Mahsa Amini, âgée de 22 ans et originaire de la région du Kurdistan (Nord-Ouest), a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique d'Iran pour les femmes.
La jeune femme était en visite avec sa famille dans la capitale iranienne. Elle est tombée dans le coma après son arrestation et est décédée le 16 septembre à l'hôpital, selon la télévision d'Etat et sa famille.
Des militants affirment qu'elle a souffert d'une blessure à la tête alors qu'elle était en détention. Cela n'a pas été confirmé par les autorités iraniennes qui ont ouvert une enquête.
En Iran, se couvrir les cheveux est obligatoire en public. La police des moeurs interdit en outre aux femmes de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.
Le décès de la jeune femme a suscité une vague de colère en Iran.
Des manifestations ont eu lieu dans la capitale, mais les heurts les plus violents se sont déroulés dans la province du Kurdistan.
Selon ces ONG, jusqu'à quatre manifestants ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans le pays.
Dans un communiqué, l'ONG Human Rights Watch, basée à New York, a rapporté que des vidéos circulant sur les réseaux sociaux et des témoignages "indiquent que les autorités ont recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et ont apparemment utilisé la force létale dans la province du Kurdistan".
"Utiliser la force létale et des gaz lacrymogènes pour réprimer des manifestants qui réclament justice pour la mort d'une jeune femme après qu'elle a été arrêtée par la police renforce la nature systématique des abus des droits humains et de l'impunité de ce gouvernement", a dénoncé Tara Sepehri Far, chercheuse à HRW, dans le communiqué.
"Liberté"
Depuis Genève, la Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme par intérim, Nada Al-Nashif, a exprimé mardi "son inquiétude face à la mort en détention de Mahsa Amini (...) et à la réaction violente des forces de sécurité aux manifestations qui ont suivi", souligne un communiqué du Haut Commissariat.
"La mort tragique de Mahsa Amini et les allégations de torture et de mauvais traitements doivent faire l'objet d'une enquête rapide, impartiale et efficace par une autorité compétente indépendante (...)", a-t-elle ajouté.
Selon une porte-parole du Haut Commissariat, Ravina Shamdasani, "deux à cinq personnes ont été tuées, selon certaines informations" lors de ces manifestations.
L'organisation de défense des droits humains kurde Hengaw, basé en Norvège, a affirmé, elle, avoir confirmé la mort de trois personnes dans la province du Kurdistan. Selon l'organisation, 221 personnes ont été blessées et 250 ont été arrêtées dans cette région du Kurdistan.
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux, dans lesquelles on entend des tirs à balles réelles, ont montré des affrontements violents, en particulier dans la ville de Divandareh, entre des manifestants et les forces de sécurité.
De son côté, l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a rapporté que quatre personnes ont été tuées dans ces manifestations, où ont été entendus les slogans "Mort au dictateur" ou "Femme, vie, liberté".
"Nous exhortons les pays qui ont des relations diplomatiques avec l'Iran, l'Union européenne en particulier, à stopper de nouveaux assassinats d'Etat en soutenant les demandes du peuple pour le respect de ses droits fondamentaux", a déclaré l'ONG.
Plusieurs dirigeants politiques français ont apporté leur soutien aux "femmes iraniennes qui se battent pour leur liberté".
Le président français Emmanuel Macron doit s'entretenir mardi, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, avec le président iranien Ebrahim Raïssi, selon la présidence française, alors que la perspective s'amenuise de relancer l'accord sur le nucléaire iranien.
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