Concilier vie professionnelle et conviction personnelle, c'est le pari de Maëlis Lassarat de Witte. Cette Seinomarine de 37 ans a co-fondé, il y a presque cinq ans, la société BinHappy, basée à Montivilliers. "J'ai toujours voulu entreprendre. Je voulais me lancer dans un projet qui avait du sens. À l'époque, avec mon mari, on était dans cette démarche de réduire nos déchets. Je voulais être en capacité de pouvoir dire à mes enfants (j'en ai quatre, trois à l'époque) que j'ai fait tout ce que je pouvais faire pour sauver la planète."
Transformer les déchets alimentaires
en biogaz
En 2016, la loi Grenelle sur l'environnement obligeait les professionnels produisant plus de dix tonnes de biodéchets par an de les valoriser. "C'est lors d'un LH Forum qu'on a eu le déclic avec mon associée, qui ne fait plus partie de l'entreprise maintenant. Aucune société ne proposait ce genre de service en Normandie." C'est comme cela qu'est né BinHappy. Le principe est de valoriser les déchets alimentaires des professionnels (comme les restaurants) en biogaz. Un partenariat a été passé avec Mathieu Deschamps, un agriculteur de Cléville, qui développait une unité de méthanisation sur son exploitation.
Infirmière dans sa vie d'avant
L'écologie n'a pas toujours fait partie du quotidien de Maëlis Lassarat de Witte. "Je suis née à Saint-Romain-de-Colbosc. Enfant, je n'étais pas sensible à l'environnement. Je crois que c'est une question de génération." Partie à Lille pour faire des études d'infirmière, elle a ensuite exercé dans le Nord et à Grenoble avant un retour au Havre. "Je ne cautionnais pas les pratiques de travail. J'étais dans le privé. Les soignants n'étaient pas bien traités. On donne beaucoup sans assez recevoir. Du jour au lendemain, j'ai démissionné."
Donner plus de sens à sa vie, c'est ce qui a poussé la jeune femme à se lancer dans l'entrepreneuriat. "Il y a de vraies valeurs derrière le business." Sa fibre écolo est née en même temps que la naissance de ses enfants. "C'est bête, mais en fait, j'ai vu une vidéo sur les couches lavables. Je me suis dit, c'est pas mal ! On s'est rendu compte qu'on pouvait réduire considérablement nos déchets. Ça fait du bien au moral. C'est du concret." Depuis, sa famille se verdit étape par étape. "On est des bricoleurs, alors on fait de la récup, du réemploi. Nos vêtements sont de seconde main. Et là, on vient de décider de ne plus prendre l'avion. On peut tout à fait voyager en train. Ce n'est pas une contrainte, c'est un choix de vie."
Son retour en Normandie a été une conjoncture de plusieurs éléments. "C'est vrai qu'à Grenoble, on était loin de ma famille. On se sentait un peu seuls. Mon mari est Picard, ça le rapproche un peu." Maëlis Lassarat de Witte s'épanouit pleinement dans la cité Océane, où elle habite. "Le Havre, c'est une ville très agréable à vivre, surtout pour les enfants. Tout peut se faire à vélo. La campagne n'est pas loin. C'est beau la campagne normande ! Le seul petit hic, c'est que la ville est mal desservie par le train." L'entrepreneuse est une femme de conviction. Elle affirme son engagement écoresponsable en agissant. Elle fait partie des femmes qui font bouger le territoire havrais.
Pratique. 17 rue Camille-Saëns 76290 Montivilliers - 06 49 63 18 83 - hello@bin-happy.fr
Plus d'infos
BinHappy est en plein développement.
BinHappy
Une entreprise
en plein essor
La société fêtera ses cinq ans en octobre. L'idée est toujours la même : valoriser les déchets alimentaires des professionnels en biogaz. En 2017, les deux fondateurs faisaient la tournée de trois restaurants au Havre. Ils sont désormais onze à travailler pour BinHappy. "En 5 ans, on s'est fait connaître, on a de la notoriété", explique Maëlis Lassarat de Witte. Avec plus de 80 clients, des embauches sont en cours. "On signe trois nouveaux clients par mois." Ils seront seize à la fin de l'année. Une agence doit ouvrir en septembre à Caen.
La collecte
Être le plus écolo
possible
Collecter les déchets alimentaires pour les valoriser en biogaz n'a du sens que si la collecte respecte une certaine éthique. Des bacs sont à la disposition des clients (collectivités, restauration collective, industrie agroalimentaire, cafés-restaurants). La collecte s'effectue une à deux fois par semaine, avec un camion roulant au gaz ou à vélo. La philosophie de BinHappy va plus loin : le mobilier et l'informatique de l'entreprise sont de la seconde main.
OYA Solution
Valoriser les marchandises
conteneurs
C'est le dernier projet de BinHappy. La jeune entreprise vient déjà de lancer une filière. Il s'agit de négoce et de courtage pour le sauvetage, la valorisation ou la destruction de marchandises en zone portuaire. Tout est parti d'un transitaire qui voulait se débarrasser du contenu d'un conteneur frigorifique tombé en panne sans pour autant passer par la case poubelle. Ce nouveau service propose de trouver une solution bas carbone pour valoriser toute marchandise de conteneur, en local. OYA Solution veut se développer sur l'ensemble des ports français.
La Saint-Jacques
Pour que la coquille
ne soit plus un déchet
Maëlis Lassarat de Witte n'est jamais à court d'idée. Elle travaille sur la valorisation de la coquille Saint-Jacques, développant une machine capable d'enlever le résidu de chair animale pour fournir une coquille propre, prête à être recyclée. La coquille est un déchet complexe à traiter (ne se brûle pas et ne se composte pas). Mais la coquille, propre, peut être broyée et utilisée dans les bioplastiques, le BTP, la pharmacie ou la nourriture animale.
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