Avec près de 32 000 habitants au compteur, comment la deuxième plus grande ville de l’agglomération rouennaise prépare-t-elle l’avenir ?
A la conquête du rail
L’indéboulonnable député-maire socialiste Pierre Bourguignon, rocardien en terre fabiusienne, à la tête de la municipalité depuis 1989, a appliqué à Sotteville une méthode toute personnelle : “Je fais de la ville” ! répète-t-il à l’envi. Une “haute couture” rendue complexe dans une ville où l’espace est rare. “En comptant la zone d’activité, les bords de Seine, le boulevard industriel, la zone ferroviaire et nos espaces boisés, un tiers du territoire n’est pas constructible. Dans les deux tiers restants, la densité urbaine atteint 7 300 habitants par kilomètre carré, similaire à celle d’une très grande ville. Il faut donc, en fait, refaire de la ville sur la ville !” Quitte à autoriser, malgré les réticences de certains riverains et élus du conseil municipal, la construction de nouvelles HLM hautes de 30 mètres.
L’avenir de Sotteville passe aussi par la “reconquête” de la ville sur les rails. Beau clin d’œil de l’histoire pour cette commune marquée par le chemin de fer et le poids des cheminots : avec son projet “100 mètres de ville en plus”, Pierre Bourguignon veut “étendre le tissu urbain” dans la zone ferroviaire. “La ville va se regreffer sur une bande de 100 mètres de largeur”. Atelier 231, nouvelles activités économiques de la SNCF, futurs logements, projet de gymnase : lentement mais sûrement, le nouveau Sotteville sort de terre.
Le défi de la première ville de la rive gauche est de croître sans perdre son identité “populaire”. Et son marché hebdomadaire, le plus important de l’agglomération rouennaise, illustre une étonnante vitalité. Une qualité de vie qui se ressent jusque dans le marché immobilier local. “Sotteville est très recherchée, confirme Séverine Blot, responsable de l’agence Orpi. Elle fait partie des villes incontournables de la rive gauche. Ses atouts ? La présence du métro et de nombreux services. A l’achat, les prix sont équivalents à ceux de Rouen rive gauche”.
Dans ce tableau plutôt flatteur, quelques voix discordantes se font néanmoins entendre. “Tout n’est pas si rose, glisse Stéphane Delahaye, conseiller municipal de droite. Dans certains quartiers, comme dans la rue Victor Hugo, des petits commerces ferment et la municipalité ne fait rien pour les retenir”. Le maire, lui, préfère mettre en avant son volontarisme en la matière. Il a ainsi pris un arrêté et utilisé son droit de préemption pour protéger le commerce local contre les grandes enseignes bancaires, d’assurance ou immobilières. Dans le centre-ville, un vendeur de légumes et un bijoutier ont ainsi pu griller la politesse à deux banques. Telle est la “méthode Bourguignon” : l’art de faire de la “dentelle” avec une main de fer.
Thomas Blachère
Repères
Le maire. Sociologue et urbaniste très impliqué dans les questions de développement urbain, Pierre Bourguignon a été élu député pour la première fois en 1981.
Place nette. Agé de 250 ans mais malade, le vieux platane de la place de l’Hôtel de Ville va être abattu du 17 au 26 octobre. Cette place doit être prochainement rénovée.
Assos. Sotteville est la commune de l’agglomération comptant le plus grand nombre d’associations par habitant. Ses gymnastes et son meeting d’athlétisme font autorité.
Viva Cité. Ce festival des arts de la rue est l’une des plus belles réussites culturelles de la ville. Sa 22e édition s’est déroulée en juin dernier en présence de 70 compagnies.
Future gare LGV : Saint-Sever ou Sotteville ?
Si le débat public sur la Ligne nouvelle Paris-Normandie s’ouvre le 3 octobre (lire page 6), les grands élus socialistes de l’agglomération expriment d’une même voix leur préférence pour construire la future gare “TGV” à Saint-Sever. Même Pierre Bourguignon soutient ce choix, bien que le nom de sa commune circule aussi pour accueillir ce qui sera l’un des plus gros projets des vingt prochaines années. “Imaginez une gare à Sotteville, au milieu des voies ferrées ! s’exclame le député-maire. Saint-Sever est la meilleure option. Il faut maintenant se battre pour que ce projet voie le jour. Il faudra aussi développer les faisceaux de fret”.
Il y a donc peu de chances pour que Sotteville héberge la future grande gare de Rouen. “C’est dommage, estime Stéphane Delahaye, conseiller municipal d’opposition. Pourquoi ne pas défendre l’option sottevillaise quand on prétend défendre le rail ? Regardez notre gare actuelle... c’est une poubelle”.
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