Milieu de matinée, ce jour-là. Les premiers chevaux arrivent dans leur van, avant de se rendre dans leur box attribué. Le départ de la première course est à 11 h 50. Il faut se préparer mais, avant toute chose, les chevaux sont contrôlés : "Chaque cheval est pucé pour s'assurer qu'il s'agit bien du bon. Cette puce est contrôlée et le livret signalétique est vérifié", explique Gilles Ribot, le régisseur de l'hippodrome de Caen et de celui de Cabourg. C'est parti pour la mise en jambes : les chevaux effectuent des heats, séances d'entraînement avant la course. Au total, lors de cette réunion, huit courses ont lieu. Dans l'après-midi, l'hippodrome se transforme en véritable fourmilière. Entraîneurs, jockeys, lads, vétérinaires, spectateurs… au total, plus de 1 000 personnes sont présentes pour assister à ces courses aujourd'hui. Au niveau des box, il y a ceux pour qui la course vient de finir, qui lavent leurs chevaux, et débriefent. À l'inverse, d'autres se préparent à rentrer en piste. "Vous retrouvez moult personnes, comme un maréchal-ferrant, les personnes en charge de la billetterie, etc." Ça grouille dans tous les sens.
Des employés polyvalents
Charley Heslouin, est entraîneur près d'Argentan, dans l'Orne. Sa jument Inès Fligny a participé à la cinquième course, une course attelée, aux côtés de huit autres concurrents : "C'est une super piste et les courses sont bonnes", glisse celui qui vient au trois quarts des réunions organisées ici. La jument est dans son box, prête à repartir dans son van. Huit personnes travaillent à l'hippodrome à l'année : "Ils sont très polyvalents", confie le directeur. Ils s'occupent de la piste, des espaces verts, des box… Quand arrivent les jours de courses, le nombre devient beaucoup plus important : "On fait appel à des intérimaires." C'est Sabine Mottier qui est en charge de les recruter : "On les convoque pour travailler les journées de courses, mais ça fait des années qu'ils font cela, ils connaissent très bien", sourit-elle.
15 h 50. La dernière course de la journée va démarrer. Il s'agit d'une course attelée. Les drivers et leurs chevaux sont sur la piste et s'échauffent une dernière fois. 15 h 52, top départ. Les commentaires s'enchaînent au micro comme lors d'un match de foot. Il faut dire que ce sont des athlètes de haut niveau qui sont là. "On les bichonne, ils font des séances de balnéo, ils voient des ostéopathes", confie Sabine Mottier. Les spectateurs sont debout, rivés sur ce qu'il se passe de l'autre côté de la piste. On crie dans les gradins pour encourager son cheval. En quelques minutes, c'est terminé. Un travail de plusieurs mois qui se concrétise. À la fin, les chevaux sortent, on contrôle de nouveau l'identité des cinq premiers, puis deux d'entre eux seront soumis à un contrôle antidopage : "C'est une discipline vraiment très réglementée", insiste Sabine Mottier. "Pour chaque course, on prélève des chevaux de manière aléatoire", ajoute Gilles Ribot. Le gagnant se fait interviewer pendant que les autres retournent au niveau des box. La journée s'achève, les vans repartent, et l'effervescence disparaît. Avant le retour de la prochaine course.
Lexique sur le monde des courses
Lexique pour tout comprendre sur le monde des courses
Le Trot
La Société d'encouragement à l'élevage du cheval français (SECF), communément appelée Société du cheval français et aujourd'hui Le trot, est une association à but non lucratif, loi de 1901. C'est la société mère des courses au trot. C'est d'ailleurs en Normandie que les premières courses de trot ont vu le jour. Le Trot a pour but de développer les courses au trot en France et protéger le trotteur français dans sa spécificité.
PMU
Le PMU (Pari mutuel urbain) est un acteur historique des courses et des paris. Juridiquement, il est défini comme un Groupement d'intérêt économique, constitué de 66 sociétés de courses françaises, dont deux sociétés mères qui réglementent et dotent les courses : France Galop, pour les courses de plat et d'obstacles, et Le Trot, pour les courses de trot.
Heat
Le Heat est l'échauffement réalisé par les chevaux avant la course. Le heat a généralement lieu entre une et deux heures avant le départ de la course. Pour certains trotteurs, cette séance d'entraînement peut se faire en deux temps. Une première séance assez détendue, puis une autre, plus soutenue, avant la course.
Lad
Le lad est aussi connu sous le nom de palefrenier. Il s'agit de la personne chargée de s'occuper des chevaux de course et qui assure les soins au quotidien.
Comment vit financièrement l'hippodrome ?
L'hippodrome de Caen fait partie des quatre hippodromes gérés par la société Le Trot avec Cabourg, Vincennes et Enghien.
Impossible de passer à côté : l'hippodrome de Caen est en plein cœur de la ville. Les Caennais prennent plaisir à aller faire leur sport et à se balader sur cette piste, qui fait près de 2 000 mètres. Pourtant, cette dernière n'appartient pas à la Ville, mais bien à la société Le Trot. La majeure partie des revenus de l'hippodrome provient des paris. "Cela représente 98 % de l'argent qui rentre dans les hippodromes, les 2 % restant viennent de la billetterie, des restaurants, du sponsoring, etc.", explique François Laurans, directeur administratif et financier de la société Le Trot.
"Ça parait beaucoup d'argent,
mais on a beaucoup de frais
à payer"
"Les courses sont support aux paris mutuels. Notre agent collecteur qui s'appelle le PMU collecte les fonds et en restitue une part aux sociétés mères [Le Trot et France galop, NDLR]", explique Gilles Ribot, régisseur de l'hippodrome. En 2019, 4,5 milliards d'euros ont été misés sur les courses au trot sur un total de 8,7 milliards d'euros de chiffres d'affaires. Sur ces 8,7 milliards, 75 % sont redistribués aux joueurs, 10 % reviennent à l'État, 6 % couvrent les frais de PMU et enfin 9 % sont distribués pour faire vivre la filière des courses. Ces 9 % représentaient "742 millions d'euros en 2021. Une somme divisée par deux et répartie entre la société Le Trot et la société France Galop", explique Philippe Augier, président du Conseil d'administration du PMU. "Pour pouvoir fonctionner, il faut des fonds, car il faut pouvoir donner le prix des allocations, entretenir les hippodromes, etc.", ajoute Gilles Ribot. Par exemple, Jérémy Van Eeckhaute, driver qui est arrivé deuxième lors d'une course de trot attelé sur l'hippodrome de Caen, "gagne un pourcentage du gain selon les allocations. Là, le prix était de 25 000 euros. La jument prend 6 000 euros, ensuite c'est réparti entre le propriétaire, l'entraîneur, le driver. Ça parait beaucoup d'argent comme ça, mais on a beaucoup de frais à payer", explique-t-il.
Un hippodrome vitrine
Le PMU génère 115 millions d'euros d'enjeux sur les courses organisées à l'hippodrome de Caen. "C'est en dessous des hippodromes parisiens", indique François Laurans. Du côté du coût de fonctionnement, aucun chiffre précis ne sera dévoilé, mais cela représente "quelques millions d'euros pour la masse salariale, l'amortissement, etc.". L'hippodrome de Caen, qui fait partie des quatre hippodromes gérés par la société Le Trot, avec Cabourg, Vincennes et Enghien, "coûte plus qu'un hippodrome exploité bénévolement. Ce sont des hippodromes vitrines, le matériel est à la pointe, la piste est parfaite".
Il faut savoir que le Département, qui organise le cross du collège depuis des dizaines d'années sur la piste, ou la mairie, qui permet aux Caennais de voir le feu d'artifice du 14 juillet depuis les gradins, le font d'un commun accord avec l'hippodrome. Aucune somme n'est déboursée pour pouvoir se servir du lieu lors de ces actions. Aucune subvention n'est versée par ailleurs.
"L'hippodrome de Caen est l'un des meilleurs en France"
Jérémy Van Eeckhaute est entraîneur de trotteurs et driver installé dans le domaine de Grosbois, en région parisienne. Il se rend régulièrement à l'hippodrome de Caen. Rencontre.
L'hippodrome de Caen est largement apprécié par les différents professionnels du milieu des courses. "C'est l'un des meilleurs hippodromes de France", confie Jérémy Van Eeckhaute, entraîneur de trotteurs dans le domaine de Grosbois, en région parisienne, et également driver depuis 18 ans. Il a d'ailleurs participé à une course de trot attelé à l'hippodrome de Caen jeudi 10 mars.
Un tremplin pour les jeunes chevaux
Il faut dire que ce passionné est un habitué de l'hippodrome de Caen. "Dès que j'ai des chevaux qui ont de bons engagements, je viens ici. C'est toujours glorifiant de venir courir sur cet hippodrome." Si ce lieu est aussi apprécié par les professionnels, c'est avant tout pour sa piste : "Elle est assez grande. C'est l'hippodrome de référence pour les chevaux corde à droite [c'est-à-dire qui tournent dans le sens des aiguilles d'une montre, NDLR] et Vincennes corde à gauche. Certains chevaux sont très bons à Caen mais pas à Vincennes", explique le driver arrivé deuxième lors de sa course. Pour Gilles Ribot, régisseur de l'hippodrome, la piste est réputée "car elle est idéale pour les jeunes chevaux. Cet hippodrome est une sorte de tremplin. Les virages ne sont pas serrés, donc ça permet aux jeunes chevaux de s'aguerrir avant d'aller sur les joutes parisiennes."
De plus, pour Jérémy Van Eeckhaute, "il est bien situé, il y a du monde et les courses sont belles".
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