La Métropole de Rouen entreprend des travaux tout le mois de février sur les trois trémies principales de la rive droite de Rouen : Corneille, Boieldieu et Belges. L'objectif est d'installer des barrières avant et après les tunnels, le tout équipé d'une dizaine de caméras permettant de contrôler les futures barrières ainsi que l'intérieur des trémies.
La promesse est de faire gagner du temps à tout le monde."Avec les futures barrières et les caméras, les interventions dans les trémies en cas d'accident ou de travaux seront plus rapides et donc auront naturellement moins d'impact sur la circulation", explique Clément Beignot-Devalmont, le directeur adjoint en charge de la circulation à la Métropole de Rouen. Selon lui, ces nouvelles barrières gérées à distance permettraient de "gagner 20 minutes pour rouvrir la trémie", comparé à une intervention aujourd'hui, où il faut "baliser lourdement en avant et à l'arrière" du tunnel. Un temps précieux qui permettrait d'absorber une heure d'embouteillage.
Les travaux sont sectionnés par petits chantiers pour limiter leur impact sur la circulation
Depuis leurs lancements au 31 janvier, les travaux ont peu d'impact sur la circulation en ville et le quotidien des Rouennais. Les agents interviennent surtout de nuit à l'intérieur des trémies, fermées le temps des interventions (ndlr : le calendrier des fermetures de trémies est à retrouver sur tendanceouest.com).
Et le chantier avance vite, assure Clément Beignot-Devalmont. Les trémies Pasteur et Gambetta ne seront, pour l'instant, pas équipées. "Elles posent moins de problèmes de circulation", assure la Métropole. Les interventions sur la trémie Pasteur peuvent se faire sans la fermer totalement, aussi une voie sur deux reste ouverte. Quant à la trémie Gambetta, permettant d'accéder au CHU de Rouen, elle est moins accidentogène et moins empruntée.
La journée, des marquages au sol permettent de voir où seront installées les futures barrières et les caméras. Au niveau de la trémie du boulevard des Belges, deux ouvriers percent le sol à côté de l'arrêt de TEOR. Ils opèrent au-dessus de la trémie et créent les emplacements qui serviront aux armoires électriques. Celles-ci permettront de gérer l'ouverture et la fermeture à distance par les agents du PCRT, le poste de commandement et de régulation du trafic.
20 000 véhicules circulent chaque jour dans les trémies. Lorsque l'une d'entre elles est fermée, c'est tout le trafic depuis les hauteurs à l'est de Rouen jusqu'au bout des quais qui peut être impacté. Les opérateurs du PCRT prennent les commandes des feux tricolores aux carrefours au-dessus des tunnels.
Virginie Leleu, régulatrice du trafic, "intervient en fonction du nombre de véhicules". Si la situation l'impose, elle peut avertir les usagers sur les panneaux d'affichage à l'entrée du centre-ville ou envoyer des SMS aux conducteurs.
Les trémies de la rive droite en chiffres
Tous les habitants de Rouen connaissent les trémies, voici leurs chiffres clés.
70 ans
Les trémies sont construites après la Seconde Guerre mondiale, Rouen est alors en ruines. Les travaux vont durer 10 ans et font partie de la grande reconstruction de la ville.
20 000 véhicules par jour
C'est le nombre de véhicules qui circulent chaque jour dans les trémies de la rive droite de Rouen, jusqu'à 1 800 en heure de pointe dans le sens Saint-Paul vers le boulevard des Belges.
6 secondes
Même en heure de pointe dans les bouchons, un feu tricolore activé depuis le poste de commandement et de régulation de trafic (PCRT) restera au minimum 6 secondes au vert pour fluidifier le trafic sans le congestionner au point d'arrêt suivant.
180 centimètres
La trémie des Belges autorise les véhicules d'une hauteur maximum de 1,80 mètre : à 5 centimètres, donc de la taille moyenne d'un Français ! Les trémies Corneille et Boieldieu font 2,5 mètres de hauteur.
10 caméras
Les travaux en cours sur les trois trémies (Corneille, Boieldieu et Belges) serviront à installer une dizaine de caméras avant et après les barrières de sécurité automatiques mais aussi à l'intérieur des trémies. Les travaux vont s'étaler sur quatre semaines. Le calendrier est à retrouver sur tendanceouest.com.
"Ça n'empêchera pas les caravanes de s'encastrer"
Les futures barrières au niveau des trémies vont permettre de réduire les temps d'intervention des agents et, de fait, réduire les bouchons qu'ils peuvent occasionner.
Les trémies permettent d'éviter les feux tricolores des carrefours, de rejoindre l'est en un temps record ou encore d'accéder rapidement au centre-ville de la rive droite de Rouen. Un confort qui peut vite tourner aux embouteillages à rallonge si l'une des trémies est fermée. "Un accident dans la trémie Belge, c'est potentiellement le tunnel de la Grand-Mare qui ferme", atteste Clément Beignot-Devalmont, le directeur adjoint en charge de la circulation à la Métropole de Rouen.
Pas de magie. L'installation de caméras et des barrières n'empêchera pas aux véhicules de plus de 2,4 mètres de s'encastrer dans les trémies. Celle au pied du boulevard des Belges est encore plus basse, 1,8 mètre de hauteur. De quoi perturber certains conducteurs. La Métropole étudie comment détecter les véhicules non autorisés par le traitement des caméras avec de l'intelligence artificielle, mais rien n'est encore au point.
Au poste de commandement et de régulation du trafic (PCRT), les régulateurs du trafic connaissent les routes et points stratégiques à surveiller. Pour gérer l'engorgement dans le centre-ville, "c'est le carrefour Saint-Paul qu'on régule en premier", assure Virginie Leleu, opératrice depuis cinq ans. À cette hauteur, "on peut encore contrôler le bouchon". Le temps d'attente pour les conducteurs devant un feu rouge peut être plus long, jamais plus de 120 secondes, c'est le maximum légal. Les opérateurs rouennais préfèrent raccourcir les temps de passage au feu vert.
"On fait perdre quelques minutes aux gens là-haut pour éviter qu'ils se retrouvent bloqués pendant 15 minutes sous les trémies", ajoute le monsieur circulation de la Métropole. Jusqu'à 1 800 véhicules passent chaque heure sous la trémie Boieldieu, "l'effet domino est tel que la circulation peut devenir très compliquée pour les habitants de l'est de la métropole".
Plus de 10 000 likes pour une page Facebook
En cinq années, Virginie Leleu et ses collègues ont vu des caravanes, des poids lourds et même un cheval bloqués dans les trémies de Rouen. Surtout l'été. L'un des régulateurs se rappelle d'un camion bloqué au milieu des deux voies dans la trémie de la Motte située rive gauche. L'intervention avait duré près de quatre heures.
Pour un florilège d'accidents bêtes, la page Facebook "Tu sais que t'es pas de Rouen quand tu connais pas les trémies" rassemble plus de 10 600 likes et encore plus d'abonnés. On peut y voir des images qui prêtent à sourire de véhicules mal en point.
Certains touristes découvrent la ville remorqués par les dépanneurs et les commentaires moqueurs fusent sur la page : "Nouveau candidat cet après-midi ! Il remporte une médaille, un neufchâtel et une visite de Rouen non consentie !" Jacques Tanguy, historien spécialiste de Rouen, s'amuse aussi de ces "trémies de béton qui vieillissent mal. Regardez la Cathédrale de Rouen, elle tient debout depuis un demi-siècle !"
Les trémies, projets de la grande reconstruction d'après-guerre
Tous les habitants de la Métropole connaissent les trémies de Rouen, voici son histoire.
Fin de la Seconde Guerre mondiale. Rouen est en ruines. Il faut tout reconstruire ou presque. Les bombardements ont changé le paysage. Tous les ponts sont détruits. "On a reconstruit les ponts à 7,5 mètres du niveau moyen des eaux", explique Jacques Tanguy, historien spécialiste de Rouen.
"Problème, ça faisait des rampes assez raides pour remonter sur les ponts, et l'espace urbain est limité à Rouen. La solution a été de surélever les quais. On a fait des quais hauts à la fin des années 40 et on en a profité pour faire passer la route dessous." Toute la ville de Rouen est surélevée.
"On s'en rend compte à la Halle aux toiles. Le bâtiment est dans un trou qui correspond à l'ancien niveau de la ville et aux quais bas", précise l'historien.
Un projet moderne pour l'époque
Les trémies de la rive droite sont créées sous le niveau des eaux. Les urbanistes de l'époque en profitent pour faire le parking de La Bourse. Ces ouvrages d'art réalisés avec du béton sont construits sur des remblais, de la poussière et des vestiges de l'Histoire. La construction est longue et fastidieuse. "Il faut évacuer les gravats. Le chantier ne prendra fin que vers 1960." De vieilles dames de plus de 70 ans à entretenir régulièrement. Le dernier gros chantier sur la trémie Boieldieu date de 2017. Une fissure inquiétante avait été réparée au cours de l'été.
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