Manteau et chapeau noirs, petites lunettes, son sac à main posé devant elle, Jeanine Bacoup, 94 ans, attend d'être jugée. Jeudi 17 mars au tribunal d'Alençon, elle a été condamnée pour le harcèlement de ses voisins, jour et nuit, depuis sept ans.
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Une situation insupportable
Lorsque ses voisins ont emménagé dans le quartier de Lancrel, leur calvaire a commencé : elle les a traités de voleurs, violeurs, assassins, a versé du désherbant sur leur pelouse. Mais surtout, toutes les nuits, cette Tatie Danielle frappe le mur qui sépare les deux maisons avec un marteau pour les empêcher de dormir. "La situation est devenue tellement insupportable qu'on a quitté notre maison, on campe chez des amis avec notre petit garçon né en 2020", explique le père de famille, les traits tirés de fatigue, la voix vibrante d'émotion et au bord des larmes. C'est ici l'ultime recours du couple. Car lorsqu'il appelle les policiers, la nonagénaire assume : "C'est parce que le voisin a tué mon petit lapin", ce qui n'est jamais arrivé. Elle l'accuse aussi de venir sonner plusieurs fois toutes les nuits à sa porte… tout comme elle déclare être de la famille de la reine d'Angleterre ou de celle de Gérald Darmanin. Pourtant, les experts estiment qu'il n'y a pas de troubles intellectuels. En revanche, ils qualifient son comportement de paranoïaque.
Un dernier show au tribunal
"Je n'entends rien", répond-elle à chaque question du président de la cour. "Dispositif d'urgence", rétorque celui-ci, qui vient s'installer près de la nonagénaire. Obligée de l'entendre, elle ne peut plus feindre la surdité. Lorsque le magistrat pose des questions embarrassantes sur son comportement, Jeanine Bacoup s'emporte : "Je m'en vais, il n'y a rien à faire avec ces gens. C'est œil pour œil, dent pour dent, j'applique la loi du Talion." Elle se lève, signe un pouvoir à son avocat et quitte le tribunal.
Le procès se poursuit sans elle. "Quelle solution trouver ?", s'interroge le tribunal. "Ce dossier est délirant, à la limite du supportable, c'est un enfer revendiqué, du harcèlement que nous ne souhaitons à personne", plaide Me Guyomard, avocat des parties civiles. "Il faut faire quelque chose, ça doit cesser." La procureur de la République est sur la même lignée : "C'est un mauvais film, elle revendique nuire à son voisinage, ce n'est pas aux victimes de partir." Dans son délibéré, le tribunal interdit à Jeanine Bacoup de paraître rue Laperrière durant les cinq prochaines années. Il reste aux forces de l'ordre à faire respecter cette décision… mais si elle ne l'exécute pas, la nonagénaire encourt sept ans de prison avec sursis.
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Une peine d’éloignement ne servira à rien. Cette personne relève de l’hygiène mentale et seul un internement dans un hôpital spécialisé verra cesser les nuisances que cette malade fait subir à ses voisins.
De nouveau libre dans la rue elle est capable de faire revivre un enfer à ses voisins.
Destruction d’objets à l’extérieur des habitations, dégradations sur véhicules ou risque d’incendie sur leurs biens, cette femme paranoïaque représente un grave danger que les autorités judiciaires ont mal perçu. Il serait temps de prendre une mesure de neutralisation efficace et pérenne.