20 heures. Le moteur froid du Ford Transit démarre. Arsen et Natalya Deren sont sur le départ à Gacé, dans l'Orne. Le couple originaire d'Ukraine s'apprête à effectuer 39 heures de route aller-retour pour fournir des produits de première nécessité dans le pays en guerre.
À l'instant où le président de la République Emmanuel Macron annonce le mercredi 2 mars en direct à la télévision que "les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs", Arsen et Natalya sont en chemin. Direction Medyka, un village polonais situé à 500 mètres de la frontière ukrainienne. Du théâtre des Cordes à Caen à l'ensemble scolaire Trégaro de Gacé, ils ont passé la journée à récupérer des cartons de médicaments, vêtements et vivres.
Les bénévoles trient les produits de première nécessité.
"Arrêtez la guerre"
Peu avant de quitter la Normandie, le couple a décidé d'effectuer ce périple avec deux véhicules. L'un pour transporter les aides, l'autre pour récupérer des proches qui ont fui la guerre. Sur la route, Natalya confie son inquiétude sur la situation en Ukraine. "C'est extrêmement difficile, nous n'avons jamais été préparés à faire face à autant de détresse." Son frère ne peut pas quitter sol ukrainien. Les hommes âgés entre 18 et 60 ans ont interdiction de passer la frontière. Conséquence, la mère de Natalya reste à Ivano-Frankivsk pour ne pas laisser son fils seul. "À tout moment, des bombardements peuvent se produire." Les kilomètres s'enchaînent et la fatigue prend le dessus à 4 h 30. Le couple s'arrête dormir une heure sur une aire de repos en Allemagne. À 7 heures, les premiers rayons du soleil laissent apparaître les quelques mots écrits d'un doigt sur la poussière noire des camions. On peut y lire "Arrêtez la guerre", "Aidez l'Ukraine" ou encore "Priez pour l'Ukraine". Comme un clin d'œil au drapeau ukrainien, le trajet se poursuit sous un ciel bleu azur. À 200 kilomètres à l'ouest de Medyka, Arsen reçoit des appels de ses proches. La situation est trop instable à la frontière, il faut se replier sur Rzeszow, à 70 kilomètres de l'Ukraine.
Une petite fille polonaise se glisse entre les cartons du plus grand point de collecte de Rzeszow pour prêter main-forte aux adultes en train de remplir les bus d'aides humanitaires. Une lueur d'espoir.
La guerre touche tout le monde.
Des milliers de cartons
24 heures après le départ, le couple arrive dans la salle omnisports Hala Podpromie à Rzeszowi. Des milliers de cartons venus de toute l'Europe y sont entreposés. Malgré la fatigue accumulée, Arsen et Natalya vident leur camion. Venue prêter main-forte, Kristina Stavroska, une élue de la municipalité, se dit "surprise" de voir autant de générosité pour le peuple ukrainien. Ici, une vingtaine de bénévoles s'affairent à charger - à ras bord - une dizaine de bus. Ils ont déposé quelques minutes plus tôt des réfugiés à la gare et repartent aussitôt en direction de Lviv et Ivano-Frankivsk, dans le pays en guerre. Une petite fille polonaise d'à peine huit ans se mobilise pour charger les bus. Aux alentours de 23 heures, le couple se rend dans un hôtel. Bénéficier d'une chambre est un luxe à la frontière. Avec 1,5 million de réfugiés, les établissements d'hébergement sont engorgés à l'est de la Pologne.
Des vies dans le rétroviseur
Au petit matin, sous les flocons de neige, Arsen et Natalya quittent leur hôtel pour aller chercher leurs amis. Hébergés gracieusement par une Polonaise, ces quatre femmes et cet enfant de quatre ans ont fui les bombardements de Kyiv. L'une d'entre elles pensait pouvoir retourner prendre des affaires chez elle. Elle n'a jamais pu. Ces Ukrainiennes ont laissé derrière elles leur maison, leurs amis, leur mari, leur vie.
Après 1 908,5 kilomètres et près de 24 heures de route, Natalya a retrouvé ses amis ukrainiens. Ce sont quatre femmes et un enfant de quatre ans. Elles ont fui Kyiv, la capitale. Et ont été hébergées par une Polonaise qu'elles ne connaissaient pas av
Des bénévoles polonais et ukrainiens forment une chaîne humaine pour rapidement charger les bus avec des cartons remplis de produits de première nécessité.
Des milliers de cartons venus de toute l'Europe sont entreposés dans dans le plus grand centre de collecte de Rzeszow.
Les bus sont remplis à ras bord avant de prendre la route pour l'Ukraine.
Les matelas font également partie des dons pour aider les Ukrainiens.
À Rzeszow, les bénévoles attendent les prochains bus pour l'Ukraine. Ils vont les remplir en moins de 20 minutes.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.