Une leçon de vie. À 33 ans, assise sur sa chaise les jambes croisées, Marie-Amélie Le Fur conserve son sourire comme elle garde sa rage de vaincre. Malgré l'amputation de son membre inférieur gauche à la suite d'un terrible accident en 2004, elle est aujourd'hui multimédaillée, notamment aux Jeux paralympiques. Invitée par la Ville d'Argentan et plusieurs partenaires, l'athlète a animé une conférence lundi 23 mai.
"Par chance, les médecins n'ont pas réussi leur pari. Ils n'ont pas pu sauver ma jambe"
Marie-Amélie a commencé l'athlétisme à l'âge de 6 ans. Adolescente, elle se voyait déjà soldat du feu. Mais ce 31 mars 2004 bouleverse sa vie. Inscrite en tant que pompier volontaire, elle se rend à un entraînement en scooter. Elle est alors percutée par un chauffeur. Sa jambe gauche subit des dégâts considérables. "Quand je me réveille le lendemain, les médecins ne sont pas rassurants. Leur mission est de sauver ma jambe à tout prix, même si je ne retrouvais jamais totalement mes capacités fonctionnelles. Ils ne peuvent pas poser de diagnostic sur la douleur que je subirais si je décide de garder ma jambe et me disent : 'il se peut que vous reveniez dans cinq, dix ou quinze ans pour nous demander de vous l'amputer'." Conserver sa jambe impliquerait de vivre avec l'articulation de sa cheville bloquée. Une situation compliquée pour la sportive qu'est Marie-Amélie. "Par chance, les médecins n'ont pas réussi leur pari. Ils n'ont pas pu sauver ma jambe." La décision est prise deux jours plus tard, Marie-Amélie est amputée quelques centimètres au-dessous du genou. Cette opération a été pour elle le début d'un nouveau processus, la capacité de figer une situation. "À partir de ce moment, je suis en situation de handicap à vie. Soit je me dis que ce handicap est une fatalité et je reste dans mon lit à me morfondre. Ou bien j'accepte une vie différente mais je mets tout mettre en œuvre pour qu'elle ne devienne pas moins belle."
Nouveau corps, nouveaux regards
À 15 ans, Marie-Amélie est restée un mois sur son lit d'hôpital avant de retrouver ses camarades de classe. Avec elle, lors de son retour à l'école, l'angoisse, la peur du jugement. "Je ne me rendais pas compte de ce que c'était de vivre avec un handicap dans la société française. Je ne voyais pas en quoi le fait d'avoir perdu une jambe devait changer le regard qu'elle porte sur moi." Celle qui a aujourd'hui neuf médailles aux Jeux paralympiques affronte alors des regards qu'elle juge "difficiles" et "violents". Mais Marie-Amélie se met au para-athlétisme et au bout de quatre mois, elle recourt. Un exploit. "Lorsque j'avais ma prothèse de sport, ce n'était pas de la honte que j'avais quand les gens me regardaient, c'était de la fierté. Il y avait un regard un peu admiratif. Ça m'a permis de me construire."
En 2018, Marie-Amélie a été nommée présidente du Comité paralympique et sportif français, succédant à l'escrimeuse Emmanuelle Assmann. Elle s'est également vu attribuer, en décembre 2015, le rôle de co-présidente du comité des athlètes de Paris 2024.
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