"Blanquer nous méprise", pouvait-on lire sur les pancartes. "On t'emmerde", chantaient des manifestants sur l'air de Que je t'aime de Johnny Hallyday, en référence au récent langage fleuri du président de la République. Les personnels de l'Éducation nationale, du primaire, du secondaire, des chefs d'établissements, personnel de la vie scolaire et les parents d'élèves ont fait part de leur colère face à la gestion de la crise sanitaire par le Gouvernement, jeudi 13 janvier. À Rouen, ils étaient 1 200 selon la police au départ du cortège, plus de 2 000 selon les syndicats, à manifester depuis la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale jusqu'au rectorat dans la matinée.
Beaucoup étaient loin d'être des habitués des mouvements sociaux et des manifestations. "Ça fait 15 ans que j'enseigne et j'ai dû faire trois grèves, explique Sophie, chargée d'école au RPI de Baons-le-Comte - Ectot-les-Baons. En novembre, avec un cas on ferme la classe. Et là, on revient de vacances et il faut qu'on fasse trois tests aux enfants, c'est impossible à gérer."
Même sentiment pour Claire-Marie, enseignante à l'école Rosa-Parks de Rouen. "J'aime mon métier, mais je n'ai plus assez d'heures dans ma journée pour le faire bien. C'est ce protocole sanitaire, la façon dont on en prend connaissance par les médias, le manque de temps pour se préparer… Aujourd'hui, il fallait se mobiliser."
Julien, enseignant en maternelle, ne suit aussi que "rarement" les mouvements de grève. "Celle-ci me paraît primordiale, importante." Comme beaucoup, il déplore la manière dont il a appris, par les médias, les nouveaux protocoles successifs. "On ne souhaite pas la fermeture des écoles, mais on veut les moyens de travailler dans de bonnes conditions. Et les parents sont derrière nous."
Au Havre, environ 1 000 personnes se sont mobilisées en cortège, entre le Volcan et l'hôtel de ville.
Au Havre, les manifestants s'étaient donné rendez-vous près du Volcan.
Plus de matériel de protection et plus de remplaçants
Au-delà du ras-le-bol, les manifestants ont porté des revendications précises par le biais de leur syndicat. Ils souhaitent notamment du matériel de protection adapté pour les personnels et les élèves (masques FFP2, chirurgicaux, capteurs de CO2, autotests), le report des épreuves de spécialité du baccalauréat de mars à juin, le recrutement de personnels pour renforcer les vies scolaires, l'isolement des cas contacts intrafamiliaux et l'élargissement du vivier de remplaçants.
Au niveau national, la bataille de chiffres fait rage. Le ministère de l'Éducation national parle de 38,5 % d'enseignants grévistes dans les écoles, 23,7 % dans les collèges et lycée. Les principaux syndicats annoncent de leur côté respectivement 75 % et 62 %.
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