La nuit a été courte, pour Liliya Senik. Lundi 21 février, cette professeure de piano de Fécamp est "restée collée devant la télévision jusqu'à 2 heures du matin", après la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes de l'est de l'Ukraine par le président russe, Vladimir Poutine.
La Fécampoise est originaire du Donbass, où se situent ces régions pro-russes, en conflit depuis 2014 avec le pouvoir central ukrainien, basé à Kiev, la capitale.
Rencontre avec Liliya, Fécampoise d'origine ukrainienne
La culture russe imprègne l'est
"J'ai réussi à joindre ma mère, je lui ai demandé ce qu'elle pensait de la déclaration. Elle m'a dit : 'ouf' !", poursuit la musicienne de 47 ans, dont les parents et le frère vivent depuis toujours en région pré-frontalière, à environ 25 km de la Russie. "Là-bas, nous sommes très proches des Russes. Imaginez, en France, la région de Perpignan. Ils parlent catalan, cuisinent des recettes catalanes… Pour nous, c'est la même chose. Nous avons eu la même économie pendant des décennies, on se ressemble tellement qu'au réveillon, on mange les mêmes plats, on a grandi devant les mêmes dessins animés." La Fécampoise raconte le sentiment d'abandon que ses proches ressentent, vis-à-vis du pouvoir central. D'autant que la mère de Liliya Senik ne perçoit plus de retraite ukrainienne… mais une retraite russe.
"La guerre est imminente"
A contrario, une partie des proches de Liliya Senik vit à Kiev. "Ils disent qu'il faut que l'on aille dans l'Union européenne, mes parents eux, n'en veulent pas… C'est la guerre civile dans notre propre famille." La professeure de piano, elle, regarde à la fois la télévision russe et les médias français. Elle aurait aimé voir le président ukrainien "venir discuter, trouver des solutions" pour réintégrer les régions séparatistes avec un statut spécifique. "J'ai espéré… Mais maintenant, j'ai très peur. L'Ukraine va évidemment résister pour ne pas perdre ces régions. Je pense que la guerre est imminente." Depuis huit ans, sa famille vit déjà dans la crainte des bombardements et désormais sous couvre-feu.
La Normande d'adoption, qui n'a pas vu ses proches depuis 2018, tente de prendre du recul grâce à son travail, la musique. Elle conclut avec une interprétation de la chanson traditionnelle slave Les Yeux Noirs. "Une chanson festive, en espérant que la paix reviendra dans ma région et que l'on pourra chanter en ukrainien et en russe, que l'on accepte les deux cultures."
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