Longiligne à souhait, chaussures de danse aux pieds, on s'attend à discuter de danse classique avec Virginie Bassetti. Quand elle ouvre la porte de son atelier, on comprend rapidement où on met les pieds. Les magazines de beaux-arts empilés, les tableaux sous papier bulle et ces cloches sur plateau à roulette, il n'y a pas de doute, vous êtes chez une artiste.
Les décors des cloches
de Notre-Dame de Paris
Dès le plus jeune âge, à contempler les collines et les parapentistes en Suisse normande, Virginie dessinait. La gouache et le crayon à papier étaient ses meilleurs alliés. "Le dessin était un refuge. C'était ma manière à moi de m'exprimer", plonge-t-elle dans ses souvenirs. C'est tout naturellement qu'elle s'est orientée vers une spécialité arts plastique au lycée puis à l'École des beaux-arts de Rennes. Seulement, au cours de son cursus, elle est sortie du moule. Plutôt que de faire son stage dans une galerie d'arts, elle a tapé à la porte de la fonderie des cloches Cornille Havard, de Villedieu-les-Poêles (Manche), en 1994. "J'ai réalisé une première sculpture en bronze. J'aimais ce travail dans la poussière et le froid, dans une ambiance un peu rude. Soulever 40 kg ne devait pas poser problème, que l'on soit un homme ou une femme, dit-elle fermement. Je faisais plus de la métallurgie que du dessin", ce qui lui a valu quelques ennuis avec le corps enseignant. Artiste au caractère bien trempé, Virginie poursuit dans ce domaine. Quelque chose nous dit qu'elle a bien fait, puisqu'à 50 ans, elle est aujourd'hui la seule femme de France à faire de la sculpture sur cloche. Les deux autres sont des hommes : Marc Antoine Orellana et Jean-Claude Quinette. Son travail consiste à personnaliser les cloches. "Les décors de cloches étaient les mêmes depuis le XVIIIe siècle. Il y avait une sorte de standardisation. Je voulais moderniser cela." Pari gagnant. En 2012, la Normande a décroché le graal. Elle a eu l'opportunité de décorer les cloches de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Un an de travail pour sculpter huit cloches monumentales, dont la plus petite pèse 782 kg et la plus lourde plus de 4 tonnes. "C'était une belle récompense, surtout que je faisais de la recherche sur l'esthétique des cloches", se réjouit celle qui est désormais professeure en arts plastiques. Trois ans plus tard, elle avait été nominée "Chevalier des Arts et des Lettres" par la ministre de la Culture. Dans quelques semaines, elle prendra sous son aile Robin Gotti, un jeune de 18 ans qui rêve de devenir sculpteur sur cloches. Son rêve à elle serait de "réaliser un beau carillon d'au moins 50 cloches".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.