"Je suis une militante du lycée professionnel !", clame Dominique Schmaltz. Après un DUT Carrières sociales obtenu à Lille en 1981, cette native de l'Indre fait ses premiers pas dans l'enseignement au Maroc, pendant deux ans. De retour en France, elle s'occupe d'élèves en décrochage au sein d'une association havraise. Elle intègre le Greta en 1990, pour former des aides-soignantes, puis décroche son concours de professeur de lycée professionnel en 2005. Elle travaille d'abord à Vernon (Eure), avant de regagner la cité Océane, nommée en septembre 2008 au lycée public Françoise de Grâce.
Les élèves désormais mieux orientés
"J'ai été très bien accueillie par mes collègues", se souvient l'enseignante en Bac pro ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne), qui concède cependant l'"image assez négative" de son nouvel établissement à l'époque. "Il y avait une dévalorisation du lycée pro. Des idées véhiculées par les élèves, qui peuvent vivre cette orientation comme un échec, et par certains parents. Mais aussi par certains profs", ajoute Dominique, un sourire en coin. "Aujourd'hui, les élèves sont bien orientés. Et quand ils sortent, ils bossent et ont un salaire." Et à Françoise de Grâce, "il y a eu une évolution positive". Le lycée peut aujourd'hui se targuer notamment de nombreux projets scolaires proposés par la communauté éducative. "Des proviseurs nous ont fait confiance et permettent aux différents collègues de bosser ensemble."
La professeure, en outre, de tirer son chapeau à ses élèves "très courageuses". "On l'a vu pendant la Covid. Elles étaient en stage dans les Ephad. Ce n'était pas facile. Mais le travail auprès des personnes âgées leur apporte ce qu'elles attendent du métier : l'aide et l'accompagnement." Dans un cursus majoritairement féminin, l'enseignante insiste aussi sur l'importance pour les femmes d'avoir un métier et un revenu, "la clé de l'indépendance en cas de souci".
S'ouvrir davantage sur le quartier
Au sein d'un quartier de l'Eure en pleine mutation, Dominique souhaiterait que le lycée "s'ouvre davantage". Sur ton temps libre, elle a participé à la fête annuelle de quartier. "Avec une collègue et des élèves, nous avons tenu un stand et collecté des fonds pour une association humanitaire. L'occasion de rencontrer des membres d'autres structures, le patron du supermarché voisin, très fréquenté par les lycéens, et celui de l'usine Saverglass." La pandémie a mis un triste coup d'arrêt à ce type de rendez-vous. "Et ce que je regrette aussi avec le quartier, c'est qu'il est très bétonné, pas assez fleuri ni arboré", ajoute cette fondue de jardinage.
Bientôt la retraite ? "Sans déchirement, ni soulagement"
Cultiver son jardin sera l'un des hobbys de l'enseignante de 63 ans, quand elle prendra sa retraite. "Je veux aussi continuer dans l'aide aux autres", indique-t-elle. Elle évoque du bénévolat aux Restos du Cœur et de l'aide au devoir. "Sans déchirement, ni soulagement", Dominique Schmaltz pourrait raccrocher en juin prochain… mais elle réfléchit encore. Son fils étudiant a besoin de son soutien financier. "Je veux bien m'arrêter, mais il y a une sacrée décote !" Elle fixe deux conditions pour jouer les prolongations : "tant que je suis en bonne santé et que j'ai envie de venir travailler".
Secrets de profs
Quelques secrets de professeurs…
La prérentrée
Que font les enseignants
le premier jour ?
Les professeurs reprennent chaque année le chemin de l'école, du collège ou du lycée quelques jours avant les élèves. L'occasion de visionner les photos de vacances ? De papoter dans une ambiance festive ? De se détendre encore un peu avant de démarrer une nouvelle année sur les chapeaux de roues ? Eh bien, rien de tout cela ! "On a des réunions toute la journée, souffle Dominique Schmaltz dans un rictus. Ce n'est pas très marrant, mais on est quand même contents de retrouver les collègues !"
Interdit aux élèves
Que se passe-t-il derrière la porte close de la salle des profs ?
Pour les collégiens et lycéens, y entrer est une expérience rare. Presque un privilège. Le comportement d'un enseignant est forcément quelque peu différent, qu'il se trouve en classe ou qu'il soit en train de débriefer avec les collègues. "Certains profs râlent après les élèves, c'est vrai, admet Dominique. Et c'est barbant. Mais ça bosse aussi. C'est un lieu qui nous permet de travailler ensemble. Et le café y est très important !"
Première impression
Comment se faire bien voir
par un(e) professeur(e) ?
"Déjà, il faut é-cou-ter !, scande l'enseignante. Il faut être curieux, poser des questions. C'est très important." Et gare à celles et ceux qui se font remarquer - en mal bien sûr ! - dès le premier jour : "C'est un mauvais plan !" Mais pas question de laisser tomber ceux qui présenteraient des difficultés. "Il ne faut pas hésiter à demander de l'aide. Cela permet de mettre en place un accompagnement", rassure Dominique dans un sourire bienveillant. Elle estime que c'est "la force des lycées professionnels" à taille humaine, comme Françoise de Grâce.
Pour les débutants
Quels conseils à un(e) jeune prof qui fait sa première rentrée ?
"Il y a un écart entre ce que l'on apprend à l'école et la réalité, expose la professeure. Ce n'est pas un métier où l'on ne fait que transmettre des connaissances. Il faut aussi de la pédagogie, du relationnel, de la patience et de l'écoute", explique-t-elle avec sagesse. Dans le cadre de sa filière professionnelle, elle ajoute mettre l'accent "sur l'orientation et l'insertion", deux de ses "chevaux de bataille". Et dans un nouveau sourire de conclure : "Et il faut être positif !"
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