Les automobilistes qui empruntent quotidiennement la D925 entre Fécamp et Le Havre doivent souvent s'armer de patience. D'un centre-ville à l'autre, il faut compter entre 45 minutes et une heure de route. C'est le cas si on ne tient pas compte des bouchons aux heures de pointe ou créés par la présence régulière d'engins agricoles. Les usagers qui l'utilisent pour leurs trajets domicile travail connaissent l'enfer de la D925.
Le trafic arrive à saturation sur cet axe. Selon les dernières données de comptage du Département de Seine-Maritime (hors périodes de restriction des déplacements liées à la Covid-19) le trafic est de l'ordre de 12 000 véhicules par jour entre Epreville et Goderville, 6 000 véhicules par jour sur le contournement de Goderville et 12 000 véhicules par jour entre Goderville et Saint-Sauveur-d'Emalleville. À partir de Saint-Sauveur-d'Emalleville, le trafic augmente nettement avec un trafic approchant les 18 000 véhicules par jour jusqu'à Hermeville et près de 20 000 entre Hermeville et Epouville. "Cette saturation de la voie induit que certains usagers, notamment aux heures de pointe, se reportent sur des itinéraires alternatifs afin d'éviter ce secteur saturé," indique le Département. C'est pourquoi une réflexion est menée depuis 2016 autour de l'aménagement de cet axe.
Fécamp veut une 2x2 voies jusqu'à ses portes
Pour fluidifier et sécuriser la RD925, le Département a déjà réalisé des travaux. La 2x2 voies entre Montivilliers et Epouville (RD489) a été mise en service en 2004. En 2005, le rond-point de Saint-Sauveur-d'Emalleville a vu le jour, suivi en 2006 du contournement de Goderville. Le rond-point d'Ecrainville a été réalisé en 2018. Cette année, les travaux du rond-point d'Auberville-la-Renault devraient débuter et une 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville est à l'étude. De plus, des bandes multifonctions (élargissant la chaussée) sont créées entre Saint-Sauveur-d'Emalleville et Fécamp pour faciliter les dépassements de véhicules lents.
Du côté de Fécamp, sans vouloir s'immiscer dans les compétences du Département, David Roussel, le maire et premier vice-président de l'agglomération, est en faveur d'une 2x2 voies allant jusqu'à la cité Océane. "Fécamp est enclavée, c'est un handicap. Le Havre reste notre bassin d'emploi principal. Une 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville, c'est déjà une bonne chose. Il faut y aller tronçon par tronçon mais c'est au Département de choisir." Conscient de la nécessité de désengorger l'axe, David Roussel estime qu'il faut développer les modes de transport alternatifs. "Avec la Région, nous avons rouvert la ligne SNCF entre Fécamp et Bréauté en 2016. L'agglomération lance une application de covoiturage, en partie subventionnée par Fécamp Caux Littoral. Il faut aussi réfléchir à la mise en place de navettes en bus entre Fécamp et Le Havre, dont certaines passeraient par Criquetot-l'Esneval. Des navettes qui seraient plus régulières. C'est un vieux projet qu'il faut remettre à jour."
Quid des terres agricoles ?
Le prolongement de la 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville inquiète les agriculteurs. Ils craignent de perdre beaucoup de terres agricoles.
Le monde agricole ne voit pas d'un bon œil ce prolongement de la 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville. Le contournement d'Hermeville par Angerville-l'Orcher va nécessiter un passage par les champs. Une association d'agriculteurs a vu le jour au début de l'été, "Sauvons nos terres D925". Sébastien Dégénétais en est à sa tête.
D'autres solutions
La réunion du mois de mai avec le Département ne l'a pas rassuré. "Ils sont arrivés avec un dossier déjà bien complet, avec un seul tracé. On a peur que tout se fasse dans notre dos. Nous ne sommes pas assez associés aux démarches. Il faut se mettre autour de la table pour pour faire en sorte qu'il y ait le moins d'emprise foncière possible. Pour l'instant, on nous présente un projet avec une route d'une largeur de 30 mètres. Il y aura la 2x2 voie interdites aux tracteurs (alors qu'en Bretagne c'est possible) et à côté une autre voie pour qu'on puisse circuler."
L'association ne se dit pas opposée aux aménagements de l'axe pour tenter de fluidifier le trafic. "On ne veut pas s'opposer aux automobilistes. En fait, le problème ne se pose que le matin et le soir. Il y a peut-être d'autres solutions, comme élargir les voies existantes comme sur le contournement de Goderville. Ça permet aux voitures de doubler les tracteurs. On pourrait aussi refaire le rond-point d'Hermeville, pour le faire plus grand. Nous, on veut discuter de toutes les solutions. Il faut nourrir le monde et on nous enlève des terres agricoles."
Le prolongement de la 2x2 voies fait-il l'unanimité ?
Le projet de prolongement de la 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville est bien accepté dans l'ensemble. Des craintes se font toutefois entendre, entre la perte de terres agricoles et les nuisances sonores.
Avec un trafic routier de 20 000 véhicules jour à Hermeville, tout le monde est d'accord sur le fait que l'axe est saturé. Le prolongement de la 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville, qui semble sur le papier une évidence, n'est pas sans soulever quelques craintes.
Hermeville, le point noir de la D925
Le petit village d'Hermeville, un peu plus de 350 habitants, est particulièrement concerné par l'enfer de la D925. C'est au niveau du rond-point d'Hermeville que se forment les principaux embouteillages aux heures de pointe. Pour autant, l'annonce d'une 2x2 voies ne déclenche pas un enthousiasme débordant. "Elle est très attendue par les gens qui travaillent au Havre, reconnaît Daniel Lemesle, le maire. Mais dans le bourg, ça ne devrait pas changer grand-chose. En décembre dernier, on était à plus de 4 200 véhicules jour, avec les gens qui vont sur Etretat. Ils passeront toujours par là. Le conseil municipal a voté pour la 2x2 voies avec une réserve : il ne faut pas que le tracé coupe des terres agricoles en deux."
Sur le tracé présenté aux élus en juin par le Département, la voie rapide part du giratoire d'Epouville pour rejoindre Angerville-l'Orcher où devrait être réalisé un grand rond-point. "Ça coupe les parcelles agricoles en deux. Il faut un tracé plus haut, qui longerait un ancien chemin rural. Ça ferait gagner des terrains."
Du côté du Département de Seine-Maritime, on se veut prudent. "Les études menées sont au stade de l'opportunité et de la faisabilité du projet, nous explique-t-on. Nous n'avons pas de tracé précis pour l'instant." Des réunions ont été organisées avant l'été avec les agriculteurs et les élus. "Une concertation grand public viendra à l'automne et permettra d'affiner le projet et de confirmer son opportunité. Une première phase d'étude de tracé précis sera lancée en 2023, en vue de préparer un dossier d'enquête publique pour 2024 ou 2025."
Saint-Sauveur-d'Emalleville, entre impatience et craintes
Si le tracé de la 2x2 voies n'est pas encore tout à fait établi, elle devrait bien partir du rond-point d'Epouville pour rejoindre celui de Saint-Sauveur-d'Emalleville. Dans ce village de plus de 1 000 habitants, le projet est accueilli favorablement. Le conseil municipal a voté pour, en juin dernier. "C'est plutôt positif, assure Véronique Lecarpentier, la première adjointe. On l'attend depuis longtemps. On a hâte. Ça va renforcer notre attractivité, attirer de nouveaux habitants."
L'arrivée d'une voie rapide, ce sont aussi des craintes. Plusieurs aspects interrogent. Le premier concerne les nuisances sonores. "Il faut voir quels seront les aménagements pour limiter le bruit, comme la plantation d'arbres. L'autre point, c'est l'accès à la route de Criquetot-l'Esneval et Etretat. Là en arrivant du Havre, on peut tourner à gauche avant le rond-point. Avec la 2x2 voies, tout le monde arrivera sur le giratoire. Il y a la crainte que ça bouchonne comme c'est le cas à la sortie de la 2x2 voies à Epouville."
"C'est un axe structurant et stratégique entre Le Havre et Fécamp"
La D925 entre Fécamp et Le Havre est fréquentée par 20 000 véhicules jours à certains endroits. Le prolongement de la 2x2 voies devient nécessaire.
Le projet de sécurisation de la D925 entre Fécamp et Hermeville remonte à fin 2016.
Quels sont les enjeux
de ce tronçon de la D925 ?
C'est un axe très fréquenté, 20 000 véhicules par jour à certains endroits. On est entre 10 000 et 12 000 entre Fécamp et Goderville. Après Goderville, le trafic augmente jusqu'à 20 000 véhicules à Hermeville. C'est un axe structurant et stratégique pour l'économie entre Fécamp et Le Havre. C'est important également pour les trajets domicile travail.
Où en est le projet de la 2x2 voies ?
Elle sera construite entre Hermeville et Saint-Sauveur-d'Emalleville. On y travaille déjà. Une première réunion de travail avec les agriculteurs s'est tenue à Angerville-l'Orcher en mai et un comité de pilotage avec les maires a été organisé en juin. Les études environnementales vont démarrer ou sont en cours. L'objectif est de commencer les travaux en 2025.
Pourquoi ne pas la prolonger
jusqu'à Fécamp ?
C'était une demande à l'origine mais on l'a rapidement abandonnée. En réalité, c'est de la consommation de terres agricoles supplémentaires pour un bénéfice qui n'est pas avéré. Entre Fécamp et Hermeville, on ne gagnerait qu'une minute.
Le coût de l'opération ?
Tout est déjà acté et voté. Il y en a pour environ 30 millions d'euros. Comme c'est un itinéraire d'intérêt régional, ce sera partagé à parité entre le département de Seine-Maritime et la région Normandie.
Les travaux débutent entre Auberville et Sausseuzemare
Un rond-point va enfin voir le jour sur la D925 pour desservir Auberville-la-Renault et Sausseuzemare-en-Caux.
Les habitants d'Auberville-la-Renault et de Sausseuzemare-en-Caux le savent, sortir de ces villages pour s'insérer sur la D925 aux heures de pointe est une question de patience.
Le projet a pris du retard
"On parle d'un rond-point depuis 40 ans. C'est un dossier que j'ai relancé quand j'ai été élu en 2015", explique Michel Lemesle, le maire d'Auberville-la-Renault. Fin 2016, le Département mène des études et acte les ronds-points d'Ecrainville et d'Auberville. Celui d'Ecrainville sera réalisé en 2018 mais celui d'Auberville prend du retard. C'est un problème d'achat de terrains (8 000 m2) qui retarde le chantier. Le Département de Seine-Maritime indique que les travaux sont prêts à démarrer, un accord ayant enfin été trouvé avec le propriétaire, le Groupement foncier agricole La Couarde.
Les travaux vont durer au maximum six mois. Le chantier se fera avec des fermetures ponctuelles et alternées de la D68 avec mise en place de déviations. Le goudronnage nécessitera la fermeture de l'ensemble des voies pendant six nuits.
"C'est une très grosse satisfaction de voir avance ce dossier", confie Michel Lemesle. "Le carrefour est très dangereux. J'ai compté onze accrochages sur le secteur en 2019. Le dernier accident mortel remonte à 2007, à hauteur de la rue de la Vierge. Une fois le rond-point réalisé, il faudra d'ailleurs la condamner. J'en ferai la demande au Département."
La RD625 est-elle une route dangereuse ?
Entre les excès de vitesse et les nombreux accrochages, l'axe est réputé dangereux. Les chiffres ne sont pourtant pas alarmants.
La RD625 jouit d'une mauvaise réputation. La route est considérée par de nombreux automobilistes comme dangereuse. Les chiffres officiels ne vont pourtant pas dans ce sens. La préfecture de Seine-Maritime assure que "si cet axe connaît un trafic important, il n'est pas plus accidentogène qu'une autre route à trafic équivalent". Sur les cinq dernières années, on recense 23 accidents occasionnant 26 blessés. Le Département de Seine-Maritime indique que depuis avril 2016, quatre accidents ont été mortels, provoquant le décès de cinq personnes. Ils se sont produits à chaque fois sur le territoire de la commune de Manéglise, entre Hermeville et Epouville. C'est le secteur qui supporte le plus fort trafic de l'axe Fécamp Le Havre.
En dehors des bouchons,
la vitesse est excessive
Ces chiffres officiels ne tiennent pas compte des nombreux accrochages ne nécessitant pas l'intervention des forces de l'ordre ou des secours. Michel Lemesle, le maire d'Auberville-la-Renault, a comptabilisé pas moins de 11 accrochages sur son seul secteur et sur la seule année 2019. Les témoignages d'automobilistes sont également nombreux. Ils s'expriment notamment via la page Facebook "Infos Trafic Le Havre" qui rassemble plus de 95 600 abonnés. Son administratrice (qui préfère garder l'anonymat à la suite de menaces d'automobilistes "énervés") nous le confirme, "la RD925 revient régulièrement sur la page". Elle a repéré trois secteurs où les accrochages sont plus nombreux qu'ailleurs : entre le rond-point d'Epouville et celui d'Hermeville, le carrefour permettant d'accéder à Criquetot-l'Esneval et Etretat à Saint-Sauveur-d'Emalleville et la section entre Epreville et Saint-Léonard juste avant Fécamp. "Quand ça ne bouchonne pas, ça va très vite. Notamment depuis la crise sanitaire, il y a du relâchement, les gens roulent plus vite."
La future 2x2 voies sera à 90 km/h
Les aménagements réalisés ou à venir du Département sur l'axe ont pour but d'améliorer la sécurité routière.
[photo2]
Les bandes multifonctions doivent faciliter le dépassement des engins agricoles. Les ronds-points sécurisent les carrefours et diminuent la vitesse. Sur la future 2x2 voies entre Epouville et Saint-Sauveur-d'Emalleville, la vitesse sera limitée à 90 km/h. La préfecture est consciente que "l'axe est propice aux grands excès de vitesse de par ses longues lignes droites. Les voitures radars sont très fréquemment sollicitées sur ce tronçon", indiquent les services de l'État.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.