Les conséquences économiques de l'invasion russe en Ukraine commencent déjà à se faire sentir en France avec, comme traduction, une inflation généralisée depuis plusieurs semaines. Est-ce réellement lié au conflit ? Nous avons posé la question à Nathalie Janson, professeure d'économie à Neoma Business School à Mont-Saint-Aignan.
À quel point le conflit en Ukraine participe-t-il à l'inflation observée en France ?
Les tensions inflationnistes sont nées bien avant la crise en Ukraine [...] Mais la guerre renforce évidemment les tensions sur les prix, puisqu'ils vont aller frapper l'énergie et également certaines matières premières comme le blé. Si vous avez tensions sur le blé, vous allez avoir des tensions sur toutes les industries qui transforment le blé.
Et de la même façon, sur tous les secteurs exposés à l'énergie. Les industriels, en voulant répercuter cette flambée du carburant, vont participer à cette hausse généralisée des prix.
Selon vous, la hausse des prix
du carburant est-elle durable ?
Aujourd'hui, on est dans une situation très particulière dans l'industrie pétrolière. On avait une reprise de la demande relativement vive avant le conflit, du fait de la reprise d'activité et la fin de la Covid avec des réserves très basses. Si vous rajoutez à cela une partie de l'offre qui ne peut plus arriver comme avant, du fait des conflits, ça vous donne des prix qui vont s'envoler.
L'ajustement sur le marché du pétrole ne se fait pas instantanément, il faut éventuellement rouvrir des puits, etc. On va avoir un marché qui va toujours être tendu. C'est pour cela que la question des gaz de schiste a été évoquée, puisque cela peut être un relais, notamment pour les États-Unis. C'est la raison pour laquelle les Américains veulent que les sanctions envers la Russie soient plus dures.
Dans quelle mesure la France est-elle dépendante de la Russie en matière énergétique ?
La France n'est pas impactée autant que l'Allemagne par exemple, car on ne dépend pas autant de la Russie dans nos approvisionnements. En Allemagne, on est plutôt à hauteur de 50 % sur le pétrole et le gaz russe, tandis qu'en France, c'est autour de 20 à 30 %. Néanmoins, on va payer la note salée. C'est déjà très concret, les prix à la pompe sont arrivés vite à deux euros.
Par ailleurs, lorsqu'il y a des incertitudes géopolitiques, la monnaie refuge, c'est plutôt le dollar et non l'euro. Par conséquent, l'euro baisse et cela renforce la note, puisque nous payons en dollars. Donc on cumule à la fois le taux de change défavorable et le prix de la matière première qui augmente.
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