Pour le retraité Ion Stoica, qui vient s'y balader régulièrement à vélo, les visites fréquentes de celui qui n'était encore qu'héritier du trône britannique ont sauvé de "l'oubli" ce hameau de 400 âmes, dominé par une église fortifiée inscrite au patrimoine de l'Unesco.
Chaque année, des dizaines de milliers de touristes découvrent l'atmosphère intemporelle du lieu où ont poussé les chambres d'hôtes, un intérêt qui contraste avec l'abandon et l'exode caractérisant les campagnes roumaines.
"Maintenant de petites maisons se vendent pour plus de 40.000 euros!", s'exclame cet ancien professeur de sport originaire d'une localité voisine - une fortune dans ce pays parmi les plus pauvres de l'Union européenne.
Un riverain, assis sur un banc, bougonne: les honneurs royaux "n'ont pas apporté la prospérité" aux habitants, souffle-t-il.
Empreinte royale
Si les avis sont partagés, tous s'accordent sur les efforts de restauration entrepris sous l'impulsion du prince Charles.
Le désormais souverain aurait, selon ses propres dires, "la Transylvanie dans (son) sang". Il se targue d'être un parent éloigné d'un prince sanguinaire roumain du XVe siècle connu sous le nom de Vlad l'Empaleur - qui a inspiré le personnage de Dracula à l'écrivain irlandais Bram Stoker.
Après sa première visite en 1998, cet écologiste convaincu, amoureux de la nature, est devenu un ardent protecteur de ces villages du coeur de la Roumanie fondés au 12e siècle par des colons saxons.
Entre les ravages du régime de l'ancien dictateur communiste Nicolae Ceausescu et l'incurie des autorités locales, nombre d'entre eux étaient condamnés à la disparition avant la mobilisation de Charles.
Il achète sa première maison à Viscri en 2006. D'abord résidence princière occasionnelle, cette bâtisse d'un bleu vif, ici connue de tous, a été transformée en un petit musée dédié à la botanique, autre passion de Charles.
"Sa Majesté le roi n'a pas logé ici depuis quelques années mais il a laissé de nombreuses traces", explique à l'AFP Caroline Fernolend, présidente de la fondation Mihai Eminescu Trust en Roumanie.
Cet organisme, d'abord destiné à soutenir les intellectuels roumains sous le communisme, se consacre aujourd'hui à la protection de l'héritage transylvain.
Plusieurs projets de réhabilitation du patrimoine ont vu le jour à l'initiative du roi, parrain de la fondation pendant 14 ans, détaille Mme Fernolend, citant la rénovation de plusieurs propriétés avec des méthodes et matériaux traditionnels.
"Il a également financé une station d'épuration écologique à base de roseaux et un nouveau système d'évacuation des eaux pour le village, sans en faire la publicité", salue-t-elle.
Au bout du monde
"Tout est si simple ici, si calme, on ne trouve cette ambiance nulle part ailleurs dans le monde et on comprend pourquoi le prince en est tombé amoureux", sourit Ana Maria Plopeanu, 35 ans.
Cette Roumaine, dont les grands-parents sont originaires de Transylvanie, travaille à Dubaï et fait découvrir le coin à son compagnon.
C'est à 100 km plus à l'ouest, au bout d'un chemin non goudronné et difficilement praticable, que le roi Charles pose maintenant ses valises, dans la commune de Valea Zalanului.
Sous un voile noir apposé sur le portail en signe de deuil, un écriteau interdit l'accès aux curieux mais Steffie Lambert Babianskas, 37 ans, et sa mère Angela, 70 ans, qui ont spécialement fait le voyage depuis Londres, se faufilent à l'intérieur du domaine.
Dans un grand jardin entretenu avec soin, se dressent des bâtiments en pierre servant aussi de maisons d'hôtes aux noms de chambres évocateurs, de "valet" à "prince".
"En venant ici, la route était tellement cahoteuse que je me suis demandé si on avait pris le bon chemin", plaisante Steffie.
Après l'accession au trône de Charles III, ces deux Britanniques ont décidé de se rendre en pèlerinage sur les lieux chers au nouveau souverain.
Bientôt elles repartiront pour Londres, juste à temps pour assister aux funérailles de la défunte reine Elizabeth II.
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