Par contraste avec Emmanuel Macron, qui tient le même jour un grand meeting à Marseille, deuxième ville de France, la candidate d'extrême droite à la présidentielle a choisi cette commune de 3.900 habitants, où 37,2% de ceux qui se sont déplacés au premier tour ont voté pour elle, loin devant le président sortant (23,6%).
Des militants RN attendent leur candidate de pied ferme près du bar tabac "Le Maryland", sur la place de l'église.
"La population change vraiment", estime l'un d'entre eux, Erik Michiels, ancien éducateur sportif, qui vient de la commune voisine de Verneuil-sur-Avre où, souligne-t-il, il y a "deux mosquées et des kebabs".
La présidentielle, pour lui, "c'est un choix de civilisation". Il se dit "choqué" de "voir de plus en plus de femmes voilées" et voudrait interdire le voile quand il est "ostentatoire".
"Dictature"
Près du comptoir masqué par une forêt de caméras, Marine Le Pen salue des clients. "Si le peuple vote, le peuple gagne", lance à huit jours du second tour la candidate, toujours inquiète d'une abstention de ses électeurs qui lui avait coûté cher aux régionales.
En ressortant, elle admet devant la presse que le voile est un "problème complexe" et qu'elle n'est "pas obtuse", que sa mesure controversée d'interdiction du voile dans la rue sera débattue à l'Assemblée. Mais "il faut régler le problème des femmes qui sont obligées de (le) mettre sous la pression des islamistes".
"Il faut qu'il se passe quelque chose parce que là, on est en dictature", lance Alain, 61 ans, homme d'entretien dans une structure pour handicapés. Il a voté Nicolas Dupont-Aignan au premier tour et se plaint auprès de Marine Le Pen d'avoir été suspendu de son poste car il n'est pas vacciné contre le Covid.
La candidate lui promet de "réintégrer" les soignants suspendus et de "reverser" les salaires non perçus. "La vaccination obligatoire est attentatoire aux libertés individuelles", dit-elle.
Quand Éric Cailleux, 50 ans, gérant d'un garage de 5 salariés, électeur RN, lui dit "crouler sous les charges", Marine Le Pen lui propose de supprimer des impôts de production et de favoriser des "communes localistes", privilégiant entreprises et produits locaux.
"On ferme des lits, des lignes de bus et ça crée des conditions de vie plus difficiles dans la ruralité", déplore-t-elle.
"Votre voix"
A un handicapé qui demande des appartements de plain-pied, elle promet de remettre les logements "aux normes", ainsi qu'une politique plus large "à destination des plus vulnérables".
Sur la brocante, Florence, une vendeuse, lui dit qu'elle "n'a droit à aucune aide" alors que les marchés comme le sien ont dû fermer pendant le Covid, et "il faut payer l'essence".
Marine Le Pen critique ces "interdictions" qui "ont plongé les gens dans de grandes difficultés", et déroule sa proposition phare de baisse de la TVA sur les carburants, le gaz et l'électricité.
"Les gilets jaunes, on l'est tous ici, même ceux qui avaient plus de moyens n'en ont plus", témoigne une élégante femme blonde, qui s'inquiète de l'attitude d'Emmanuel Macron en débat face à Marine Le Pen mercredi.
Avren en Eure-e-tLoir, le 16 avril 2022"Je serai votre voix", lui répond Marine Le Pen, qui se dit "sereine".
Laurent, 54 ans, reconverti dans la médecine douce après l'électromécanique, dit avoir été "appelé" pour rencontrer Marine Le Pen.
Il habite depuis cinq ans sur la commune mais ne trouve pas de médecin. La candidate lui promet notamment des incitations fiscales pour en installer.
Elle enchaîne sur la fermeture d'une usine à Chartres, dont "personne ne parle", et fustige "cette mondialisation sauvage, un marché de dupes".
"On peut faire autrement", promet-elle, désireuse de "diriger le pays en mère de famille, avec bon sens, avec cohérence, sans excès, sans outrance".
"Mais en tenant compte des dizaines de millions de Français qui n'ont pas été la priorité" des gouvernements passés.
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