Sur le front de la ville de Koupiansk, dans le vacarme incessant des bombardements, une colonne de fumée noire s'élève au-dessus de l'Oskil, rivière qui sépare la berge ouest contrôlée par les forces ukrainiennes, de la rive est, disputée aux forces russes.
"Pour l'instant, la pluie rend difficile le recours aux armes lourdes partout. Nous ne pouvons emprunter que les routes goudronnées", déclare à l'AFP le sergent Roman Malyna des forces ukrainiennes, tandis que des véhicules blindés de transport des troupes et des chars manœuvrent sous une averse torrentielle.
"Comme il est difficile d'avancer à cause de la météo, nous ciblons leurs véhicules blindés, leurs dépôts de munitions et les groupes de soldats", ajoute-t-il.
"Seuls leurs corps resteront derrière"
Vendredi, l'administrateur militaire de Koupiansk Andriy Kanachevytch a déclaré à l'AFP qu'il faudrait peut-être dix jours aux forces ukrainiennes pour sécuriser la zone.
L'artillerie ukrainienne ciblait les positions russes situées dans les bois au-delà de l'est de la ville, mais un drone russe suscitait l'inquiétude et accaparait l'attention.
Un flot de réfugiés qui avaient fui la ville bombardée avançait sur un pont dont les rambardes étaient encore peintes des couleurs rouge, blanc et bleu des Russes qui occupaient Koupiansk.
Deux soldats ukrainiens, bien équipés - fusil d'assaut américain et gilet pare-balles - et gardant bon moral malgré la fatigue et le drone russe survolant la route jonchée de débris, traversaient également la rivière.
L'un d'eux, qui utilise le nom de guerre "Mario", estime qu'il est trop tôt pour savoir quand la rive est passera totalement sous le contrôle des forces ukrainiennes, tout se déclarant certain que les forces russes battent en retraite.
"Seuls leurs corps resteront derrière", affirme-t-il.
"D'une manière générale, tout va bien, en tenant compte de l'ampleur de l'opération, nous n'avons presque pas de pertes", a-t-il déclaré à l'AFP.
La plus grande partie de Koupiansk, un nœud ferroviaire crucial utilisé auparavant par la Russie pour ravitailler ses forces déployées plus au sud, sur la ligne de front de Donetsk, est tombée entre les mains des forces ukrainiennes en septembre lors d'une contre-offensive spectaculaire.
Mais une bande étroite dans la région de Kharkiv sur la rive est de la rivière Oskil demeure entre les mains des forces russes, ce qui empêche les Ukrainiens d'avancer vers la région de Lougansk, contrôlée par la Russie qui vaut l'annexer.
"Oui, nous avons suffisamment d'hommes et d'armements, mais ça dépend de ce qui va se passer sur l'autre rive", selon le sergent Malyna.
"Ils tentent de trouver les points faibles dans notre ligne de défense. Il essaient ainsi d'attaquer de temps en temps en utilisant des blindés et de l'infanterie", dit-il à propos des tactiques utilisées par les forces russes.
"Notre moral est bon. Nous sommes prêts à combattre, mais nous avons besoin de d'avantage d'armes lourdes et d'armes de précision", ajoute le sergent, réitérant l'appel de l'Ukraine aux pays occidentaux.
De nombreux civils ont fui une ville sans électricité et eau courante, mais certains n'ont nulle part où aller et dépendent de l'aide alimentaire.
Des civils se regroupent autour des prises pour les portables dans les entrées d'immeubles de cinq étages, rechargeant tablettes et torches.
La plupart se déclarent heureux que les forces ukrainiennes reviennent pour libérer la ville de l'occupation russe, tout en avouant que les combats qui se poursuivent sont dévastateurs.
"Seule avec mes chats"
Lioudmila Beloukha, 74 ans, a été trapéziste à l'époque soviétique au Cirque de Moscou."J'ai voyagé dans toute l'Union soviétique et aussi à l'étranger", se souvient-elle.
Cette veuve vit seule dans un lotissement de Koupiansk. Sa soeur est partie en Grèce et elle est restée sans nouvelles de son neveu, qui réside sur la rive est de la rivière, pendant des mois.
"Je suis seule à la maison, avec mes chats. Absolument seule. Ma cuisine et les vitres du balcon sont détruites. Je dois les fixer avec des emballages en plastique car il va faire froid. Je gèle", explique-t-elle.
Mme Beloukha a reçu une petite aide alimentaire distribuée par des bénévoles et ne souffre pas de la faim mais "nous n'avons pas d'eau, pas d'électricité. Rien. Même pas d'eau bouillante pour le thé".
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