Des coteaux à flanc de colline, la mer en fond. Ce n'est pas un vignoble du sud de la France comme Collioure ou Banyuls, mais un vignoble à Barneville-Carteret, dans le Cotentin. C'est le pari de François Lecourt. Le nom du domaine : Muûs pour "mieux" en patois. Cela fait une dizaine d'années qu'il a cette idée, il a planté l'an dernier. À 30 ans, il est en plein dans les premières vendanges, qui doivent se terminer le week-end des 17 et 18 septembre.
Les vignes sont à flanc de colline et face à la mer.
Les grappes sont bien mûres. Entre les vignes, François Lecourt se balade, réfractomètre à la main. "Ça permet de mesurer le sucre rapidement. On est à 110 de densité, c'est une très belle densité. On est quasiment à 13,5/14 degré d'alcool potentiel", explique-t-il. Ça peut paraître bizarre un vignoble dans le Cotentin, mais il a bien choisi son endroit. "Je n'ai pas choisi cet endroit par hasard, le sol en fait partie. Le sol est légèrement sableux, donc très drainant, ce qui permet d'avoir des pieds qui sont relativement toujours au sec et un sous-sol schisteux qui est très favorable à faire des vins atypiques et exceptionnels", certifie-t-il. La proximité de la mer apporte aussi un peu de fraîcheur, et du vent qui permet d'assainir la vigne de l'humidité qu'il peut y avoir. Ses parcelles sont orientées au Sud, mais François Lecourt est aussi aidé par des températures de plus en plus clémentes. "Le réchauffement climatique est déjà là. C'est sûr que la vigne, plus il fait chaud, mieux elle se porte, dans une certaine limite. La limite n'a pas été franchie en Normandie", précise-t-il.
Dans le Cotentin, le raisin arrive bien à mûrir.
Il a 6 000 pieds de vigne et veut s'agrandir pour produire du vin pétillant (méthode champenoise) ou du ratafia, même si, pour l'instant il ne fait que du jus de raisin, le temps d'avoir les autorisations et les bâtiments nécessaires. Il espère pouvoir fabriquer du vin et le commercialiser d'ici un ou deux ans.
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François Lecourt souhaite aussi créer un produit local et atypique. Une occasion aussi de faire la promotion du Cotentin, notamment avec le tourisme œnologique.
Une histoire du vin normand
Le vin dans le Cotentin, c'est déjà arrivé.
Les vignes en Normandie, pas si étonnant que ça. Il y en avait au Moyen-Âge et jusqu'au début du XXe siècle. L'essor du vin s'est fait grâce aux abbayes où, pour la célébration de la messe, il fallait ce précieux breuvage. "Les religieux plantaient des vignes autour de leurs monastères pour avoir un vin d'une pureté absolue. Chez nous, la culture de la vigne a laissé des traces dans la toponymie à Baubigny, Les Moitiers-d'Allone, Carteret ainsi qu'à Portbail (la Vigne, au bord du Havre près du village de la Rivière)", décrit Christa Bastian, du groupe "histoire" de l'association franco-britannique de la Côtes de Isles. Pierre Brunet, dans La Normandie, un vignoble défunt (1992), explique que : "le vignoble de l'Avranchin, le plus téméraire par rapport aux conditions naturelles, disparaît le premier dès la fin du Moyen-Âge". Le vignoble manchois vivote et finit par disparaître. Quant à la qualité, peu de références historiques, si ce n'est celle de l'Abbé Desroches dans son Histoire du Mont-Saint-Michel et de l'ancien diocèse d'Avranches en 1838. "On connaît le vin trenche-bouyau d'Avranches."
Le vin moderne du Cotentin sera sans aucun doute meilleur qu'à l'époque !
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