![[Enquête]. JO 2024 : quelles délégations vont venir à Caen ?](https://medias.tendanceouest.com/photos/1200/399306/)
Dans 765 jours, la flamme olympique s'allumera sur les bords de Seine. Paris donnera le coup d'envoi des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, la 33e olympiade de l'Histoire. À Caen, le travail a commencé dès 2017. Avec neuf sites d'entraînement labellisés pour accueillir des délégations dans l'agglomération caennaise, la Ville a déjà validé la venue de la fédération canadienne de natation au stade nautique Eugène-Maës. Cet équipement a pris le dessus sur les piscines de Limoges, Mulhouse et Eindhoven, aux Pays-Bas. C'est grâce à l'agence Spartner, spécialisée dans l'événementiel et les projets de déplacements des acteurs du sport en France et à l'international, que les liens ont été noués. Un prestataire incontournable pour la Région Normandie, selon Aline Louisy-Louis, vice-présidente en charge du sport et de la jeunesse : "C'était notre première porte d'entrée. Il y a eu un audit à la piscine. On a aussi une histoire commune avec le Canada, avec la guerre de 1939-45."
Des créneaux réservés pour le Canada, au détriment du public
Une première visite de la délégation sous la houlette de John Atkinson, directeur de la haute performance du Canada, a eu lieu en fin d'année 2021. "Il fallait être très réactif", souligne Mathilde Sillard, qui coordonne le projet base arrière des Jeux à la Région. Du côté du stade nautique, les acteurs du quotidien ont été sollicités sur la partie technique. "Il ne suffit pas d'avoir de l'eau. Ils sont très attentifs à être dans les mêmes conditions qu'en compétition, raconte Nicolas Couderc, le directeur du club de l'Entente nautique caennaise (ENC). Ils ont des besoins spécifiques sur les largeurs autour du bassin, les plaques de chrono, les départs d'eau…" Le compte à rebours est lancé à la piscine. Une première phase concrète va avoir lieu cet été, du 17 au 23 juillet. Une délégation de 31 nageurs va s'emparer des lignes d'eau du bassin olympique extérieur et du bassin 25 m intérieur pour préparer les Jeux du Commonwealth.
Avec quelles conséquences pour les usagers ? "Contrairement aux grosses délégations, le Canada ne demande pas l'exclusivité des lieux", répond Aristide Olivier, élu aux sports à la Ville de Caen. La sélection, qui a tout de même glané six médailles aux Jeux de Tokyo, exige en revanche de bénéficier de plages horaires spécifiques à raison de deux créneaux par jour. Les bassins de nage seront fermés au public de 8 heures à 11 heures et de 16 heures à 19 heures. La halle d'activités restera accessible. Quid du club ? Une dizaine de nageurs nationaux de l'EN Caen se préparent pour les Championnats de France au même moment. "Il va falloir jongler entre les créneaux des Canadiens. On a besoin d'avoir un bassin de 50 m, donc on n'exclut pas la possibilité d'aller s'entraîner à Rouen ou au Havre", explique Nicolas Couderc. Dans ce contexte, la délégation est prioritaire. Des négociations sont en cours pour ouvrir au public un entraînement des nageurs canadiens. De quoi laisser un avant-goût de ce qui nous attend à l'été 2024. Le programme s'affine de jour en jour.
En chiffres
Dans moins de deux ans seront lancés les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. La Ville de Caen fait partie des terres d'accueil de délégations étrangères. Découvrez quelques chiffres.
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Neuf sites dans l'agglomération caennaise ont été labellisés sites d'accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. À Caen, sont concernés le stade Hélitas, le stade nautique, la base d'aviron, la base nautique (kayak), l'actuel Palais des sports, le futur Palais des Sports, la Halle Saint-Jean-Eudes ; à Mondeville, il s'agit de la halle Bérégovoy et, à Hérouville-Saint-Clair, le stade Prestavoine.
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C'est le nombre de personnes qui composent la délégation canadienne de natation. Le stade nautique Eugène Maës accueillera 31 nageurs et 25 membres du staff du 17 au 24 juillet 2022, puis en 2024, à la veille des Jeux. Une autre petite délégation canadienne de nage en eau vive sera présente du 30 juin au 6 juillet 2022, composée de neuf personnes. Environ dix bénévoles par jour seront présents à la piscine pour gérer l'accueil et la logistique.
3
En 2024, les nageurs canadiens devraient séjourner à Caen pendant environ trois semaines. Ils seront hébergés à l'hôtel Mercure du port de plaisance.
30 000
C'est le montant minimum qu'a déboursé la Région Normandie pour missionner l'agence Spartner à démarcher des délégations étrangères. Si elle ne souhaite pas donner de chiffre précis, ce budget pourrait même atteindre jusqu'à 50 000 €. Il s'agissait d'un contrat de douze mois.
Athlé, aviron… L'heure des négociations
Attirer les délégations étrangères dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 est un véritable travail de fourmi. La Ville de Caen mise sur l'athlétisme et l'aviron. Explications.
Il y a des années comme celles-ci où le faux départ est interdit. La préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 est un travail de longue haleine, y compris pour les collectivités locales qui sont base arrière des Jeux. Les déplacements du président de Région Hervé Morin en Colombie en 2018 ou au Maroc en 2019 en témoignent, tout comme les liens que peut nouer l'agence Spartner avec la délégation canadienne dès 2017 (lire par ailleurs). Afin d'attirer des délégations, la Ville de Caen a passé la deuxième. Outre le Canada en natation, des discussions sont engagées avec d'autres pays. "On est en pourparlers avec une délégation sur l'athlétisme et sur l'aviron, évoque Aristide Olivier, maire adjoint aux sports à la Ville de Caen. Nous sommes deux villes encore en course sur huit au départ, on espère remporter la mise." L'élu reste discret quant au nom de la nation approchée, mais il assure qu'il s'agit "d'une grosse délégation", tout en ajoutant que "c'est une candidature qui n'est pas que portée par Caen. Si elle accepte, on aurait l'ensemble de la délégation sur différents sites". Le verdict est attendu avant la fin du mois de juin.
La Chine en aviron ?
Une chose est sûre, il ne s'agit pas de la France mais d'une délégation venue visiter les lieux pendant la Gymnasiade, l'équivalent des Jeux du sport scolaire, qui s'est déroulée du 14 au 22 mai dernier. La Chine en fait partie. Elle serait l'une des pistes les plus sérieuses en aviron. Dans cette discipline, Caen peut aussi jouer compter sur le réseau de Privel Hinkati, un rameur qui a participé aux Jeux de Tokyo 2021. Il a déjà lancé des pistes auprès de nations d'Amérique du Sud par exemple. "J'ai contacté le Paraguay, l'Uruguay, le Brésil. Je connais bien aussi les États-Unis, mais leurs exigences sont bien au-dessus de nos moyens. Il n'y a aucune chance qu'ils viennent ici", dévoile celui qui a concouru sous le maillot du Bénin. À ce stade, il ne s'agit que de premières prises de contact. Il a aussi été sollicité par d'autres pays "pour quelques questions", évoque-t-il. La Ville de Caen prévoit d'ailleurs de rencontrer la Société nautique de Caen Calvados (SNCC) avant l'été pour, peut-être, faire avancer les dossiers.
En tennis de table par exemple, la fédération équatorienne a choisi Argentan. Là encore, c'est une histoire de réseau qui a fait la différence. L'Équatorien Alberto Mino, n°1 dans son pays, est un ancien joueur du club. Les relations étaient déjà établies avant même de penser aux Jeux Olympiques. Caen n'avait alors aucune chance dans cette bataille. "Notre stratégie n'est pas d'aller tous azimuts, rappelle Aristide Olivier. Si on arrive à accueillir trois délégations à Caen, ça serait idéal pour ne pas trop impacter les usagers dans leurs pratiques respectives. Évidemment, on ne se ferme pas de portes." Dans un contexte où la concurrence est rude, la Ville va devoir entretenir chaque petite flamme. Elle souhaiterait que tout soit finalisé en octobre 2022. De nouvelles délégations devraient venir visiter les lieux ces prochaines semaines. En espérant que Caen décroche une voire plusieurs médailles…
La Ville a de nombreux atouts à faire valoir
En préparant les Jeux Olympiques de Paris 2024, les délégations sont particulièrement vigilantes à la qualité et aux atouts de leur site d'entraînement. L'environnement autour compte aussi beaucoup. Explications.
La Gymnasiade, les championnats de France d'athlétisme, le triathlon de Deauville… En voilà de belles opportunités pour faire du lobbying auprès de fédérations étrangères. Pour attirer, Caen mise d'abord sur la qualité de ses équipements sportifs. La Ville bénéficie d'une piscine rénovée en 2017, d'une piste d'athlétisme refaite à neuf en 2018, d'une halle Saint-Jean Eudes flambant neuve et d'un futur Palais des sports, prêt pour l'été 2023. Bien que labellisé centre de préparation des Jeux, ce palais des sports semble arriver trop tard dans le calendrier. "Les délégations veulent quelque chose clé en main. Elles ne peuvent pas juger que sur plan à ce niveau de compétition", évoque Aristide Olivier, maire adjoint à la Ville en charge des sports. Les atouts de Caen ? Sa proximité avec Paris, où se dérouleront la majeure partie des épreuves des JO, et l'offre hôtelière.
Pour l'accueil du Canada au stade nautique, Aline Louisy-Louis ne passe pas par quatre chemins : "Face à Limoges, ça s'est joué sur l'hôtellerie", reconnaît la vice-présidente à la Région en charge du sport et de la jeunesse. Les nageurs seront logés à 1,5 km à vol d'oiseau de leur lieu d'entraînement. "Avoir nos équipements en cœur de ville est une vraie force, ajoute l'élu aux sports à la Ville de Caen, qui croit en l'écosystème autour d'un site sportif. Il n'y a pas de petits éléments quand on veut séduire. Ça peut se jouer sur des détails." Des détails qui compteront forcément dans l'accueil des nations qui seront aux Jeux, dans deux ans.
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