Du vin, en Normandie ? Vraiment ? La remarque a été formulée à de nombreuses reprises à Édouard Capron, ce Rouennais de 55 ans, qui a lancé son domaine Saint-Expedit dès 2016, à Freneuse sur un terrain pentu en bord de Seine. Pas de quoi inquiéter ce passionné d'histoire, qui rappelle que la Normandie a été de nombreuses années une terre de vignes, bien avant même d'être réputée pour ses pommes. "Je me suis dit que s'il y en a eu pendant plus d'un millénaire, c'est qu'il y avait deux ou trois raisons pour que ça fonctionne. Et avec les innovations, j'ai pensé qu'il était possible de faire des choses intéressantes dans la région", explique-t-il plongé dans ses pensées. Voilà pour le déclic.
Mais la passion est plus ancienne et remonte à un souvenir familial précis, lorsqu'il a pour la première fois goûté du vin. "C'était chez un oncle lors d'une fête de famille. Il avait sorti une bonne bouteille, j'étais adolescent. Ça a été une vrai révélation. J'ai un souvenir gustatif ému de ce moment." Édouard Capron va plus tard travailler avec de grands vignobles français pour de l'export, notamment vers l'Afrique. Des expériences qui l'ont fait beaucoup voyager jusqu'à avoir l'envie de passer du côté production, en particulier dans sa région d'origine. "C'est un beau défi puisqu'il y a tout à créer", raconte-t-il. Évidemment, il a pris le soin passer une formation et de se rendre en stage dans différents vignobles, comme en Val de Loire, "à Ancenis parce qu'on est à peu près dans les mêmes conditions climatiques".
"Je ne me sens pas paysan dans l'âme"
Édouard Capron vise la qualité et est "fier de [s]es premiers jus", toujours en élevage. La première cuvée de Saint-Expedit devrait voir le jour l'an prochain. Le viticulteur a donc troqué le costume pour le bleu de travail. Mais il ne se considère pas comme un néo-rural. "Je ne me sens pas paysan dans l'âme, je n'ai pas cette culture là, même si je ne la rejette pas. Mais j'ai un réel bonheur à travailler dehors", indique-t-il avec simplicité. La vigne en Normandie ? Il n'en fait pas un combat à proprement parler, mais il s'organise pour que tout fonctionne. Il vient d'ailleurs de prendre la présidence de l'association des vignerons normands, créée en début d'année, et qui regroupe les professionnels de la vigne dans la région. Elle vise à "représenter la viticulture en Normandie mais pas seulement", indique Édouard Capron. "J'ai pu vivre la difficulté à être dans un domaine éloigné des autres. La possibilité d'échanger et de s'entraider est importante pour toute la communauté."
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