Sa voix est grave, profonde et appelle au calme. À 54 ans, Antoine Blondel décrit avec bienveillance comment ses aventures professionnelles ont fini par le transformer, contre ses propres schémas préconçus. Dans sa famille, tout le monde est dans l'agriculture. Sans trop y penser, comme conditionné, lui-même reprend la ferme d'un cousin à Grigneuseville à l'âge de 21 ans. Mais son "rêve de gosse" est déjà d'être chef d'entreprise. À 45 ans, il rencontre une consultante et "ça m'a retourné", concède-t-il, lorsqu'elle lui a dit simplement : "Pourquoi pas !". Simple. Antoine Blondel reprend alors une société franchisée de service à la personne. L'entreprise tourne bien.
Vers l'entreprise vivante
Antoine Blondel va observer, se former, jusqu'à ce qu'un malaise s'installe. "Il y avait de la souffrance à tous les étages." Le nouveau chef d'entreprise se remet en question. "Pourquoi avoir quitté mon tracteur pour créer de la souffrance au travail ?" Il découvre alors une organisation aux Pays-Bas, Buurtzoor. Il va rencontrer son dirigeant puis s'inspirer librement de son modèle pour l'adapter à sa société, qui devient Autonhome. Le principe : casser la pyramide hiérarchique, baser l'entreprise sur l'humain et sur la confiance absolue envers les salariés. "Ils sont adultes et n'ont pas besoin qu'on leur dise quoi faire chaque matin. Ce sont les gens qui font qui savent", décrit-il avec une simplicité qui confine à l'évidence. Désormais, les auxiliaires de vie sont organisées en petites équipes autogérées sur un secteur au plus près de leur lieu de vie. Elles décident de leur emploi du temps, de leurs congés, des contrats qu'elles acceptent, refusent, terminent… Les fonctions supports ne sont là que pour leur faciliter la vie, pour la facturation, les fiches de paye, etc. Antoine Blondel fixe le cadre : "Fais de ton mieux, c'est le mot d'ordre", sans jamais donner d'objectifs chiffrés. Chaque équipe doit néanmoins faire en sorte de rapporter plus d'argent qu'elle n'en coûte, "pour respecter l'équilibre économique". Simple, encore. Mais tellement inhabituel que la transition a été très progressive, pour lutter contre des résistances très ancrées. "Chacun doit assumer ses responsabilités et s'investir pleinement", précise le leader. En retour, un tiers des bénéfices sont partagés avec les salariés, disposition rarissime dans ce secteur d'activité. Aujourd'hui, il ne reviendrait en arrière pour rien au monde. "C'est un épanouissement génialissime", lâche-t-il dans un sourire serein. Et il en est persuadé : cette organisation horizontale basée sur la confiance peut s'appliquer "absolument partout". Comme un remède à l'épidémie de burn-out de notre temps.
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