Il peut soulever des bateaux de 10 000 tonnes, de 150 mètres de long et de 30 mètres de large. Le dock flottant du port de Rouen est une mégastructure unique en Normandie, unique aussi sur la Seine. Il en existe trois en France, à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique et à Dunkerque dans le Nord mais c'est bien à Rouen que la tradition de la construction et de la réparation navale est ancrée. "Il y a toujours eu cette tradition tout le long de la Seine, au Havre ou au Trait. Ces chantiers sont quasiment tous fermés. Nous avons conservé cette activité puisque nous avons deux dragues qui tournent en permanence à réparer", explique le directeur territorial Haropa Port Rouen, Pascal Gabet.
Le dock flottant permet d'effectuer les réparations sur ces deux bateaux qui sont très sollicitées qui entretiennent le chenal de la Seine, "Ça coute très cher de draguer un fleuve pour pouvoir lui donner un gabarit maritime. On optimise les coûts en faisant les réparations chez nous".
Bacs et vedettes de la police portuaire sont réparés au port
Et avec une belle voie navigable, viennent les navires et de possibles clients : "près de 4 000 bateaux fluviaux circulent à Rouen chaque année. Ces embarcations peuvent aussi être intéressées par des réparations", ajoute Pascal Gabet. Les bateaux de petite dimension comme les vedettes de la police portuaire sont elles aussi réparées et mises au sec directement sur les quais. Les équipes de réparation navale à Haropa Port s'occupent principalement de la flotte du port de Rouen et des bateaux-logement, ces péniches qui longent les quais de Seine. Le dock flottant accueille les grands bateaux, ils sont maintenus par des cales sur le radier. "Le plus impressionnant, c'est le remorqueur : quand on le voit au-dessus de l'eau, il paraît petit puis quand on le voit au sec et la taille de son l'hélice à l'arrière, c'est très grand !" raconte Dany Guiniot, dock master. Autre gros contrat, celui des huit bacs qui permettent de traverser les rives de la Seine. Ces bateaux de grande envergure, notamment celui du Duclair, sont eux aussi entretenus sur le dock flottant au moins jusqu'au mois prochain. Le contrat entre Haropa Port et le département de la Seine-Maritime qui assure la gestion de la flotte des bacs se termine fin mars, un nouvel appel d'offres est en cours.
L'acquisition du nouveau dock flottant pour un coût de 8 millions s'est faite avec l'appui de l'État et des collectivités. Le transport et les travaux ont coûté plus cher que le rachat du dock. 10 millions d'euros ont été nécessaires pour sa remise en état et l'arrivée au port de Rouen en septembre 2021 (lire par ailleurs). Certaines parties étaient atteintes "par la corrosion, il a fallu remplacer les tôles à l'avant du bateau, au niveau du radier", explique Matthieu Bertin, responsable de la maintenance des moyens nautiques du port. Il aura fallu 28 000 litres de peinture pour recouvrir les 27 800 m2 de surface du dock en travaux. Il entrera en service début 2023. En attendant, le dock flottant livré à la France il y a 95 ans est toujours en activité.
L'ancien dock vit ses dernières missions
Centenaire, le dock flottant du port de Rouen est encore en activité jusqu'à l'année prochaine.
Le nouveau dock flottant du port du Rouen, Archimède, date de 2014. Un petit jeunot par rapport au dock flottant historique de Rouen, presque centenaire et toujours en marche. "Un increvable mais qui a fait son temps", reconnaît Dany Guiniot, dock master pour Haropa Port, l'établissement gestionnaire des trois grands ports du Havre, de Rouen et de Paris. Livré à la France par l'Allemagne en 1927, le dock est vieillissant mais la technique pour mettre à sec un bateau "n'a presque pas changé en un siècle" affirme Pascal Gabet, le directeur territorial d'Haropa Port Rouen.
Les raisons de son imminente retraite sont en fait dues "à l'épaisseur des tôles formant le dock flottant qui diminue avec l'âge, il pourrait y avoir des avaries. Comme la tour Eiffel, les tôles sont rivetées et non pas vissées. Il est très compliqué de le réparer. Le système dans la cabine est aussi très ancien", sans oublier que les instructions sont indiquées...en Allemand.
Parmi les quatre docks flottants, dommage de guerre longtemps installés dans la darse de Petit-Couronne, seul celui-ci est sauvé.
Un savoir-faire à Rouen
Le port de Rouen rachète le dock dans les années 80, sûr du savoir-faire Normand. "Il existe plusieurs entreprises qui ont cette histoire et cette tradition au Havre, à Fécamp, à Dieppe [...] Notre particularité à Haropa, c'est de couvrir quasiment tous les métiers de la réparation navale", affirme Pascal Gabet. Plusieurs ateliers concentrent ainsi les corps de métier : la chaudronnerie et la soudure, avec des équipes largement sollicitées, les coques de bateaux étant en métal ; l'activité des mécaniciens hydrauliciens, l'usinage des pièces ainsi que l'atelier d'électricité et de peinture sont présents au port de Rouen. Une cinquantaine de personnes en tout travaille dans ces ateliers avec autant d'emplois pérennisés grâce à l'achat du nouveau dock flottant.
Vendu pour la ferraille
Haropa Port cherche désormais un acheteur pour son dock flottant presque centenaire. Une offre venue des Pays-Bas n'a pas abouti. Usée, obsolète, amiantée, la structure finira en ferraille. Le groupe Haropa Port Rouen espère en tirer un bénéfice chiffré à un million d'euros. Dany Guiniot, dock master lui dira au revoir "non pas avec la larme à l'œil" mais tout de même avec un brin de nostalgie. Le directeur territorial d'Haropa Port Rouen, Pascal Gabet connait la valeur historique de cette structure et affirme vouloir en conserver la cabine avant son démantèlement. Partie la plus emblématique du dock, elle pourrait avoir une seconde vie dans un musée maritime.
Le dock flottant vieillissant est toujours en activité : il va être utilisé pour les deux prochains arrêts techniques des dragues Daniel Laval et Jean Ango. L'entretien de la drague Jean Ango commence mi-mars et le chantier va durer plusieurs mois.
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