Devant une foule de collégiens et d'élus de la Ville de Rouen, l'artiste berlinois Gunter Demnig a scellé, lundi 28 mars, quatre pavés de mémoire, ou "Stolpersteine" en allemand, au 174 rue Eau-de-Robec. C'est ici que résidait une famille juive, victime de déportation. Leur nom a été inscrit sur les pavés qui ont été enfoncés dans le sol, pour être visibles du public et que leur souvenir reste intact. Rendre hommage aux victimes des rafles nazies, c'est la mission que s'est donnée l'artiste berlinois en créant, dans les années 90, les "Stolpersteines".
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Ce travail mémoriel a débuté avec la commémoration de la déportation de 1 000 Tsiganes de la région de Cologne, un événement qui a inspiré une première œuvre à Gunter Demnig. "L'œuvre consistait en un marquage au sol du chemin qui menait du domicile des victimes tsiganes jusqu'au lieu de leur déportation. Ensuite, l'idée a été de marquer le nom des personnes déportées sur le lieu de leur dernier domicile", explique l'artiste allemand.
Gunter Demnig, artiste allemand inventeur des Stolpersteine
Le maire de Rouen Nicolas Mayer Rossignol s'est déplacé au 174 rue Eau-de-Robec pour l'hommage aux victimes de la Shoah.
Plus de 25 pays parcourus
Gunter Demnig a ainsi posé plus de 80 pavés mémoriels à Rouen et à Sotteville-lès-Rouen entre 2020 et 2022, à 19 adresses différentes, avant de partir lundi 28 mars au Havre, pour en inaugurer une dizaine. Cette performance artistique est un véritable sacerdoce pour l'Allemand qui est allé poser ses Stolpersteines dans toute l'Europe. "Jusqu'à présent, j'ai parcouru environ 50 000 km et, si les choses continuent à ce rythme-là, à la fin de l'année, je devrais avoir posé 90 000 pavés de mémoires dans 27 pays différents."
À 14 ans, Inès, élève au collège Fontenelle, a voulu aussi rendre hommage à cette famille juive de Rouen déportée en septembre 1943. Elle est revenue, à l'occasion d'une lecture de texte devant la foule, sur le destin de Mazal Tov, la mère de famille. "C'est touchant et c'est important d'en parler, de se remémorer ce qu'il s'est passé… Je ne trouve pas les mots pour décrire ça, mais c'est triste d'en être arrivé là", décrit-elle émue.
Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol a également fait le déplacement ce lundi pour rappeler la démarche. La collectivité travaille, en effet, sur ce projet depuis plusieurs années avec l'association les pavés de mémoire et l'artiste Gunter Demnig, pour honorer ces familles victimes de la Shoah avec des enfants mineurs. La plupart d'entre elles ont été assassinées à Auschwitz.
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