Elle est l'héritière de celui qui ramena l'art au Havre après la destruction de la ville, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Fiona Hamon est petite-fille et fille de galeriste.
Son grand-père aidé par Drouant et Dufy
Jacques Hamon, son grand-père, a été résistant, condamné à mort par la Gestapo. Pendant la guerre, il côtoyait Armand Drouant, à Paris. Il lui proposa de tenir une galerie à Nice mais le Havrais était trop attaché à sa ville. Drouant l'aidera à monter sa galerie dans la cité Océane, avec un certain Raoul Dufy. La boutique ouvre en 1946 dans la rue Thiers. La galerie déménage en 1954 place de l'hôtel de ville, inaugurée avec l'exposition "Raoul Dufy, fils du Havre". Jean-Pierre, le fils de Jacques, reprendra les rênes de la galerie en 1979. Cela fait maintenant onze ans que Fiona, la fille de Jacques, dirige la boutique.
Vous l'aurez compris, l'art chez les Hamon, c'est une question de passion. À 38 ans, Fiona a toujours su qu'elle travaillerait à la galerie. "Depuis toute petite, j'aimais venir à la boutique. Je participais à tous les vernissages. Il y avait également l'espace vente de déco et de fournitures avec des plumes, des perles. Ça faisait rêver. En plus, on pouvait manger au Quick juste à côté."
Avec comme seul bagage un baccalauréat commerce, Fiona est allée travailler directement à la galerie, comme une évidence. "Je suis arrivée en 2005. Notre vendeuse, Jocelyne Pierre, devait prendre sa retraite mais elle a attendu pour me former. Elle était rentrée à la galerie à 16 ans. Elle a donc travaillé avec les trois générations. J'ai beaucoup d'amour pour elle."
Aimer les artistes
À chaque génération son style. Fiona a fait rentrer dans la galerie le street art. "Il faut être dans l'air du temps. Mais nous ne faisons pas seulement du street art. Il y a du classique et de jeunes artistes." Elle gère une vingtaine d'artistes qui exposent tous les deux ans à la galerie. "Mon travail, c'est de découvrir de jeunes talents, d'en faire la promotion. On essaie de les driver, les conseiller sur les tendances du moment, en toute amitié. Ce qui est passionnant aussi, c'est d'ouvrir les clients à différents styles. Des collectionneurs nous font confiance. Apprécier l'art, c'est simple, il suffit d'aimer ou de ne pas aimer une œuvre. Moi, j'aime tous mes artistes, même si je ne mettrais pas tous mes artistes sur les murs de ma maison."
Le Havre, sa ville
Comme son grand-père et son père, Fiona Hamon ne se voit pas ailleurs qu'au Havre. "J'ai vécu un an à Paris. Je n'ai pas aimé. Je ne pourrais pas vivre sans la mer." Il a toutefois fallu convaincre son mari. "Il est tailleur de pierre. Il se voyait bien voyager à l'étranger. Ça été compliqué qu'il accepte de vivre ici." La galeriste a su trouver les arguments pour faire aimer sa ville natale. "On peut faire plein de choses en une journée avec les enfants, de la plage à la forêt. J'habite le quartier Danton, tout peut se faire à pied. J'aime marcher, me perdre dans les rues, arpenter les grandes avenues. Et en plus, on connaît tout le monde."
Fiona Hamon s'épanouit pleinement au Havre et dans sa galerie. L'histoire familiale n'est pas près de s'arrêter. "J'ai deux enfants, un garçon de 10 ans et une fille de 12 ans. Cette dernière est déjà très intéressée. Elle voit ça comme un métier de rêve."
Pratique. Galerie Hamon - 44 place de l'hôtel de ville au Havre.
Plus d'infos
La galerie Hamon.
Jean-Pierre Hamon
Il est la deuxième génération, sur les traces de son père
Voilà 11 ans que Jean-Pierre Hamon est théoriquement à la retraite, mais l'homme est toujours présent à la galerie. Il a commencé sa carrière à Londres, à la tête d'une agence de pub et de mannequinat. Une vie très rock faite de rencontres avec les stars de l'époque (Beatles et Rolling Stones). Il y est resté six ans, le temps de trouver sa femme. L'appel du Havre et de l'art ont été plus forts. "On me disait d'aller à New York, mais vous savez, quand on est né quelque part…" Jean-Pierre Hamon a repris la galerie de son père en 1979.
COPE2
Une exposition événement avec la légende de la culture graffiti
Jusqu'au 1er juin, la galerie Hamon présente une exposition graffiti unique au Havre. Cope2 (Fernando Carlo Junior, de son vrai nom) a accepté l'invitation. C'est une figure emblématique du monde de la rue qui a connu violences et trafic de drogue dans le Bronx, quartier de son enfance. À la suite d'une balle perdue, il décidera de se focaliser sur sa passion, le graffiti, qui débutera dans les années quatre-vingt.
Jace
La révélation du street-art et de sa référence havraise
Fiona Hamon en est persuadée, "il faut rester dans l'air du temps". Quand elle arrive à la galerie, sa connaissance du graffiti est limitée. C'est une rencontre qui va lui ouvrir les yeux, celle de la maman de Jace. Fiona découvre l'artiste qui se cache derrière les Gouzous, ces personnages jaunes qu'elle avait déjà croisés enfant dans ses livres de jeunesse. C'est presque une révélation. Très emballée, la galeriste organisera la première journée du graffiti dans les jardins de l'hôtel de ville, en 2010, pour mettre en avant les œuvres de Jace, entre autres.
Les galeries d'art
L'art s'expose et se vend au cœur de la cité Océane
Le Havre attirait déjà les impressionnistes. Depuis, la ville ne cesse d'être inspirante. Le street-art s'y épanouit. L'art contemporain a envahi l'espace publique depuis Un été au Havre. Les galeries, du coup, prospèrent dans cet environnement. Citons, entre autres, Art en Seine, Pascal Fremont, Corinne Le Monnier, Éric Baudet ou encore Szaboova Gallery. "Il y a plus d'artistes que d'endroits pour exposer, confie Fiona Hamon. Nous avons tous notre style."
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