Retour sur l'opération, menée conjointement entre la Police judiciaire normande et l'OCRTIS, l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants. Tout débute en juillet dernier, lorsque qu'un renseignement anonyme parvient aux oreilles de la PJ. "Il désignait un individu de 38 ans, du Havre, au centre d'un trafic de stupéfiants international", relate Philippe Ménard, le directeur du SRPJ de Normandie.
Après vérifications, l'information semble solide. D'autant plus que l'individu en question était déjà connu pour des faits similaires. La surveillance se met en place en collaboration avec l'antenne du Havre et la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Les policiers découvrent que l'homme a des contacts réguliers dans l'agglomération rouennaise. Le parquet du Havre ouvre alors une enquête et les surveillances s'intensifient sur la cible. "Nous avons eu la confirmation de tractations dépassant le simple cadre local", poursuit M. Ménard.
Le parquet général de Rouen saisit alors celui de Douai qui, à son tour, fait appel au JIRS, la Juridiction interrégionale spécialisée. L'affaire prend de l'ampleur. "Notre travail s'est avéré difficile. Nous étions en face d'individus très méfiants". Des renforts de la BRI de Nantes, de la BRI national et de l'OCRTIS sont alors appelés dans la région.
Tout va se décanter subitement mardi 15 novembre. La police apprend qu'un mouvement va avoir lieu vers Grand-Quevilly. Les équipes se mettent en place. La cible : une camionnette de chantier précédée par plusieurs voitures. Dans le véhicule professionnel, un homme vêtu d'une simple veste de travail. La police les prend en filature. Alors qu'il semblait se diriger vers l'A13, le convoi change finalement de direction à Tourville où un rendez-vous semble se préparer. Une autre voiture fait irruption. C'est là que la police décide d'intervenir, interpellant le conducteur de la camionnette.
Valeur estimée : 8 millions d'euros
A l'arrière, la trouvaille est à la hauteur des moyens mis en œuvre : 2,2 tonnes de résine de cannabis dans de grands sacs blancs, simplement recouverts d'une bâche bleue. En fuite, un autre homme sera interpellé peu après dans une tour de Saint-Etienne-du-Rouvray, où 400 kg de résine sont à nouveau trouvés dans un véhicule stationné dans un box. Total : 2,7 tonnes de "shit".
Finalement, huit personnes, âgées de 23 à 40 ans, ont été interpellées et placées en garde à vue. Deux femmes, complices, en font partie. Tous sont originaires et vivent en Seine-Maritime. "Le réseau était localement implanté sur Le Havre et Rouen", confirme Philippe Ménard. "Ce produit allait rejoindre les circuits de distribution locaux dans les cités", précise quant à lui Patrick Laberche, adjoint au chef de l'OCRTIS. "Les fournisseurs seraient sûrement au Maroc et en Espagne. Il s'agit d'un mode de coopérative assez développé". La saisie aurait une valeur estimée à au moins 8 millions d'euros, selon la police. "Peut-être deux fois plus par la vente au détail". Il s'agit de la plus grosse saisie de drogue d'un trafic local jamais réalisée en Normandie, et la deuxième plus importante en France en 2011.
"L'enquête ne s'arrête pas là. Nous allons désormais traquer les avoirs financiers, où qu'ils soient", affirme Philippe Ménard.
Thomas Blachère
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