C'est en 2004 que les yeux de Mathieu Burnel, âgé de 29 ans, se sont posés pour la première fois sur le Queen Mary 2, lors d'une escale du navire britannique à Cherbourg (Manche). Il vient alors de se passer quelque chose dans la tête du natif de Valognes, alors âgé de 11 ans. "Je l'ai trouvé féérique", se souvient ce Havrais d'adoption. Sa passion était née.
En 2007, Mathieu noue contact par mail avec le directeur du club croisière du port manchois en charge des escales. L'ado de 14 ans est accueilli pour une visite de la gare maritime et scrute désormais chaque arrivée et chaque départ de bateau.
"Ma première visite à bord
d'un paquebot m'a marqué à vie"
Le lycéen lance en 2008 son blog, Ships in Cherbourg. "Je passe ma vie sur le port", admet-il. Ses parents font le taxi et sa mère est parfois réquisitionnée pour prendre les clichés, lorsqu'il ne peut être présent en personne. "Je suis invité partout pour parler croisière", se félicite Mathieu. Il se mue en spécialiste du sujet pour les médias locaux et parvient à décrocher une interview du capitaine du Black Watch (devenu en 2022 L'Odin, en vue de son démantèlement en Inde). Pour cet entretien, il fait ses premiers pas à bord d'un navire. "Ça m'a marqué à vie", se souvient Mathieu, des étoiles dans les yeux.
Il retrouve le "mythique" Queen Mary 2 lors d'une escale exceptionnelle à Cherbourg, en 2009. Il est cette fois personnellement invité sur le pont, le temps d'une journée, par le patron d'alors de la Cunard France, Rémi Arca.
Empêché d'embarquer par un handicap
En 2013, le jeune marin de 20 ans sort de l'ENSM du Havre avec un diplôme d'officier polyvalent. Il intègre alors les croisières françaises Ponant. Puis, à partir de 2017, les équipes du Celebrity Eclipse (Royal Caribbean) dont il est littéralement tombé amoureux en 2009, lors du voyage inaugural du navire auquel il a participé. "J'étais quasiment en pleurs avant d'embarquer à Southampton et j'ai même conduit pour la sortie de New York au retour. La plus belle transat' de ma vie !" La carrière de Mathieu à bord se termine en 2018, avec la découverte de son épilepsie, incompatible avec le statut de membre de l'équipage. "Un crève-cœur", soupire-t-il.
Aujourd'hui, le Havrais enseigne à l'Hydro, travaille à l'accueil des passagers au terminal croisière et comme guide à l'office de tourisme et au Port Center. Il se consacre aussi à son site internet dédié au monde maritime, passengerships.fr.
Le Queen Mary 2 fait toujours rêver
Le paquebot de la Cunard, avec ses élégantes cheminées, est l'un des chouchous des Havrais.
Le dernier "liner"
En provenance de Soupthampton, le paquebot fera son entrée dans le port de la cité Océane ce 16 septembre, vers 5 h 30. Il repartira le soir-même à 20 heures, direction New-York. "Au moins 300 à 400 personnes seront là pour le voir appareiller", prédit Mathieu Burnel.
"Le Queen Mary 2 est le seul navire à avoir le statut de 'liner'. Il est l'héritier des mythiques transatlantiques. D'autres bateaux effectuent le trajet, mais pas sur des bases régulières. Son rôle premier, c'est la transat !"
Le Queen Mary 2 a encore
de beaux jours devant lui
Construit sur les chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le navire de 345 m de long et 41 m de large, avec ses 17 ponts, était lors de son lancement, en 2004, le plus gros paquebot du monde. Il peut accueillir jusqu'à 3 000 passagers en capacité maximale. "C'est une certaine idée du voyage, dans la pure tradition des transatlantiques", note Mathieu, qui juge cette ambiance formelle un peu "démodée". Mais le jeune spécialiste de noter : "Le plus vieux paquebot du monde, l'Astoria, a navigué plus de 70 ans."
Le Queen Mary 2 fêtera en 2024 ses 20 ans sur les flots.
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