C'est l'heure du procès. Celui tant attendu par les parties civiles, cinq ans et demi après l'assassinat du père Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016. Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, les deux assaillants ont été abattus lors de l'assaut de la police. Quatre accusés doivent désormais, pendant un mois, répondre de leur niveau d'implication dans cet attentat. Ou trois accusés plus exactement, puisque Rachid Kassim est absent et présumé mort. Les trois autres, Farid K., Yassine S. et Jean-Philippe Steven J-L., incarcérés depuis, doivent seuls faire face aux parties civiles. La salle est comble, l'attention médiatique maximum. Le procès durera un mois, avec de très nombreuses auditions et témoignages. En ouverture d'audience, le président a rappelé les faits douloureux. La deuxième partie de journée a été consacrée à l'étude de la personnalité de deux des accusés. À commencer par celle de Farid K, 36 ans, la trentaine au moment des faits. Il est le cousin d'Abdel Malik-Petitjean, l'un des assassins. "Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ?", lui lance le président. "Oui", dit-il avant de se reprendre très vite. "On s'est mal compris, je conteste les faits", de l'association de malfaiteurs terroriste jusqu'à sa potentielle radicalisation ou ses velléités de départ en Syrie. "Ce costume est trop grand pour moi, je ne comprends pas ce qu'on me reproche ", va insister l'accusé d'un ton calme, laissant entrevoir sa ligne de défense.
Intégration et assimilation
L'ancien chauffeur routier se présente comme quelqu'un qui profitait de la vie, qui "aime fumer du cannabis et jouer aux jeux vidéo". Et qui aime sortir aussi et enchaîner les conquêtes, aussi bien des femmes que des hommes, même s'il cachait à ses proches sa bisexualité. Sur son éducation par sa mère dans la banlieue de Nancy, Farid K. parle "d'une très bonne éducation, assez stricte", avec une envie d'inculquer des valeurs d'intégration et d'assimilation. Chez sa mère algérienne, "on ne parlait pas arabe et on ne parlait jamais de religion", explique-t-il. C'est après son licenciement d'une entreprise de transport que les choses se compliquent. Stressé par son travail et par sa situation à domicile, il connaît un épisode dépressif et sera même hospitalisé en psychiatrie, en 2015. Son mariage, avec une cousine éloignée de sa famille avec qui il a deux enfants, n'a pas tenu. "J'ai très mal vécu ce moment-là ", indique l'accusé. "Avez-vous un engagement religieux", lui demande le président. "Aucun", répond-il immédiatement. Adel Kermiche ? Il ne le connaît pas. Abdel Malik Petitjean, son cousin ? À peine. Quant à la messagerie Telegram, sur laquelle il est accusé d'avoir partagé une propagande djihadiste, c'est son cousin qui lui aurait installée.
Son interrogatoire sur les faits reprochés n'interviendra qu'après l'ensemble des témoignages, comme toujours en procès d'assise. Mais déjà, sa ligne de défense se précise : nier en bloc et présenter une image à mille lieues de la radicalisation islamiste.
Comme les deux autres accusés présents, il risque trente ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.