En fondant cet ensemble baroque, en 1998, Vincent Dumestre a créé une machine à remonter le temps. L’atmosphère qui se dégage du Poème Harmonique semble venir tout droit de cette époque où Molière jouait encore sur les planches. Leur secret ? “Nous ne nous intéressons pas uniquement aux concerts”, explique Vincent Dumestre.“Le but est de recréer une esthétique propre à cette période, de faire revivre des œuvres, comme elles étaient à leur création.” Certains spectacles, comme la pièce du Bourgeois gentilhomme, sont donnés à la lumière des bougies, l’éclairage originel, la prononciation du français est celle du XVIIe... L’effet est saisissant : le spectateur du XXIe siècle, est invité à la cour du Roi Soleil.
La découverte d’un autre monde
Susciter l’enthousiasme d’un public averti est une chose. Intéresser des néophytes en est une autre. Un pari ambitieux, mais réussi.Car l’ensemble, amoureux de musique baroque, est ancré dans son époque, en travaillant auprès des jeunes. Par le biais d’un partenariat passé avec le Conservatoire de Rouen, il initie les élèves aux arts baroques , le Poème Harmonique accueillera des élèves musiciens le temps d’un concert, en décembre prochain.
Depuis deux ans, les actions s’enchaînent aussi auprès des élèves de lycées de l’agglomération rouennaise, dont celui de Marcel Sembat de Sotteville, où l’ensemble a ses bureaux. Cette année, il leur fait découvrir les coulisses d’Egisto, un opéra vénitien, qui sera donné à l’Opéra de Rouen.
“L’année dernière, les élèves d’une classe de BTS électro-technique, qui ne connaissaient pas du tout le baroque, ont tenu à faire deux ateliers avec nous et ont voulu assister à plusieurs productions du Poème Harmonique”, se réjouit Marie Emond, chargé des actions culturelles au Poème Harmonique. Qui a dit que la musique ancienne n’intéressait pas les plus jeunes ?
Anne Letouzé
(Photo Guy Vivien)
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