Les sourires étaient de rigueur sur le site de Chapelle Darblay à Grand-Couronne, mardi 10 mai. Deux ans et huit mois après sa fermeture, une étape cruciale a été franchie pour assurer l'avenir papetier du site. Dans la même journée, la Métropole Rouen Normandie (MRN) a fait valoir son droit de préemption pour acquérir l'usine et les équipements encore présents sur place, avant de les céder l'après-midi à Veolia, pour la même somme de 9,6 millions d'euros. Une opération quasi blanche pour la MRN, qui va tout de même débourser une centaine de milliers d'euros pour les frais de procédure. "C'est une belle journée pour l'emploi durable sur notre territoire, c'est aussi une belle journée pour l'écologie", a insisté le président de la MRN, Nicolas Mayer-Rossignol, avant de remettre symboliquement les clés à Jean-François Nogrette, directeur général de Veolia France. "C'est une première en France que de faire usage de son droit de préemption à des fins de réorientation d'un site en fonction de ce qu'on veut pour le territoire", a-t-il martelé.
Une conversion du papier journal vers le PPO
UMP, le propriétaire finlandais de la Chapelle Darblay, avait prévu de vendre à un consortium Samfi/Paprec, ce qui était synonyme de démantèlement de l'outil industriel pour un projet de production d'hydrogène. Pendant près de trois ans, un trio de salariés syndiqués n'a pourtant pas cessé de faire valoir les atouts du site, le seul en France en capacité de produire du papier journal 100 % recyclé, avec une capacité de recyclage de 480 000 tonnes par an, soit le résultat du tri de 24 millions d'habitants.
Avec son projet, Veolia, associé à Fibre excellence, prévoit environ 120 millions d'euros d'investissement pour produire, au lieu de papier journal, du Papier pour ondulé (PPO), principalement destiné aux emballages, notamment pour les colis. Un marché en pleine expansion. "Il y a vraiment une logique de soutien à la filière recyclage et valorisation et une logique d'économie circulaire. L'approvisionnement de ce site demain viendra des collectivités locales et des entreprises industrielles locales pour le papier et le carton", développe Jean-Marc Herambourg. À pleine capacité, le site devrait être en mesure de produire 400 000 tonnes de PPO par an. L'industriel ne veut pas encore, en revanche, se prononcer sur la date de redémarrage du site, car de nombreuses étapes restent à franchir : autorisation d'exploiter, diagnostic du site, audit technique et conversion papetière avant les travaux… Aucune fumée n'est attendue en sortie de site avant plusieurs semestres.
De quoi susciter encore la vigilance des trois syndicalistes, même s'ils savourent l'instant. "C'est quand même une sacrée étape aujourd'hui, mais je serai réellement soulagé quand le bureau d'embauche sera ouvert", prévient Cyril Briffault, délégué CGT Chapelle Darblay. "C'est une grande satisfaction, notre travail a payé. On a toujours cru en l'avenir du site", enchérit Arnaud Dauxerre, représentant du collège cadre.
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