Alors que le pétrole est cher et que la planète brûle, il s'agit notamment d'appuyer moins sur le champignon, en passant par exemple de 120km/h à 110 sur autoroute ou de 90 à 80 sur nationale.
Il faut également passer les vitesses au bon moment, couper le moteur à l'arrêt, enlever les coffres de toit ou ne pas abuser de la climatisation, souligne Guillaume Sabiron, de l'Institut français du pétrole-Energies nouvelles (Ifpen).
Jusqu'à -40% de consommation
Alors que les voitures particulières représentent 12% de la pollution liée au transport dans l'Union européenne, l'écoconduite permet de réduire immédiatement la consommation d'essence de 6 à 40%, limitant en même temps les émissions de gaz polluants et le nombre d'accidents.
La plupart de ces techniques permettent aussi de prolonger l'autonomie des voitures hybrides et électriques.
Au contraire, "une conduite agressive (accélérations rapides et freinages intempestifs) augmente la consommation de 30 à 40%", mais va aussi épuiser les pneus et les freins, souligne Stacy Davis, du laboratoire américain d'Oak Ridge, qui teste ces techniques.
Formalisés dès les premiers chocs pétroliers, dans les années 1970, les principes de l'écoconduite ont commencé à être largement diffusés récemment.
Sur le site "FuelEconomy.gov", lancé en l'an 2000, l'Agence américaine de l'Environnement (EPA) rassemble des dizaines de conseils mis à jour, tout comme l'Ademe en France, ou le ministère britannique des Transports.
En France, ces principes sont enseignés lors du passage du permis de conduire et permettent d'obtenir un point bonus à l'examen.
Mais cette autodiscipline a du mal à s'affirmer sur la route, où l'objectif est souvent d'arriver à destination le plus vite possible. En pleine hausse des prix de l'essence, en février 2022, moins d'un quart des automobilistes français pensaient à rouler plus lentement pour moins consommer, selon un sondage de l'Ifop pour l'application Odopass.
"J'avais une conduite plus sportive, maintenant je regarde mon compte-tours", soulignait vendredi Damien, 42 ans, à la station-service Auchan d'Avallon (Yonne). Cet enseignant essaie aussi de "maximiser les trajets" et de "gonfler un peu plus les pneus".
"Mon mari est routier et le fait, moi j'ai pas été formée! Mais je roule doucement", expliquait à la pompe d'à côté Christine, 48 ans. Les entreprises de transport ont bien compris qu'elles pouvaient économiser des dizaines de milliers de litres de gazole. De nombreux chauffeurs à travers le monde ont été formés à partir des années 2010.
"C'est au gouvernement de prendre des mesures!", lançait de son côté Dominique, 59 ans. "Il faut juste rouler moins".
Changer de voiture?
De fausses bonnes idées polluent le débat. Surgonfler ses pneus, éteindre le moteur en descente, se coller aux camions sur l'autoroute, ajouter des accessoires électroniques: ces conseils de fans de l'"hypermiling" ("hyperkilométrage") sont parfois contre-productifs, et souvent dangereux.
Des formations sont aussi disponibles pour les particuliers. Mais il faut aussi étudier ce qui peut gêner les automobilistes dans l'écoconduite, souligne le chercheur britannique en psychologie Craig K. Allison, associé à d'autres universitaires.
Dans une étude publiée début 2022, des tests en simulateur ont montré des automobilistes démotivés, a priori à cause des consignes à respecter et du trajet un peu plus lent, mais affichant une meilleure estime d'eux-mêmes à l'issue de l'exercice.
Ces chercheurs soufflent aux constructeurs de pousser le conducteur à adopter une conduite plus mesurée parfois avec des scores d'écoconduite s'inspirant des jeux vidéo.
Selon l'EPA, les voitures neuves n'ont jamais été aussi économes, même si elles se sont fortement alourdies au cours des dernières décennies. Passer à l'hybride (essence ou diesel) ou à l'électrique permet aussi de polluer moins, notamment en ville.
Mais il s'agit d'abord de rouler avec un véhicule bien entretenu et adapté à ses usages: en privilégiant les petits moteurs et des formes aérodynamiques, en évitant les sportives, et les SUV ailleurs que sur les chemins.
Et mieux vaut "changer de mobilité que de voiture", souligne Guillaume Sabiron à l'Ifpen. Si c'est possible, "faire une journée de télétravail ou se déplacer à vélo aura beaucoup plus d'impact".
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