À quand une série récurrente comme Plus belle la vie ou Demain nous appartient tournée à Rouen ou dans la région ? Pas tout de suite, à en croire les acteurs locaux qui sont au contact des producteurs et réalisateurs.
"Regain d'intérêt" pour Rouen
Pour autant, les opportunités sont de plus en plus nombreuses : "Nous avons vu un vrai intérêt en 2021 pour l'agglomération rouennaise, bien plus que les années précédentes", souligne Denis Darroy, directeur de Normandie images, l'agence régionale chargée de soutenir la création, subventionnée notamment par le Conseil régional avec 1,2 million d'euros par an. "Il y a un rebond, un vrai regain de sollicitation", ajoute-t-il au sujet de la capitale normande. Dans la région, 99 projets de tournage ont été soutenus l'an dernier, "un record", contre 80 en moyenne chaque année. Mais il s'agit en majorité de longs ou de courts-métrages et de documentaires. Les séries restent peu présentes sur le territoire, même si, là aussi, une progression est à noter. Denis Darroy cite ainsi le tournage au Havre de la série Mortel diffusée sur Netflix ou de Lupin qui a mis en lumière Étretat. Sans même avoir à accompagner financièrement ces tournages, les conséquences sont importantes pour le territoire. "Un tournage de ce type, pendant deux mois, apporte 500 à 700 000 euros de retombées économiques", affirme le directeur de Normandie images.
"Nous, on veut un 'Lupin'
à Rouen !"
De quoi susciter de l'envie. "Il y a un gros potentiel d'activité derrière ça", glisse-t-on dans l'entourage du président de la Région Normandie, Hervé Morin. Si elle n'est pas du même bord politique, Christine De Cintré, la présidente de Rouen Normandie tourisme et congrès -l'office de tourisme rouennais- le reconnaît : "Nous, on veut un 'Lupin' à Rouen !" Elle confie ainsi "essayer de soumettre aux différentes équipes" la possibilité de tourner dans la ville natale de Maurice Leblanc, l'auteur des livres à succès qui ont inspiré la série diffusée sur Netflix. Christine De Cintré souligne aussi "l'effet pèlerinage" qu'entraîne le tournage d'une série ou d'un film à grand succès pour le territoire.
Afin d'accompagner les réalisateurs, l'office de tourisme se mobilise. Sélection de bâtiments, mise à disposition de chambres d'hôtels et de lieux pour la restauration, "nous sommes la porte d'entrée pour le territoire", poursuit la présidente de l'office. Rouen possède de nombreux atouts que Christine De Cintré met en avant afin d'attirer les tournages : la Seine, des bâtiments de style Moyen-Âge ou des immeubles haussmanniens. "Nous mettons aussi à disposition un guide-conférencier si nécessaire", ajoute-t-elle. L'année dernière, seules deux séries ont fait l'objet de demandes auprès de la Ville de Rouen : Raido et Tchiii !!! Les longs-métrages ont été plus nombreux, avec quatre tournages dans la ville aux cent clochers : Pathétique, Héroïne, La fracture et La Vie devant toi à découvrir prochainement sur grand écran.
La carte des tournages dans l'agglo de Rouen :
"Si la priorité est mise à l'avenir sur les séries, alors nous suivrons ce choix"
Entretien avec Denis Darroy, le directeur de Normandie images, institution basée à Rouen, qui soutient la création dans la région.
Depuis 2018, Normandie images est née de la fusion du Pôle image de Haute-Normandie et de la Maison de l'image de la Basse-Normandie. L'institution, dont le siège est à Rouen, est financée par la Région Normandie et l'État. Denis Darroy en est le directeur.
Comment soutenez-vous la création
de films, de séries ou de documentaires ?
"Nous avons un fonds d'aide à la création et à la production financé par la Région Normandie et le Centre national du cinéma. Chaque année, environ 80 films sont ainsi aidés avec un record l'an dernier, où nous avons atteint 99 projets. Nous proposons aussi d'accompagner les réalisateurs ou producteurs dans l'accueil de leur tournage avec la proposition de lieux selon leurs demandes."
Comment voyez-vous les sollicitations évoluer ces dernières années ?
"Nous sommes la quatrième région, en excluant Paris, en termes du nombre d'accueil de tournages et de jours de tournages. Concernant les aides financières allouées, nous sommes plutôt en deuxième partie de tableau régional."
Les séries paraissent moins présentes dans le soutien ou le financement, pourquoi ?
"Ce sont des choix politiques sur l'enveloppe budgétaire qui nous est allouée. Si la priorité est mise à l'avenir sur les séries, alors nous suivrons. Il faut savoir où l'on met le curseur. Mais la question à se poser est de savoir, si l'aide financière augmente, est-ce que nous accueillerons alors plus de séries ? Ce n'est pas garanti car nous en accueillons déjà pas mal."
"Les repérages se font plusieurs mois à l'avance"
Rencontre avec des réalisateurs et producteurs qui ont choisi la capitale normande pour tourner leurs séries.
Il lui reste encore quelques scènes à tourner, mais la saison 2 de la série Égarement devrait être disponible, si tout va bien, d'ici l'été. "Nous avons eu du retard à cause de la situation sanitaire, nous devions normalement tourner des scènes dans une discothèque", se désole la scénariste et réalisatrice, Jessica Laurent. Pour autant, elle se réjouit du succès rencontré depuis la première saison mise en ligne il y a un an et de l'intérêt suscité auprès du public. "Nous ne nous attendions pas à avoir de si bons retours de la part de spectateurs nombreux", dit-elle avec le sourire. Une belle récompense pour un travail de longue haleine. Pour la saison 2, "une soixantaine de personnes" participent au tournage, avec un casting qui avait été organisé à Rouen. "Je suis Rouennaise depuis longtemps et attachée à ma Normandie, il était évident pour moi de tourner dans la région", souligne Jessica Laurent. Il est ainsi plus évident pour elle d'identifier les lieux où tourner, même si "les repérages se font plusieurs mois à l'avance" avec une autre personne de son équipe.
"Je suis Rouennaise, il était évident pour moi de tourner dans la région"
Mais connaître Rouen n'empêche pas de faire face aux difficultés liées aux demandes de tournage. "Il faut s'y prendre longtemps à l'avance afin de demander les autorisations de tournage auprès de la Ville par exemple, poursuit la réalisatrice. Nous avons eu aussi parfois des déconvenues avec des annulations la veille d'un tournage comme dans une piscine."
Tournages dans les transports
Autre série portée cette fois par la compagnie Trois coups, un clap et l'Almendra qui tournent depuis la fin septembre la première saison de Tchiii !!! "Nous avions envie de porter une mini-série sur le modèle de 'Caméra café' avec des personnages récurrents et des lieux de même type", expose Paul Derridj, producteur et président de la compagnie Trois coups, un clap.
Les scènes sont ainsi réalisées aux arrêts de bus et de métro, "d'où le nom de la série qui évoque le bruit des portes qui s'ouvrent et se ferment", précise Christine Lacombe, la réalisatrice. Les autorisations de tournages ont été obtenues "assez facilement" auprès de la Ville et de la TCAR afin de filmer aux arrêts des transports en commun rouennais. Quatre sessions ont déjà été réalisées et les équipes ont prévu de se retrouver à la fin février pour poursuivre le tournage. Pour la suite, Paul Derridj souhaiterait mettre en valeur le patrimoine normand : "Nous aimerions tourner dans de beaux endroits, mais les autorisations sont plus difficiles à obtenir."
En attendant, le pilote de la série sera projeté d'ici le mois d'avril, l'aboutissement d'un long travail pour la quinzaine de personnes mobilisées : "Nous avons l'écriture pour construire une mini-série qui va durer dans le temps", soutient Christine Lacombe. Reste pour eux à découvrir l'accueil du public lors de la diffusion de leur œuvre : "C'est la première fois que nous construisons ensemble une série, nous étions sur du court-métrage jusqu'à présent", explique Paul Derridj.
Ces films et séries qui ont été tournés en partie à Rouen
Rouen et son agglomération ont attiré des tournages de films et de séries connus. Tour d'horizon.
S'il y a bien un film qui a marqué Rouen, c'est le tournage du Cerveau en 1969, avec Gérard Oury comme réalisateur. Jean-Paul Belmondo, Bourvil et Gérard Hernandez ont fait partie du casting. La trace du tournage est encore visible à Barentin, avec la réplique de la statue de la Liberté qui a été utilisée dans le film et qui trône désormais sur un rond-point.
Au début des années 2000, la chaîne TF1 réalise sa mini-série Les Misérables avec Gérard Depardieu, en partie dans la capitale normande, à l'église Saint-Maclou et au palais de justice.
En 2005, nouveau film en tournage avec Selon Charlie, de la réalisatrice Nicole Garcia et avec à l'affiche Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon, Benoît Magimel et Benoît Poelvoorde. La même année, Coline Serreau tourne St Jacques… la Mecque en partie à Rouen avec Muriel Robin, Jean-Pierre Daroussin et Pascal Légitimus parmi les premiers rôles.
Flaubert pourvoyeur de films
Plus récemment, en 2014, Anne Fontaine a posé ses caméras dans le quartier de la cathédrale pour le tournage du film Gemma Bovery avec l'acteur Fabrice Luchini. D'ailleurs, l'œuvre de Gustave Flaubert a entraîné la réalisation de nombreux films dans la région ; c'était le cas, en 1991, avec Madame Bovary du réalisateur Claude Chabrol. Les caméras ont saisi des scènes avec l'actrice Isabelle Huppert dans les rues Saint-Amand et Saint-Romain.
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