Il se définit comme entrepreneur social. Il y a plus de 30 ans, Franck Renaudin a pris une décision qui allait changer sa vie. Sorti d'une grande école de commerce lilloise, le jeune diplômé travaille au service de grands groupes pendant quatre ans et puis "j'ai trouvé que la finalité [de mon travail] ne me satisfaisait pas". Il quitte ce monde pour un autre, "celui de l'entraide".
"Besoin de se recentrer"
Il part en mission à Haïti, au Bénin ou encore aux Philippines pour aider les personnes à sortir de la pauvreté. Il participe notamment à des programmes d'appui à la création de petites entreprises. "Sans faire de la charité, c'était déjà axé entrepreneuriat." C'est cette idée qui va guider la suite de ses ambitions : "Tout ça m'a permis de voir qu'on pouvait mettre ses compétences au service de causes très sociales avec un diplôme d'école de commerce." Il y a trois ans, il rentre à Rouen avec "le besoin de se recentrer", mais pas de se reposer. "Je voulais travailler sur la grande précarité chez nous." Il tombe un jour sur un article de journal qui parle des tiny houses, des chalets d'une quinzaine de mètres carrés, mobiles et faciles à construire. Franck Renaudin trouve l'idée "tout à fait adaptée pour les personnes vivant dans la rue". Il se lance dans le projet "Un toit vers l'emploi". Les deux premières maisons sont livrées début 2020. "Sur les sept occupants, quatre ont repris une activité régulière, un cinquième vient de passer des entretiens. C'est un très bon résultat." L'entrepreneur est aussi galvanisé par les histoires de vie des personnes qu'il aide : "Un de nos cinq locataires a hébergé une personne à la rue dans son chalet de 14 m2, c'est incroyable. Ça met une claque aux gens comme moi, qui ne se posent pas la question de savoir où ils vont dormir ce soir."
Sortir les gens de la rue
À 58 ans, Franck Renaudin multiplie les casquettes. Ambassadeur de l'association "La Case Départ", lieu d'accueil de jour pour les personnes à la rue qui permet d'orienter certains profils vers les tiny houses, l'entrepreneur est désormais constructeur de tiny houses. Son entreprise, La fabrik à "Yoops", du petit nom donné à ces maisons de bois, a vu sortir la première en avril 2021. Il y en aura 10 de plus à Rouen cette année. Franck Renaudin "prévoit d'ici quatre ans de construire 40 maisons par an". Ces tiny houses vont s'exporter au-delà de la métropole rouennaise, à la condition qu'elles restent toujours destinées à sortir plus de gens de la rue. Franck Renaudin y tient : "Je travaille beaucoup, mais tout ça a du sens, ça rend heureux, donc pourquoi s'en priver !"
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