Dans la rue du Gros Horloge, Inkoj repère le sol d'un hall d'entrée, avec des carreaux de ciment ternis. Lui, voit la beauté de l'artisanat. Celui que les habitants foulent dans les vieux immeubles rouennais. "Je trouve ça beau, c'est vieillot avec des formes particulières et ça a été posé par des gens, ça me subjugue !" Plus loin, l'artiste repère un nid-de-poule, une autre "cicatrice" du bitume. Il viendra l'habiller à l'aide d'un pochoir à motifs, un soir, discrètement, pour son plaisir de rendre beau ce qui ne l'est pas et pour l'offrir aux yeux des habitants. Au réveil, les passants découvriront l'œuvre, peut-être pas le lendemain, mais un jour, ils seront interpellés par la fresque. "Rouen est une ville extrêmement belle et riche en patrimoine. C'est dur de s'intéresser au passé parfois, donc je change la forme pour qu'on s'y intéresse."
L'art dans la peau
Féru d'histoire de l'art, Inkoj, de son vrai nom Nicolas Soulabail, a toujours baigné dans le monde artistique. Ses parents sont peintres. Très jeune, il dessine. Ses parents détectent chez lui, un sens de la perspective. "C'était compliqué pour moi d'imprimer ma patte dans ce milieu", reconnaît Inkoj. Il fait l'école des Beaux-Arts mais "bifurque", devient scénographe, architecte d'intérieur et plasticien. En arrivant à Rouen, il réalise une fresque de carreaux de ciment dans les rues puis deux, puis trois et "j'ai pris rendez-vous à la mairie pour me dénoncer, je leur ai demandé l'autorisation de peindre librement, j'ai d'abord demandé dix fresques. J'ai pu peindre toute l'année pendant les confinements", s'amuse l'artiste. "Ça faisait du bien aux gens de découvrir qu'on mettait en valeur leur patrimoine et moi, ça m'occupait."
Inkoj réalise en ce moment sa plus grande œuvre. La fresque monumentale de la rue Jeanne d'Arc s'étend sur 700 mètres de long, cette commande de la métropole de Rouen est un défi. Quatre chapitres de l'œuvre sont peints sur le macadam aux croisements des rues en s'inspirant du patrimoine environnant. Le quadragénaire sort sa bombe de peinture pour signer une fresque en jaune. C'est sa couleur et ce fut même un temps son surnom. Une teinte lumineuse à laquelle d'autres couleurs s'ajoutent à son pseudo d'aujourd'hui. Inkoj vient de l'espéranto, le langage universel, "l'autre nom de l'art". Inkoj, se traduit par encres, "ça représente ma petite palette de talents et avec tous ces mélanges, j'arrive à faire des trucs". "L'inko" jusque dans la peau, l'artiste se fait régulièrement tatouer des taches de peintures. Chacune est unique et éclabousse le corps d'Inkoj comme "l'art éclabousse le monde".
Chaque œuvre de la fresque monumentale réalisée par l'artiste Inkoj rue Jeanne d'Arc s'inspire du patrimoine rouennais et des quatre éléments de la nature. - Sarah Gilmant
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Dans ma commune les employés municipaux qui font les marquages au sol des voies sont aussi artistes !