Comment sommes-nous protégés dans la ville ? La sécurité est un point d'intérêt crucial des Français, et donc des Caennais. Un des renforcements majeurs pour assurer la sécurité dans le département, et notamment à Caen, est le développement de ce qui est appelé la police de sécurité du quotidien. "En 2021, nous avons augmenté de 80 % les patrouilles à pied des policiers et des gendarmes par rapport à 2020", indique le préfet du Calvados. Pourtant, pour certains commerçants du centre-ville de Caen, certes la police passe, mais surtout en voiture : "On les voit passer, mais pas à pied", indique Marion Hervé, gérante de l'Atypic, rue Arcisse-de-Caumont. Pour Jean-Pierre Falsk, co-gérant du magasin Fleur de Lin, c'est surtout la police municipale qui se déplace : "Des fois, en 30 minutes, on la voit quatre fois, mais je ne vois pas la police nationale." Un constat partagé par Gwendoline Fonnard, responsable du magasin Valege, rue Saint-Pierre : "Je vois énormément la police municipale, elle s'arrête quand on a besoin. En revanche, je vois moins la police nationale."
Ces patrouilles ont de multiples objectifs : en plus d'être vues et d'aller au contact "des commerçants, des bailleurs sociaux, des citoyens", ajoute le préfet, c'est aussi le moyen pour les forces de l'ordre de recueillir des informations, voir où il y a des éléments de délinquance et "de trouver des réponses aux problèmes d'occupations de halls d'immeuble, de petits trafics, etc.". En matière de délinquance, si globalement l'atteinte aux biens a baissé, en revanche, les violences intrafamiliales, les escroqueries sur Internet et les coups et blessures volontaires sont des délits à la hausse à l'échelle du département. Pour mieux répondre à ces problèmes, les horaires des unités de voie publique ont été changés "pour le début de soirée, la soirée, c'est-à-dire quand la délinquance est là, au lieu de la journée". Pour Caen et son agglo, qui se trouvent en zone police, c'est-à-dire une zone où la police intervient en cas de besoin, il y a 500 policiers dans les différents services. En plus de cette sécurité du quotidien, une trentaine de policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) se déplacent dans des voitures banalisées. "Ils sillonnent les zones difficiles pour stopper la délinquance d'initiative. C'est le principe du saute-dessus", explique Olivier Le Gouestre, directeur de la sécurité publique du Calvados.
Enfin, 64 personnes font partie de la police municipale à Caen "pour lutter quotidiennement", précise le maire de Caen, Joël Bruneau, et se déplace en voiture à pied, à moto. Cette police est armée "dans un but dissuasif", ajoute Christophe Fournier, à la direction de la police municipale. Des armes qui n'ont pas servi en 2021. À la suite d'appels, les policiers municipaux sont intervenus 14 600 fois l'année dernière. "Nous occupons tous les quartiers, et en journée, ce sont les mêmes agents aux mêmes endroits, ceux qu'on appelle les 'îlotiers', ils connaissent leur secteur et la population." D'après un classement de La Gazette des communes en 2021, Caen est dans le top 100 des villes françaises, en termes de nombre de policiers par rapport aux habitants, devant Rouen par exemple.
Caméras de vidéoprotection : incontournables ?
53 caméras de vidéoprotection sont installées à Caen. 16 de plus vont l'être dans l'année. Sont-elles efficaces ? Éléments de réponses.
Plus d'une cinquantaine de caméras de vidéoprotection sont installées à Caen. Si leur installation a créé le débat en 2016 - tout comme dans la commune de Ouistreham -, ces caméras sont un outil d'aide pour la police. Selon Olivier Le Gouestre, directeur de la sécurité publique dans le Calvados, la vidéoprotection permet "d'identifier des délits que l'on n'aurait pas pu gérer autrement car on ne peut pas être partout 24h/24". Grâce à ce maillage de 53 caméras, les policiers peuvent résoudre "des agressions, des affaires de violences, vols ou des cambriolages". À Caen, les quartiers de la Pierre Heuzé, la Grâce de Dieu ou encore la Guérinière sont visés, tout comme le centre-ville : "Les lieux ont été choisis en coopération avec la police nationale, tient à préciser Joël Bruneau, le maire de la ville. Elles sont dans les endroits fréquentés, dans les quartiers où il y a des centres commerciaux et au niveau des axes d'entrées et de sorties dans la ville."
Dans l'agglomération, des caméras sont présentes au Grand Parc et à la Grande Delle à Hérouville ou à Colombelles. À Caen, les agents de la police municipale sont derrière leurs écrans en temps réel. "Il y a six opérateurs chargés de regarder les écrans de jour comme de nuit", ajoute Christophe Fournier, à la direction de la police municipale. La police nationale a aussi accès à ces images, qui peuvent s'avérer utiles pour les enquêtes. "Cela peut nous aider dans les investigations", explique Olivier Le Gouestre. Preuve en est, vendredi 28 janvier, les caméras ont permis d'identifier le véhicule qui avait pris la fuite à la suite d'un accident avec un piéton boulevard du Maréchal-Lyautey. L'homme a été interpellé et placé en détention provisoire.
De nouvelles caméras
Dans l'année, 16 nouvelles caméras vont être installées "dans des lieux que nous avons identifiés comme étant nécessaires à protéger", détaille le maire. Au total, 69 caméras mailleront la commune, dont cinq nomades. Ce dispositif semble faire ses preuves, notamment en matière de "flagrants délits". Depuis 2016 -et leur installation- 2 000 infractions ont été constatées grâce à la vidéoprotection. À peu près 300 extractions d'images sont réalisées par an "et servent de preuve pour la justice". Sans demande de réquisition, la Ville conserve les images 15 jours. Devant les images, les opérateurs savent désormais anticiper.
"Un jour, par exemple, on avait une personne qui s'est fait agresser. Avant même que cela se passe, les opérateurs ont repéré le comportement suspect des fauteurs de troubles et ont fait envoyer une patrouille. Quand l'action a commencé, les policiers arrivaient, ce qui a permis de mettre un terme à l'agression", se rappelle Christophe Fournier. Il ne faut cependant pas oublier le coût : pour les 53 caméras en place, il faut compter environ 1,2 million d'euros HT d'investissement, dont une partie a été prise en charge par l'État. Le coût de maintenance hors personnel est lui de 55 000 euros par an, "donc évidemment, ça représente un certain coût", conçoit le maire. Enfin, 350 000 euros vont être déboursés pour les 16 caméras à venir.
À noter également que tous les transports en commun de Caen ainsi que les arrêts du tramway sont équipés de vidéoprotection.
Une sécurité renforcée en période estivale
Lors de la période estivale, des renforts sont mobilisés à Caen et dans le Calvados en raison du nombre important de touristes.
On le sait, Caen et la côte calvadosienne sont des lieux prisés par les touristes lors des vacances estivales. Avec plus de 694 000 habitants, d'après les données de 2019, "le département devient millionnaire pendant l'été, et ce de plus en plus tôt", tient à rappeler Philippe Court, le préfet du calvados, tout en insistant sur le fait "qu'en comparant avec d'autres franges du littoral, nous avons une situation moins intense en matière de délinquance".
Des CRS en plus
Ces vagues d'affluence, notamment lors des mois de juillet et août, sont dues "aux locations saisonnières et à la fréquentation touristique journalière des gens qui viennent d'Île-de-France chez nous", précise le préfet. Lors de cette période, les renforts sont systématiques pour accompagner "cette respiration touristique en matière de lutte contre la délinquance". Ainsi, lors de l'été 2021, 99 policiers et 70 militaires de la gendarmerie supplémentaires ont été mobilisés. "Une compagnie de CRS, soit 60 à 80 CRS, est mobilisée en zone police, soit au niveau de Cabourg, Honfleur, Deauville, etc. De la même manière, il y a l'ouverture de postes provisoires de gendarmerie sur la côte, dans la zone gendarmerie de Ouistreham à Port-en-Bessin." En cas de besoin, le préfet peut également décider d'envoyer des unités de Caen sur la côte.
Chaque été, les effectifs des forces de l'ordre déployés en plus sont quasi-similaires.
"On peut toujours faire mieux. Il y a un besoin en patrouilles pédestres"
Faut-il renforcer les moyens de la police de proximité à Caen ? Entretien avec Olivier Le Gouestre, directeur de la sécurité publique du Calvados.
La police de sécurité du quotidien
est-elle présente en ville ?
La police va partout. Il n'y a pas de territoire qui n'est pas couvert à Caen. En 2009, nous étions à 2 000 heures de patrouille pédestre en ville et dans les transports publics. En 2021, on est passé à 9 000 heures. Cela permet de développer des contacts avec les commerçants et les riverains.
La population se sent-elle en sécurité ?
Oui, j'ai la certitude que Caen est bien sécurisée par rapport à ce que j'ai pu connaître. Caen a la réputation d'une ville relativement paisible où la délinquance est maîtrisée. Les différents partenaires de la sécurité travaillent main dans la main. Ici, les riverains signalent dès le moindre doute. À titre de comparaison, à Rouen, le sentiment d'insécurité est un peu plus présent.
Quels sont les manques ?
Je ne parlerais pas de manques. Évidemment, on peut toujours faire mieux. Il y a un besoin en patrouilles pédestres. Une quinzaine de policiers supplémentaires permettrait d'être plus présent dans le secteur piétonnier et les zones sensibles comme les quartiers de la Grâce de Dieu, la Guerinière, la Pierre Heuzé, etc. Sinon, nous sommes suffisamment étoffés. Le but est d'être visible pour rassurer la population.
Quels sont les projets à venir ?
J'aimerais bien que l'on ait une brigade équestre sur les bords de mer. Cela permet d'avoir une hauteur de vue sur un événement et de réagir plus vite.
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