Il est entre deux trains… promène ses savons à travers l'Europe et présente sa gamme à de futurs distributeurs qu'il espère séduire aux Pays-Bas, en Belgique ou encore en Allemagne.
Il y a encore quelques jours, Paul-Henri Neyt, le petit dernier de la famille qui compte trois enfants dont lui, était donc en vadrouille loin du Perche et de son village natal, où sont également installés ses parents, Isabelle, 62 ans, et Patrick, 63 ans, qui à ses côtés ont lancé il y a dix ans cette petite entreprise familiale qui ne demande qu'à grandir.
La boîte à savons des Gaulois !
À l'époque, Paul-Henry achevait ses études de commerce à l'EM Normandie à Caen, ses parents étaient en pleine reconversion professionnelle. Isabelle travaillait alors comme conseillère en gestion d'entreprises, Patrick occupait des fonctions de directeur commercial dans le secteur de l'ameublement. Virage à 360° pour tous les deux et premier job pour le fiston, qui voyait là une réelle opportunité de lancer lui-même, tout frais sorti de l'école, sa première entreprise. "Ce qui est enthousiasmant, se réjouit l'intéressé, c'est de partir d'une page blanche pour créer son entreprise." Et qui plus est, en famille. "J'ai effectué mon stage en alternance dans l'entreprise quand elle démarrait." C'est un bon début et dix ans après, il ne regrette rien. "Si c'était à refaire, je le referais tout de suite, même si évidemment c'est particulièrement chronophage, surtout dans un marché aussi concurrentiel."
Dix ans après, la petite boîte à savons en produit chaque année près 60 tonnes, à la fois sous sa marque Savonnerie de la Chapelle, mais aussi en gros et à façon pour d'autres enseignes. L'entreprise qui plaide pour le "made in Perche" et milite pour le circuit court très écolo emploie dix-sept salariés.
La savonnerie de Bellême a ceci d'original et de quasiment unique en région qu'elle produit ses savons à froid. Qu'est-ce à dire ? C'est une technique vieille de plusieurs centaines d'années et qu'utilisaient déjà nos ancêtres les Gaulois pour donner naissance à un produit cosmétique 100 % naturel, dont les composantes assemblées à basse température permettent de conserver les vertus essentielles, fraîcheur et douceur réunies, et qui font d'un savon un bon et bio savon. Les Gaulois utilisaient de la graisse de chèvre et des cendres de bouleau pour fabriquer leurs savons.
Au lait de chèvre et à la bave d'escargot !
L'idée de cette aventure professionnelle est née dans la salle de bains de la famille Neyt. C'est Paul-Henry qui raconte ses souvenirs d'enfance : "À la maison, nous avions l'habitude de fabriquer nous-mêmes nos propres savons. Et c'est en se disant qu'on aimerait retrouver ce genre de produits naturels en rayon à une plus vaste échelle que nous est venue cette idée d'en faire notre métier." Bingo : les savons de la Chapelle fabriqués dans les règles de l'art, produits à la main et conservés un mois pour les faire "mûrir" et reposer comme on le ferait d'un bon vin avant d'être mis sur le marché, allient à partir de la recette classique de lessive de soude, eau et hydroxyde de sodium, toutes sortes de parfums aux ajouts dits vertueux. C'est le cas du miel, du lait de chèvre et d'ânesse issu d'exploitations percheronnes, ou encore de la bave d'escargot.
Le savon ornais sait se faire mousser !
Comment on fait les savons ?
En bref, pour tout savoir de la fabrication des savons.
Le chaud et froid
Le savon conservé à froid a cette particularité, disent les spécialistes, de conserver tous ses bienfaits. La méthode baptisée saponification à froid permet de concevoir des produits enrichis en huiles précieuses, parfumés aux huiles essentielles et complétés de nombreux ajouts naturels. Elle se différencie en cela de la conception des fameux savons de Marseille et d'Alep, produits, eux, à haute température et à base, le plus souvent, d'huile d'olive.
Le savon à froid qui n'est pas monté en température est ensuite soigneusement reposé pendant un mois, avant de pouvoir être vendu.
Le savon et la carotte
L'entreprise ornaise mise sur le circuit court et le recyclage de produits alimentaires. C'est ainsi que la savonnerie familiale travaille en partenariat avec d'autres laboratoires normands et l'enseigne coopérative Agrial à l'utilisation de certains légumes de réforme, comme par exemple des carottes qui, parce qu'elles ne seraient pas esthétiquement belles, ne sont pas proposées aux consommateurs. Au lieu de les jeter, on préfère donc utiliser certaines de leurs molécules dans la fabrication des savons.
Rien ne se perd !
Le "savon" nous ?
La fabrication du savon, dont la base est la lessive de soude, soit de l'eau ajoutée à de l'hydroxyde de sodium, passe par plusieurs phases avec l'ajout de corps gras, huiles et beurres de karité, cacao et noix de coco. Le savon démoulé est découpé et tamponné. il repose un mois avant d'être emballé. On y ajoute aussi des huiles en surgras (amande douce noyaux d'abricots) voire parfois des ingrédients de différentes provenances : huiles essentielles, lait de chèvre, argile, bave d'escargot. L'atelier de Bellême est ouvert à la visite.
Il est proposé aux visiteurs de devenir apprentis savonniers en s'essayant à la fabrication de leurs propres savons !
La semaine de quatre jours
Le télétravail étant impossible dans une entreprise de ce type, la savonnerie, pour contribuer à la qualité de vie au travail, a adopté la semaine des quatre jours, ainsi, le personnel qui travaille plus longtemps dans la journée bénéficie en parallèle de trois jours de repos consécutifs par semaine. "C'est une réponse directe à l'inflation et à l'augmentation du prix de l'essence", avance la direction, qui plaide en faveur d'un "meilleur équilibre" pour ses salariés entre "vie professionnelle et vie privée", tout en assurant au sein de l'entreprise un meilleur suivi de production.
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