Si la Métropole de Rouen tente ces dernières années d'inciter à la pratique du vélo en ville, la mobilité douce s'est imposée aussi comme pratique touristique. Au XIXe siècle, le Français Paul de Vivie, dit Vélocio, lui a même donné un nom, le cyclotourisme. Depuis, cette forme de voyage en circuit court séduit de plus en plus les touristes soucieux de leur empreinte carbone ou simplement amoureux de la nature et de la campagne.
La Seine à Vélo, référence à Rouen
Emblème du cyclotourisme en Normandie, la Seine à Vélo, qui part de Paris jusqu'au Havre, en passant par Rouen et les Boucles de la Seine, est un des lieux privilégiés de ces baladeurs du dimanche. "Ce n'est pas pour rien que le New York Times l'a cité parmi les 52 lieux à visiter en 2022", s'enthousiasme Delphine Crocq, directrice de l'office de tourisme de Rouen. L'aventurier rouennais Matthieu Tordeur s'en est fait l'ambassadeur l'an dernier, en partenariat avec Normandie Tourisme, pour lequel le sportif a parcouru plus de 1 000 km à vélo à travers la région.
Certes moins sensationnelle que sa traversée du Pôle Sud sans assistance mais tout aussi dépaysant, la Seine à Vélo, Matthieu Tordeur en garde un bon souvenir. Un brin écolo, le Normand promeut le cyclotourisme comme une nouvelle forme de voyage. "Moi, j'aime beaucoup le vélo parce que c'est une manière de se déplacer dans la géographie qui est assez humble et assez honnête", explique-t-il. "Ça montre qu'on n'est pas obligé d'aller très loin pour vivre des aventures, on a la chance d'avoir un chouette terrain de jeu en Normandie." À l'instar de l'aventurier rouennais, plusieurs associations font vivre la pratique, à Rouen et ses environs : Sabine, Avélo, Guidoline, Plein Air pour le plateau est de Rouen, Grand Elbeuf à vélo, ou encore le GTR, Groupe des touristes rouennais. Ce dernier a d'ailleurs fêté son centenaire l'année dernière.
Des points à améliorer
selon les pratiquants
Alain Daniel en est membre depuis les années quatre-vingt. Il organise chaque mercredi et dimanche des "balades amicales", avec parfois des visites. "La Ville de Rouen n'est pas forcément dans les meilleures de la classe en termes de cyclotourisme, mais il y a un effort de fait", confie Alain Daniel. Lui, a connu dans les années quatre-vingt le balisage d'une dizaine de parcours vélo autour de Rouen. "C'est tombé en désuétude", regrette-t-il. "Ce serait bien de les remettre au goût du jour."
Autre contrariété pour le membre de GTR, la faiblesse du balisage sur la Seine à Vélo autour de Rouen. "La dernière fois qu'on l'a emprunté, on a rencontré des Allemands qui étaient un peu perdus…" Delphine Crocq, directrice de l'office de tourisme, le reconnaît, "il y a certains endroits où, effectivement, le balisage est en cours d'amélioration". Une étude a été faite d'ailleurs pour identifier les "points de vigilance", selon la directrice. "À certains endroits, le panneau peut être, en effet, caché. Je pense notamment du côté du pont Flaubert à Rouen. C'est du petit détail."
"La Métropole a le tronçon le plus important de voie verte sur la Seine à Vélo"
Entretien avec Delphine Crocq, directrice générale de l'office de tourisme de Rouen et de sa Métropole.
Selon Delphine Crocq, directrice générale de l'office de tourisme de Rouen et de sa Métropole, la Seine à Vélo, itinéraire cyclable de plus de 500 km entre Paris et la Manche, est centrale pour le développement du tourisme dans l'agglo. D'autres parcours et dispositifs viennent aussi renforcer le cyclotourisme.
Quelles sont les ambitions de la Métropole concernant la Seine à Vélo ?
La Métropole Rouen Normandie a le tronçon le plus important de voie verte sur la Seine à Vélo. Il y a déjà 42 km de tronçon aménagé au sein de la Métropole, ce qui en fait l'itinéraire le plus propre de toute la Seine à Vélo, même s'il reste des axes à développer. Et on sera sur des échéances vers 2028 pour la fin de l'itinéraire.
Un nouveau service public de location longue durée de vélos est né à Rouen
l'an passé, Lovélo, quels sont les retours ?
Il n'existait qu'à Jumièges et nous l'avons lancé à Rouen au printemps dernier. On a eu plus de 430 locations depuis, donc c'est un vrai engouement. Et on a des pré-réservations en ligne. Depuis que nous l'avons étendu, ça marche très bien.
Quels itinéraires conseillez-vous pour
les cyclotouristes de passage à Rouen ?
Il y a tout une série de parcours de médiation avec le label Ville pays d'art et d'histoire. Le dernier en date, "De Leblanc à Lupin", revient sur les traces de Lupin et de son créateur en passant par Jumièges, Yainville, Le Trait et Saint Wandrille-Rançon. On en a un aussi sur les paysages de l'impressionnisme, depuis Rouen jusqu'à La Bouille.
Label Accueil Vélo au service des cyclotouristes à Rouen
Châpo
L'hébergement est l'un des points noirs à Rouen pour les cyclotouristes, selon Alain Daniel. "Il y a encore trop peu de campings sur les bords de Seine", constate le membre de GTR, Groupe de touristes rouennais. Pourtant, selon l'office de tourisme de Rouen, une douzaine d'établissements, hôtels, comme le Mercure du Champ de Mars ou l'hôtel Flaubert à Rouen, gîtes, restaurants et même musée, comme la Fabrique des savoirs à Elbeuf, disposent du label Accueil Vélo. Problème, le sésame est payant pour ces professionnels. Une cotisation de 200 euros pour trois ans de label est demandée en plus du cahier des charges nécessaires à l'obtention de ce dernier, c'est-à-dire être situé à moins de 5 km d'un itinéraire cyclable ou mettre à disposition des clients un service de location vélo, un abri pour leurs deux-roues ainsi qu'un kit de réparation pour les petites avaries.
Des subventions possibles
"On a déjà utilisé des établissements avec le label Accueil Vélo, qui nous ont dit qu'ils avaient abandonné en raison des contraintes", précise Alain Daniel. Pour répondre à ces contraintes qui peuvent, en effet, freiner les professionnels de l'hébergement, la Métropole propose depuis peu de subventionner le label. "Avec le pôle Seine-Eure, nous subventionnons à hauteur de 50 % les établissements qui souhaiteraient avoir ce label Accueil Vélo", précise Delphine Crocq, directrice de l'office de tourisme à Rouen.
"Le dépaysement n'est pas très loin de chez soi"
À Rouen, certains points font défaut à la pratique du vélo, selon certains adeptes du cyclotourisme.
"Peut mieux faire", c'est la réponse faite par Christelle Cubaud lorsqu'on lui demande si Rouen est une terre propice au cyclotourisme. Membre de l'association Grand Elbeuf à Vélo et vice-présidente de l'Association française pour le développement des véloroutes et des voies vertes, la cycliste milite pour que les itinéraires cyclables soient mieux identifiés. "Ce serait bien qu'on puisse avoir une carte à l'office de tourisme avec tous les itinéraires disponibles sur la Métropole… Que ce soit fléché et que l'on sache, pour chaque parcours, quel est le dénivelé, combien de km, combien de temps, etc.", précise-t-elle.
Bientôt un nouveau guide
touristique à Rouen
La Rouennaise s'apprête à sortir un ouvrage sur le sujet intitulé Petites échappées autour de Rouen, 15 idées de balades familiales, aux éditions Sutton, dans les prochains jours, afin de répondre à "son modeste échelon" à ce manque d'information. Ce guide, composé de 120 pages, conseille des parcours dans un rayon de 20 à 30 km de Rouen. Sans divulguer tout le contenu de son ouvrage, la cycliste nous livre une de ses idées de sortie. "Il y a une balade qui part d'Elbeuf, à travers toute la vallée de l'Oison, où il y a une succession de petits villages qui sont tous plus mignons les uns que les autres", au bout duquel on retrouve le moulin Amour. "Il s'agit d'un des rares moulins encore en activité sur la route de la vallée de l'Oison où l'on en comptait auparavant entre 16 et 17." Les balades proposées font entre 30 et 50 km, avec peu de dénivelés. "Il faut que ça reste accessible au plus grand nombre", insiste Christelle Cubaud.
Un engouement autour du vélo
"On a tout sur notre territoire, aussi bien des producteurs que des artisans, des sites historiques, mais aussi des musées. Je pense notamment au centre d'art contemporain de Saint-Pierre-de-Varengeville", s'enthousiasme Christelle Cubaud, qui vit à Rouen depuis 20 ans, sans voiture. "Moi, je pratique beaucoup le vélo taf, mais je ne croise pas grand monde en ville le matin. Or le dimanche, sur les routes de campagne, on voit beaucoup de gens, et notamment des familles avec leurs enfants."
Hervé Guilbert, arboriculteur au Mesnil-sous-Jumièges, le constate tous les week-ends, lorsque le soleil est de la partie, le cyclotourisme ne connaît pas la crise. "À ce moment-là de la semaine, on fait des ventes à la barrière. C'est vrai que l'on voit de nombreux cyclotouristes qui s'arrêtent." Son exploitation se situe non loin de la route des fruits, itinéraire qui s'étend sur près de 30 km sur les courbes de la Seine et formant la presqu'île de Jumièges. "L'été, on a même des touristes étrangers à vélo, les Hollandais par exemple sont très présents à cette période de l'année, tout comme les Belges."
Pour Christelle Cubaud, le cyclotourisme, c'est surtout une philosophie de vie. "Avec le vélo, on va moins loin, certes, mais en fait, on s'aperçoit que le dépaysement n'est pas très loin de chez soi…"
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