"La justice. Sont-ils coupables et de quoi ?" L'archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, s'est déjà vu poser, à de nombreuses reprises, la question de ce qu'il attendait du procès de l'assassinat du père Hamel, qui s'ouvre lundi 14 février 2022, devant une cour d'assises spéciale à Paris. Avec les autres parties civiles, notamment la famille du prêtre ou des associations de victimes terroristes, il se prépare à revivre ces douloureux moments. "On essaye de s'entraider à revivre cet événement. Je me prépare aussi dans la prière. Quelle va être l'attitude de mon cœur quand je vais croiser le regard de ces trois hommes ? Je demande au seigneur que ce soit un regard plutôt aimant et pardonnant", indique l'homme d'Église.
Dominique Lebrun
Pardonner, même devant l'horreur, comme le veut l'Église ? "C'est évidemment l'horizon de ma vie, si j'ose dire de la vie du père Jacques Hamel. Mais c'est un horizon qui marche à travers les méandres de la justice, du dialogue, de la vérité."
Le chemin n'est pas encore complètement parcouru donc, avec encore des questionnements sur ceux à qui il accorde son pardon : "Aux deux assassins ? Aux personnes qui seront dans le box ? Aux dirigeants de l'État islamique ? À leur soutien ?"
Une réactivation des souffrances
Comme le reste des parties civiles, l'archevêque attend aussi des réponses.
"L'instruction a consigné des éléments relativement techniques [sur les accusés NDLR]. Je ne doute pas que l'audience permettra d'aller plus loin."
L'avocate du diocèse, Catherine Fabre, alerte cependant sur l'aspect frustrant que peuvent entraîner ces grands procès de terrorisme, alors même que les deux auteurs des faits sont morts. "Les gens qui sont poursuivis sont des gens en lien avec les auteurs principaux mais ils vont se défende en disant qu'ils ont participé, mais pas tant que ça. D'un côté, il y aura un débat sur les faits. Et en face, les accusés vont chercher à mettre en évidence la distance qu'ils avaient par rapport aux faits." Souvent considéré comme un élément essentiel du deuil, le procès ne résout pas tout, surtout s'il ne permet pas d'apporter toutes les réponses attendues par les parties civiles. "Ça n'est pas un remède. [...] Le procès peut amener un soulagement. Mais ça peut aussi entraîner une réactivation des souffrances."
Le procès
Le procès doit se tenir du 14 juillet au 11 mars devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre personnes sont jugées. Jean-Philippe Steven Jean-Louis, Farid K. et Yassine S sont accusés d'association de malfaiteurs terroriste criminelle. Rachid Kassim, accusé de complicité et considéré comme l'instigateur présumé de l'attentat, sera absent. Il est présumé mort depuis un raid en 2017 dans la zone irako-syrienne.
Les faits
Le père Hamel a été assassiné dans son église lors d'une messe, le 26 juillet 2016. Un paroissien avait aussi été sérieusement blessé. Les deux assaillants, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, qui se revendiquaient de l'État islamique, ont été abattus lors de l'assaut des forces de l'ordre.
• Lire aussi. Rouen. Attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray : le procès en béatification du père Hamel officiellement ouvert
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