Dans la petite salle du Volcan du Havre, un texte en langue perse s'affiche sur scène. Un chant traditionnel s'élève, puis laisse place à l'ambiance sonore d'un village. C'est le début d'un spectacle, en cours de création, imaginé par dix artistes en exil. Après la prise de Kaboul par les talibans, ils ont été contraints de quitter leur pays, l'Afghanistan, en septembre.
Culture afghane et vécu
"La première étape a été de leur apporter de la sécurité, des moyens concrets pour vivre. Dans un deuxième temps, s'est posée la question de comment accompagner l'artistique, leur travail", détaille Lucie Berelowitsch, directrice du Centre dramatique national (CDN) de Vire, l'une des structures qui accompagnent ces artistes, avec le CDN de Caen, le CDN de Rouen et la Scène nationale d'Évreux. C'est ainsi qu'est né "un projet atypique", impliquant ces dix artistes afghans, un traducteur dramaturge et trois metteurs en scène (Lucie Berelowitsch, Marcial Di Fonzo Bo, Brice Berthoud). "Il a fallu travailler à comment accompagner et structurer leur prise de parole, sachant que ce sont des artistes très différents : des comédiens, chanteuses, une activiste qui écrit des nouvelles, une réalisatrice de documentaires…, poursuit Lucie Berelowitsch. C'est un spectacle qui évoque à la fois la culture afghane et mais aussi des témoignages sur leur exil et leur reconstruction depuis leur arrivée en France."
"Ici, on peut continuer à créer. C'est essentiel"
Depuis décembre, la bande d'artistes se réunit régulièrement pour des résidences artistiques afin de préparer ce spectacle multiforme, qui comprendra du théâtre, du chant, des projections, etc. Après Vire, Caen et Rouen, c'est donc le Volcan du Havre qui les accueille, jusqu'au vendredi 22 avril, et rejoint ainsi le projet. "Nous ne nous connaissions pas auparavant, mais maintenant, nous formons presque une famille, explique Leena Maqsoodi, actrice. On peut partager nos préoccupations, nos douleurs, nos souffrances, entre nous et bientôt avec le public." Rester dans leur pays, cela aurait voulu dire tirer un trait sur l'art, rappelle Maryam Sepehr, comédienne et chanteuse : "En Afghanistan, on aurait été obligées de rester à la maison, sans pouvoir travailler. Ici, on peut continuer à créer, c'est essentiel." Les spécialités des uns et des autres enrichissent le spectacle, selon Shogofa Arwin, comédienne et activiste : "Certaines chantent, moi je peins, on a aussi créé une émission radio au sein du spectacle. Cela donne différentes couleurs à la pièce." Le spectacle sera présenté dans les salles normandes à la rentrée. Il sera notamment intégré à la programmation 2022-2023 du Volcan.
Au Volcan, des artistes afghans en exil
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