Rouen pointe à la 9e place des villes de plus de 100 000 habitants les plus endettées de France. D’où provient cet endettement massif ?
“L’audit financier que nous avions commandé dès le début de mon mandat, en 2008, avait clairement montré que l’encours de la dette avait augmenté de 30 % lors du mandat précédent. Mon prédécesseur avait décidé de réduire la fiscalité tout en continuant à investir grâce à l’emprunt. On a spéculé avec de l’argent public ! Les banques se sont mises à proposer des produits financiers ultra-complexes, très risqués à long terme (les emprunts toxiques, ndlr)”.
Comment affrontez-vous le problème ?
“J’ai immédiatement joué la transparence. Aujourd’hui, l’endettement reste très fort, mais nous avons réussi à diminuer la progression de l’encours de dette (lire ci-contre). Une fois élus, il a fallu revoir à la baisse certaines projets, en abandonner d’autres, comme le réaménagement de l’île Lacroix, et décider qu’il n’y aurait aucune création de poste lors de ce mandat. Nous devons quotidiennement renégocier les produits structurés (les emprunts toxiques, ndlr). La part de ces produits dans notre endettement est passée de 85 % à 10 %. Mais ces 10 % restants, 11 millions d’euros contractés auprès de la Royal Bank of Scotland, sont assis sur ce qu’il y a de pire : les taux de change euro/dollar et euro/franc suisse, et une partie a un taux d’intérêt de 30 % ! Or, nous devons commencer à payer en mars 2012.”
Que faire ?
“Le risque est énorme. Il représente 1,5 million d’euros, soit l’équivalent d’un point d’impôt. Je ne compte pas augmenter la fiscalité. Nous sommes actuellement en négociation avec la Royal Bank of Scotland. Si nous n’obtenons pas de retour à un taux fixe ou acceptable, nous tenterons d’aller au contentieux.”
Rouen est entrée dans l’ère de la rigueur ...
“Que voulez-vous, quand on n’a pas d’argent... Pour autant, les négociations financières ont été prises en compte dans nos perspectives. La rigueur ? Nous nous posons la question tous les jours. Un mandat sans création de poste, c’est compliqué. Nous avons réduit la voilure dans l’organisation d’événements et les frais de réception. Il nous faut rester attentifs, être rigoureux au quotidien mais continuer à porter des projets, offrir des moments populaires et améliorer l’attractivité de la ville. A quoi sert la rigueur, sinon à conserver des marges de manœuvre pour investir sur les quais, les crèches, le Grand projet de ville ou le passage du Tour de France. Ne tombons pas dans la sinistrose.”
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L'évolution de l’endettement de la Ville de Rouen (1997-2011) :
1997 : 118 M€
2000 : 115 M€
2003 : 129 M€
2005 : 140 M€
2006 : 142,5 M€
2007 : 154 M€
2008 : 162 M€
2009 : 172 M€
2010 : 175 M€
2011 : 177 M€ (estimation 2010-2011 : +1,3%)
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