. "Nous allons notamment poursuivre l'extinction nocturne de l'éclairage public. Une grande partie est éteinte la nuit mais pas encore la totalité."
À Belbeuf, une piscine écolo pour 2023
Une nouvelle piscine verra bientôt le jour, en 2023, à Belbeuf. La construction de ce nouvel équipement aquatique répond à des normes spécifiques en termes de consommation énergétique.
C'est le gros chantier en cours à Belbeuf : la construction d'un nouveau complexe aquatique de plus de 3 400 m2.
"Nous avons opté pour
une conception bioclimatique"
L'entreprise spécialisée dans la construction de piscines Coste Architectures s'occupe des travaux. Avec cette structure nouvelle génération, toutes les normes énergétiques seront respectées, avec à la clé une réduction de la facture de fonctionnement pour les collectivités. L'entreprise travaille sur plusieurs aspects en lien avec la sobriété énergétique, pour l'isolation, le chauffage ou encore l'eau des bassins. "Nous avons opté pour une conception bioclimatique", explique Emma Lecomte, directrice du développement de l'entreprise. Pour le chauffage, le maître d'ouvrage a par exemple choisi des chaufferies bois. "Elles fonctionneront à 90 % du temps et le gaz sera palliatif pour les 10 % restants. Cela permettra de diminuer la facture en énergie de 30 %. Avec la crise énergétique, le budget énergie, exploitation et maintenance aura tendance à doubler. Les chaufferies bois sont donc un très bon choix."
Des bassins sans chlore
Cette piscine nouvelle génération sera aussi l'une des premières à ne pas utiliser de chlore dans ses bassins. "Nous avons choisi une filtration bio-minérale, sans chlore et sans produit chimique." Des sédiments naturels épureront l'eau des bassins et des lampes UV permettront d'accentuer le système. "Il n'y aura plus d'irritation de la peau, des yeux, ni même d'agression pour les voies respiratoires", relate Emma Lecomte. "Avec le chlore, un gaz se forme, ce sont les chloramines. Nous n'aurons plus besoin d'un déchloraminateur pour traiter l'air. Il y aura un double effet sur l'économie d'eau et d'énergie." Grâce à cette alternative sans chlore, l'eau des bassins aura besoin d'être moins souvent renouvelée. "Cela permettra de diminuer la facture d'eau de 40 %." Le cabinet d'architecture a également opté pour un matériau trois en un. "L'inox est recyclable à 99 %. Grâce à lui, on aura moins besoin de produits chimiques pour le nettoyage, ce qui sera aussi économique", renchérit-elle. L'eau de la piscine, riche en sédiments, sera utilisée pour arroser les espaces verts. Des toitures végétalisées permettront aussi de récupérer les eaux pluviales. Depuis quelque temps, la fertilisation des sols est aussi un enjeu à prendre en compte dans le domaine du bâtiment. C'est pour cela que "le bâtiment est plus compact mais aussi plus écologique".
Livraison au printemps
Au rez-de-chaussée, le complexe accueillera des bassins sportifs, d'apprentissage et petite enfance, un pentagliss avec trois couloirs et des gradins de 200 places. À l'étage, il y aura un espace de remise en forme, un bassin d'activités, deux douches de balnéothérapie, deux cabines de soins et une salle de sport. La piscine verra le jour au printemps 2023 avec une mise en service prévue pour le mois de mai.
Sotteville-lès-Rouen réfléchit aussi à un plan de sobriété énergétique
À Rouen, Malaunay et Sotteville-lès-Rouen, les municipalités réfléchissent à des solutions pour pallier l'augmentation des prix de l'énergie. Toutes engagées dans la transition écologique, ces communes vont mettre en place un plan de sobriété énergétique.
À Sotteville-lès-Rouen aussi, la crise énergétique fait rage. Pour cette ville également, l'infrastructure la plus énergivore et la plus coûteuse est la piscine. Créée dans les années 1970, elle a d'ailleurs été sujette à des travaux d'isolation au niveau de la toiture entre 2010 et 2015. "Les coûts de fonctionnement de la piscine sont de l'ordre de 110 000 euros environ par an au niveau des combustibles, d'après l'année de référence de 2021", souligne la Ville. Ce qui coûte cher dans l'entretien de ce type de structure, c'est aussi la vidange.
Développer le réseau de chaleur
L'eau et l'air de la piscine municipale sont chauffés grâce à une chaudière à gaz. Pour cet hiver et l'année 2023, Sotteville-lès-Rouen réfléchit à des pistes d'amélioration pour l'ensemble de ses bâtiments publics. "La montée des prix nous encourage à accélérer le pas." La municipalité travaille également avec la Métropole Rouen Normandie sur le développement d'un réseau de chaleur avec le raccordement de celui du Madrillet. "Il est alimenté à plus de 80 % en biomasse", rappelle la Ville. La collectivité proposera dès le prochain conseil municipal, prévu le jeudi 20 octobre, un plan de sobriété énergétique. "Il concernera les usages des bâtiments publics et les efforts que l'on va demander aux usagers. L'extinction de l'éclairage public se poursuivra la nuit." Comme à Malaunay, Sotteville-lès-Rouen ne compte ni fermer sa piscine, ni baisser la température du bassin.
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