Il y eut le jour de sa naissance, il y a maintenant quinze ans. "Une maman sait les choses, dit sa maman Linda. Pendant un an, je me suis battue pour qu'on puisse m'entendre, m'écouter. Personne ne voulait rien savoir. Moi, je savais qu'Helliot n'était pas comme les autres."
Elle parle de son fils, devenu aujourd'hui un grand et beau garçon, et raconte ce que furent les premiers mois d'une vie de famille chamboulée par le handicap. "J'ai vu que mon fils n'ouvrait jamais sa main gauche, qu'elle restait fermée en permanence. Ce n'était pas normal, alors qu'autour de moi, tout le monde me disait que je n'avais aucune raison de m'inquiéter." Au bout d'un an, le verdict a pu être engin posé : Helliot soufre d'une hémiplégie, côté gauche. Son cerveau a été atteint pendant la grossesse de sa maman, l'empêchant d'intervenir sur toute une partie de son corps. "C'est comme s'il avait été victime d'une sorte d'accident vasculaire cérébral avant sa naissance."
Quinze ans plus tard, Helliot, élève au collège Henri Brunet à Caen et pensionnaire de l'IEM, l'Institut d'éducation motrice François Xavier Falala d'Hérouville Saint-Clair, se révèle être un athlète hors normes. Il court comme personne, saute aussi à des longueurs impressionnantes. C'est un sportif en devenir, repéré pour ses qualités et ses performances, alors qu'il a commencé l'athlétisme il y a seulement huit mois !
"Une revanche sur la vie,
Helliot déteste l'échec !"
À la Gymnasiade organisée en mai dernier à Caen, en prélude aux prochains Jeux Olympiques, Helliot Lamago-Poirrier a fait un bond de 5,17 mètres et couru le 100 mètres en 13,33 secondes. Déjà, trois mois auparavant à Nantes, lors des championnats de France, le jeune garçon s'était fait remarquer, obtenant une médaille d'argent au saut en longueur et une de bronze au 60 mètres. "On est très fiers de lui", disent ses deux parents, Linda, 47 ans, et Hilaire, 50 ans. Elle, assistante maternelle, s'occupe de quatre enfants à la maison. Lui, chef de chantier, parcourt la France à longueur de semaines. Ils n'ont jamais eu d'autre enfant. "Ce qu'il est aujourd'hui en train de réussir avec le sport, c'est une revanche sur la vie. Il a beaucoup travaillé pour cela, s'est beaucoup entraîné. Helliot est quelqu'un qui ne lâche jamais rien, il a une force de vie incroyable. Il adore relever des défis, déteste l'échec."
Sa performance à la Gymnasiade lui a valu un petit portrait de quelques lignes sur la page Facebook "Où trouver quoi à Caen". "Ça nous rend heureux, affirme sa maman. On ne s'est jamais apitoyés sur notre sort." Les premiers pas du jeune garçon ne furent pourtant pas les plus faciles. "Il avait la jambe toute raide. Les injections de botox lui ont redonné de la souplesse."
Une passion pour la mode
À l'école primaire, Helliot bénéficie d'une aide individuelle, un assistant de vie, mais ce n'est pas toujours le plus pratique. "Il avait tout le temps quelqu'un auprès de lui, ça l'empêchait de vivre sa vie avec ses copains." Ses parents décident alors de l'inscrire comme pensionnaire à l'institut spécialisé d'Hérouville, pour qu'il puisse bénéficier des meilleures conditions de soins. C'est là qu'il effectue chaque semaine ses séances de kinésithérapie et d'orthophonie, entre autres. C'est aussi là qu'il a été repéré par Pascal Nolin, devenu son coach sportif. "Quelqu'un qui compte beaucoup." Quand il est sur la piste, Helliot est comme dans sa bulle, extrêmement concentré. "Je suis focus", affirme le garçon. Ses parents sont en tribune. "On n'y connaît pas grand-chose en athlétisme, mais on est là pour l'encourager."
Linda et Hilaire le font depuis que leur garçon est né, c'était il y a quinze ans, "avec cette main gauche qui ne s'ouvrait jamais". En septembre, le jeune passionné aussi de hip-hop intégrera le CREPS, le Centre de performance sportive, de Bordeaux. Il préparera en parallèle un CAP de vente. Helliot se passionne pour la mode, il aimerait en faire son métier.
Son grand saut pour la vie…
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