C'est une boîte différente des autres boîtes de fromage. Une boîte de camembert qui ose afficher sur son étiquette le prix de ce qu'elle contient. Pas banal : c'est marqué en toutes lettres "3,59 €, prix conseillé".
Coup de pub à l'intention des consommateurs avertis, mais pas seulement : les producteurs laitiers à l'origine de cette toute nouvelle marque de camembert moulé à la louche et au lait cru revendiquent la transparence de leur production en mettant en avant l'idée que son prix de vente puisse aussi rémunérer équitablement l'agriculteur.
"Le juste prix"
Jean-Philippe Duchange est de ceux-là, c'est lui qui, avec quelques-uns de ses confrères, a eu cette idée de lancer sur le marché ce camembert de Normandie baptisé Ô lait, Ô pré et qui revendique haut et fort les couleurs du terroir et défend "le juste prix" payé au producteur : "Sur le prix affiché, les 55 centimes reversés aux producteurs permettent d'assurer leur juste rémunération pour produire le lait et faire vivre la marque."
Le lait de vaches normandes !
Jean-Philippe Duchange est plutôt heureux de son coup : son camembert arrivé en grande surface en mars dernier a déjà fait son petit trou normand. Il s'en produit 600 à 1 000 par semaine. Pas mal pour un début. "Et de toute façon, sourit l'agriculteur, je n'ai pas vocation à aller vendre mon camembert à l'autre bout de La France. Ce qui m'importe, c'est de faire le lien avec le consommateur de chez nous." Ce n'est qu'un début, continuons le combat du local, dit encore le producteur ornais : à terme, l'objectif est d'agrandir la famille avec d'autres fromages, comme le livarot ou le pont-l'évêque, ou encore des yaourts, tous issus de la filière AOP. Le camembert imaginé par l'agriculteur répond aux critères de la filière : le lait produit est issu de troupeaux dont la moitié minimum sont des normandes. La collecte se fait dans un rayon de 70 kilomètres autour de la laiterie. Jean-Philippe Duchange, 45 ans, est installé avec son épouse Béatrice, à La Ferté-en-Ouche. Le couple exploite 180 hectares, dont la moitié sert à la production laitière et l'autre à la culture de céréales mais aussi de lin.
La mise en marché du nouveau camembert n'a pas d'équivalent : autour de chez lui, une poignée de producteurs ont déjà intégré son mouvement, de jeunes agriculteurs pour la plupart. Déjà une trentaine de producteurs de l'Orne se disent prêts, eux aussi, à le rejoindre. Une belle histoire, moulée à la louche…
Les producteurs ornais mettent au pot commun
Pour vendre leur lait, ils ont créé Valeurs Normandes, une Société par actions simplifiées.
Le défi est en train de prendre corps. À l'origine, avec Jean-Philippe Duchange, ils n'étaient qu'une petite poignée à s'être lancés dans la fabrication de ce camembert de Normandie AOP qui porte fièrement les couleurs de la nouvelle marque O lait Ô pré.
Aujourd'hui, quelques mois seulement après le lancement, une cinquantaine d'agriculteurs de la région, dont une bonne trentaine de l'Orne, se disent prêts à tenter eux aussi l'aventure aux côtés de l'agriculteur de la Ferté-en-Ouche.
Pour mener à bien leur projet, Jean-Philippe Duchange et ses confrères compagnons de route et de champs ont constitué une S.A.S., Société par actions simplifiées, baptisée Valeurs Normandes et dans laquelle chacun a apporté sa quote-part proportionnelle, entre 500 et 2 000 € versés par producteur au capital de l'entreprise. La marque Ô lait, Ô pré, clin d'œil à l'identité territoriale et à l'idée de proximité, n'est pas qu'une affaire de communication. "Nous voulons, disent les agriculteurs concernés, nous engager dans une démarche responsable et durable pour une rémunération plus équitable." Avec aussi le besoin de se différencier des autres. "Tous les producteurs sont souvent mis dans le même panier. Or, nous ne voulons pas être dans le panier des autres."
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